D'un autre point de vue...

CH 2

Je me réveilla de bonne heure pour aller nourrir l'abruti de paonant que j'étais obligé d'entretenir. Je dis ça mais je l'aime bien, je me suis déjà attaché à lui. Tout les matins je faisait la même chose, je remettait des grains dans la mangeoire de Lacham, je lui remettais du fourrage dans son espèce de litière qu'il n'utilisait pas de toute façon et je vérifiait si ma petite cachette d'argent était encore bien en place. Ensuite je partais dans la forêt chasser des féestiques ou plutôt en capturer. En ce moment, trouver un féestique digne de ce nom était plus important que d'habitude car, Ham-cri étant mort, il fallait que Connor se trouve un nouveau féestique pour les jeux de l'an prochain. De mon côté, tant que mon petit renard n'était pas mort, j'avais encore une chance de pouvoir le « réutiliser » l'année prochaine. Comme ma famille n'était pas pauvre, on pouvait se permettre de nourrir et entraîner un féestique toute l'année mais Connor n'avait pas le temps pour ça. Il espérait que Ham-cri gagnerait encore plus que n'importe qui, car l'élever lui avait coûté beaucoup de temps et donc une grosse somme d'argent qu'il ne pouvait se permettre de gaspiller.

Je dis au revoir à mon frère et je partis en direction de la forêt. Je fis un petit crochet par la cuisine ou je dérobais quelques miches de pain pour mon déjeuner. Ma cape bien enroulé autour de moi, je n'avais pas froid mais tous les autres villageois que je croisais était emmitouflés dans quatre ou cinq couches de fourrure. Ma cape était faite dans le poil d'un ours que j'avais chassé en hiver. Cet ours est particulier car c'est le seul à ne pas hiberner en hiver. Il a donc un pelage qui résiste à toutes les épreuves, que ce soit le froid ou le chaud.

Une fois arrivée sous la cime des arbres, je commençais à avancer à pas de loup. Les plus petits animaux ne se trouvaient pas nécessairement au beau milieu de forêt et ils pouvaient se trouver dès sa lisière. C'est là que je chasserais ce matin car de toute manière, Connor n'avait pas les moyen de s'occuper d'un féestique plus gros qu'un lapin et je me trouvais au bon endroit pour les animaux du gabarit recherché. Je m'occuperais des gros plus tard pour les vendre au marché de 18h. Je savais exactement ce que je voulais pour Connor : un petit mammifère très joueur pour lui remonter le morale car je savais que même si il ne le montrait pas, la mort de Ham-cri l'affectait bien plus que moi. Je pensais à un petit écureuil. Je ne savais pas encore quelle race mais je m'adapterai à ce que je trouverai. La seule contrainte était que ce soit un écureuil qui hiberne car une partie des jeux se déroulent en hiver, comme en ce moment. Connor et moi n'aurions que trois mois et demi pour entraîner son futur féestique donc ce serait bien que la race du féestique s'adapte bien aux climats différents car nous n'aurions pas le temps de le changer de milieu en espérant qu'il survive. Lacham avait mis deux semaines à se rendre compte que sa cage était plus grande que le petit coin dans lequel il s'était caché.

« D'ailleurs, trouver un nom sera sûrement compliqué mais ce n'est qu'un détail. »

Certains s'imaginent peut-être qu'il faut appâter les écureuil avec des noix pour les capturer mais pas du tout, c'est plutôt l'inverse. C'est eux qui forment des pistes avec les noix donc c'est eux qui nous « appâtent ». Il faut examiner le sol minutieusement jusqu'à trouver une petite coquille écrasé ou des traces de pattes. Aujourd'hui est un jour parfait pour ce type de chasse car il a neigé hier soir et donc les petites empreintes sont plus visibles et forcément récentes de ce matin ou de la nuit. L'une des choses les plus importantes est que le chasseur doit faire bien attention à ne jamais marcher sur le sol et à se déplacer silencieusement : un pas mal assuré qui ferait trop de bruit risque de faire fuir toute la faune alentour.

Je sautais d'arbre en arbre à la façon d'un écureuil pour ne pas me faire remarquer. Au moindre craquement d'écorce, tout les animaux du coin se tournerons vers moi et s'enfuiraient en courant, il fallait donc être patient et minutieux. Je repérais une petite touffe de poils brune restée accroché à un brindille d'arbre.