La voix d'Isadora

1. prendre son envol

Lorsque les premiers rayons du soleil atteignirent le manoir, il devait être 5 heures du matin et Isadora s'apprêtait déjà pour la cérémonie. Elle avait enfilé sa longue robe qui mettait en valeur le bleu profond de ses yeux. Une fois ses escarpins enfilés, elle passa pas moins d'une heure à échauffer sa voix et revoir un peu les paroles de ses chansons. Elle espérait de tout son cœur que tout se passe sans accroc. 

Après tous les préparatifs elle avala une pile de pancake avant de se mettre en route. Cette fois-ci elle ne pourrait pas marcher sur les toits, avec ses talons elle risquait de trébucher.  Elle devrait marcher dans les rues parmi tous les passants. C'était la situation qu'elle détestait le plus, mais il le fallait bien. Dès qu'elle fit un pas dans les rues la foule se mit  à murmurer des commentaires qui la transperçait de toute parts. Elle aurait voulu partir loin, loin dans la forêt. Après d'interminables minutes de marche elle s'arrêta devant un immense bâtiment hexagonal qui s'étendait sur 6 étages.  Au niveau de la grande porte de cèdre se dressait 5 files d'élèves aux tenues de différentes couleurs selon les niveaux du jaune au noir en passant par le rouge. Un peu à l'écart il y avait une petite porte réservée au personnel par laquelle elle s'engouffra dans la salle de réception. Au niveau du mur principal, il y avait un estrade réservée aux annonces et aux chants. Dès qu'Isadora s'avança, la directrice la salua:

"-  Bonjour mademoiselle. Etes vous prête pour vos chants ?

- Oui madame ."

Ses cheveux bruns faisaient ressortir ses yeux ambre, assortis à sa robe bien plus sophistiquée que celle des élèves. Le silence ne dura que quelques secondes avant que parents et élèves se précipitent dans la salle. Il fallut un instant pour qu'Isadora remarque que quelqu'un l'abordait. 

"- Excuse moi, est ce que tu saurais ou se trouvent les niveaux 3?

- Juste là" répondit elle en pointant un groupe aux vêtements verts.

"- D'accord, merci" .dit il en se retournant, avant d'ajouter. "Au fait, comment tu t'appelles ?

- Isadora" reprit elle .

"- Moi c'est Jack." dit il en s'éloignant de l'estrade

Son regard était si doux. Son visage rond, ses cheveux blond vénitien et ses yeux amande resterait gravé dans son esprit.  Soudain, elle se rendit compte qu'il était l'heure pour elle de chanter le morceau d'ouverture. Elle monta lentement les marches de l'estrade pour aller se positionner au centre de la scène, sous les regards hautains de l'assemblée. De longues secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne commence à chanter une mélodie mouvementée. Une douce brise accompagna ses chants qui fut suivi d'un mistral puissant. La chanson continua comme cela pendant d'interminables secondes avant de s'arrêter sur un petit souffle. La directrice la pria de regagner les rangs, ce qu'elle fit sans broncher. L'adolescente se réfugia dans un coin de la pièce ou elle retrouva Jack, qui la félicita :

"- Tu chantes très bien tu sais .

- Merci" murmura t elle .

Madame Aylin, la directrice commença un long discours sur la motivation, l'assiduité et bien d'autres sujets. Puis s'ensuivit le moment le plus ennuyant: le bal. L'orchestre se mit à jouer une mélodie classique, et tout le monde commença a virevolter dans des bruissements de soie.  Isadora s'attendait à repartir bredouille mais Jack l'invita, il ne devait pas avoir eu vent de ses piètres talents de danseuse. Les gens tournoyaient au rythme de la musique pendant près d'une heure avant que Jack n'invite une autre partenaire; ce qui arrangeait Isadora: elle avait décidé qu'il était temps de s'éclipser. Elle passa ses jambes par la fenêtre lorsqu'une danseuse trébucha au milieu de la piste.  Elle profita de ce moment de trouble pour s'apprêter à sauter, lorsqu'elle aperçut quelqu'un qui s'approchait d'elle, un homme a l'importante carrure et la même chevelure de jais. Il l'interpella :

"- Tu t'apprêtes à partir, je suppose ?"

Elle se dégagea aussitôt pour répondre :

"- Non père je me sentais juste las.

- Je l'espère." ajouta t il en regardant autour d'eux, personne n'osait se rapprocher. Il poussa un long soupir avant de déclarer:

"- Je ne rentrerais pas avant la semaine prochaine , tâche de te tenir correctement.

- Je le ferai."  répondit elle avant de le saluer d'un signe de tête qu'il lui rendit avant de rebrousser chemin. Comme l'ambiance n'était pas déjà assez tendue madame Aylin déclara :

"- Les festivités peuvent reprendre."

Dès que tout le monde se remit à discuter autour d'un verre de champagne, elle sauta par la fenêtre,  mais quelqu'un attrapa son bras .