• 𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄 •

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Des pas retentirent dans le couloir, ils s'arrêtèrent non loin d'une horloge indiquant minuit pile. La lumière du plafonnier n'avait de cesse de grésiller, mimant les pas rapide d'un homme dans la vingtaine. 

Soudain, une porte se mit en travers de son chemin. Elle semblait si spéciale à ses yeux. Il la regardait avec envie et passion, impatient de redécouvrir ce qu'elle avait à offrir derrière elle. D'un pourpre abimé par le temps et ornée de dorures en tout genre, elle décelait en son centre une délicate fleur de lys.

L'interrupteur activé dévoila si violemment le corps inerte d'une femme, d'une jeune fille frêle aux courts cheveux brun. Affalée sur ce qui paraissait être un lit, elle était pourvue d'une pâleur cadavérique qui fit saliver celui qui l'avait attendu toute la journée.

Les joues teintées d'un rouge vif, brûlées par le changement soudain de température, elle fut accueillie par le jeune homme. 

S'approchant lentement d'elle, son cœur s'accéléra, mais elle ne laissa rien paraître face à sa grandeur monumentale. Elle paraissait si petite face à lui. Comme si elle n'était plus rien lorsqu'il était là. Comme s'il venait dévorer chaque parcelle de son existence et de son corps à chaque visite.

— Bonsoir joli cœur. annonça-t-il, le sourire aux lèvres.

Elle resta là. Immobile. Incapable d'un quelconque mouvement face à cet homme qui l'approchait. Si son corps, lui, demeurait inerte, ce n'était pas le cas de son esprit. Elle avait beau dissimuler ses réactions, il y avait quelque chose dans son regard de si particulier, comme une lueur manquante, disparue, camouflée. Elle avait ce regard vide qui criait pourtant à l'aide.

Il se frotta les mains avant de les poser fermement sur le métal glacé du lit. Dorénavant à quelques mètres de celle qu'il désirait, il resserra sa poigne, rapprochant son visage du sien. Première réaction. Premier mouvement. Seul marqueur de sa survie. Instinctivement, elle s'enfonça dans le creux de ses draps souillés. Comme pour se cacher, jouant au jeu du chat et de la souris, priant secrètement que le chat ne la trouve pas. Mais le chat l'avait trouvé.

— Je. Te. Vois. Il prononça, s'assurant de marquer une pause après chaque mot avec une intonation vicieuse.

Chacun de ses mouvements étaient accompagnés de lourds sons métalliques. Quelque chose n'allait pas. Elle avait ce regard terrifié et toutefois elle ne criait pas. Peut-être avait-elle trop hurlé par le passé, que ses cordes vocales abîmées par le temps avaient cessé de fonctionner.

Ce soir-là et comme beaucoup d'autres soirs avant celui-ci, seul le silence accompagnerait les bruits étouffants de son corps oppressant le sien dans des va-et-vient douloureusement habituels.

Elle ne se débattait plus. Elle voulait en finir et tout oublier, mais le cerveau est un cruel objet de torture. Pas une seconde de répit, impuissante face à ces souvenirs qu'elle ne pouvait effacer de sa mémoire. Elle voyait tous ces porcs dans le creux de sa tête, incapable d'oublier leurs visages, mais surtout leurs gestes. Ils l'avaient déjà tous marqué avant lui. Seulement lui avait marqué son âme avant de briser son corps.

D'un seul coup, elle stoppa ce petit jeu malsain qui semblait l'amuser plutôt que le décourager. Ses mains lâchèrent les draps et elle demeura immobile.

Elle n'était plus sauvable. Elle le savait très bien. Ils l'avaient dévoré sans rien laisser de ce qu'elle avait été un jour.

À ses yeux, elle n'était plus rien, elle n'était plus une personne à part entière, mais bel et bien un objet sexuel dépourvu d'émotions, dépourvu d'humanité.

De tout son poids, il l'écrasa. Elle eut le souffle coupé par cette emprise. Son souffle humide collant son oreille. Il commença par la déshabiller du regard. Puis décala ses longs cheveux bruns derrière son oreille. Elle détourna le regard, fixant inconsciemment son enfer, son reflet dans les miroirs qui l'entourait à chaque recoin de la pièce. Il prit son menton entre son pouce et son index et la força à le regarder droit dans les yeux.

Nothing last foreverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant