prologue

53 4 3
                                    

Dans la chaleur de l'après-midi, une douce  mélodie berçait la forêt de pins dans une ambiance chaleureuse. Elle  venait du plus vieux des arbres. Une jeune fille  était adossée à son tronc et chantait comme pour apaiser la tramontane qui tourmentait l'arbre.

Après de longues minutes à fredonner cette chanson, le vent se calma et l'adolescente reposa sa voix. Elle se leva doucement et, avec de légers mouvements, elle monta en haut du pin. Une fois au sommet, elle ferma les yeux et laissa sa voix se faire guider par les chuchotements de la forêt pour former un chant aussi animé que chaque être de ce bois. La forêt se laissa bercer par les paroles, et chaque être fut pénétré par cette mélodie tortueuse. Elle ouvrit ses grands yeux bleus sur les bois maintenant apaisés et laissa apparaître un embryon de sourire sur son visage. Soudain, une sonnerie stridente s'échappa d'un bracelet d'argent noué a son poignet droit. Elle se contenta d'appuyer sur l'un des nombreux boutons et restitua son habituel chuchotement à la forêt avant de descendre de son arbre et de regagner le sentier principal.

Elle marcha quelques minutes avant d'arriver devant une pancarte ornée de l'inscription bois de Lania, elle s'engagea sur le plus petit des sentiers et marcha de longues minutes avant d'arriver devant une falaise. En dessous, il y avait une immense ville aux maisons plus luxueuses les unes que les autres. L'adolescente observa les maisons avant d'arrêter son regard sur un manoir aux murs faits d'azurite qui se situait sur une petite colline en périphérie du centre-ville. Soudain, elle se laissa tomber. Après d'interminables  secondes de chute, elle se mit à chanter à pleins poumons pour se faire guider par les vents et atterrir sur un toit orange. Elle sauta de toits en toits , observant chaque passant jusqu'à cette colline.

Après de longues hésitations, elle rentra dans le manoir et troqua ses bottes contre de petites pantoufles bordeaux assorties à sa combinaison. Elle monta les escaliers avec ces mêmes gestes voluptueux. Les escaliers de marbre débouchaient sur un couloir exigu aux dalles noires semblables à un ciel étoilé, au fond de ce couloir siégeait une imposante porte indigo à la poignée d'or. Sur cette porte il était écrit: Isadora. Cette chambre spacieuse était entourée de larges baies vitrées. Les murs étaient recouverts de livres, il y avait même une pile haute de 50 centimètres au pied d'un lit à la structure de fer et aux draps grenat. Le seul mur apparent arborait une carte des vents qui surplombait un secrétaire d'ébène recouvert de partitions et de schémas. Dans un coin de la chambre, la photo d'une femme reposait sur une étagère. Cette femme avait les mêmes yeux qu'Isadora mais des traits plus doux ainsi qu'une chevelure doré qui lui donnait un côté beaucoup plus chaleureux que la jeune fille. 

Elle se précipita vers un petit perchoir suspendu au plafond pour aller voir Luna, son oiseau au plumage bleu roi. Luna s'accrocha sur son épaule , Isadora s'assit à son bureau et se mit à travailler sur ses partitions et divers papiers lorsque la sonnette retentit. Elle jeta un coup d'œil à la fenêtre pour apercevoir cet inopportun visiteur qui transportait plusieurs boites. Isadora descendit les escaliers sans pour autant se presser. Elle ouvrit la porte et tomba sur un vieil homme en salopette qui déposa la marchandise sans un mot. Une foi ses paquets déposé sur son lit elle défit les rubans de soie pour découvrir son uniforme de troisième année: une robe vert sapin; la couleur de son niveau; ainsi qu'une paire de bottines noires frappées d'une note de musique. La deuxième contenait  une robe longue, noire aux détails verts. Le vêtement était accompagné d'une paire d'escarpins vert eux aussi. Cette tenue extravagante était réservée aux évènements du lendemain, le jour de la cérémonie de rentrée.

Alors que les étoiles s'installaient dans le ciel, elle rangea ses paquets et se dirigea vers une porte faite d'émeraude. Elle entra dans cette splendide salle de bain. Le sol était fait de marbre et au milieu de la pièce il y avait un immense bain creusé dans le sol . Contre un mur de sarcelle, une magnifique vasque d'ardoise était enfoncée dans  le mur. L'eau coula pendant de longues minutes avant que l'adolescente y plonge. Elle défit ses tresses pour dévoiler la longueur de ses cheveux. Elle enduisit son corps d'un liquide transparent qui sentait la sève de pins. Une foi bien propre elle enfila une longue tunique de soie qui tombait en dessous de ses chevilles. Étant donné l'heure tardive, elle se glissa sous la couette et se laissa tomber dans les bras de Morphée.

La voix d'IsadoraWhere stories live. Discover now