Chapitre 11: Problème de caisses

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Mon corset me démange sous ma robe. Ma taille est coincée par le serrage qu'a orchestré Red sous ma demande. Tout ça dans le simple but d'attirer les deux soldats en garde devant le bâtiment.

    J'ai l'impression qu'elle a pris beaucoup de plaisir à me couper le souffle.

    Je remets les plis de ma jupe en place et je jette ma petite veste dans les bras de Jack. La température de la nuit me saisit. Ma peau se couvre de chair de poule.

— Ne faites pas ça, Anna ! Vous n'êtes pas obligée.

— Vous daignez enfin reconverser avec moi !

    Jack refusait de me parler depuis que j'ai accepté de les suivre. Cette nuit, nous allons voler les caisses de vaccins qui dorment dans cet entrepôt.Nous avançons sans connaître le déroulement de notre plan. Pour le moment, l'objectif est de mettre hors d'état, les deux soldats.

— Je m'excuse, d'accord ? lâche-t-il. Je suis désolé alors s'il vous plaît, renoncez à nous aider.

— C'est trop tard, docteur. Vous auriez dû réfléchir à tout cela avant !

    J'espère que cela le torture. C'est un peu mon but. Je veux les aidez mais je veux aussi que Jack regrette de m'avoir utilisé.

    J'arrache de ses mains, la bouteille d'alcool qui nous servira d'attaque. Jack a glissé à l'intérieur beaucoup trop de doses de somnifères. Si je convaincs les deux soldats de boires, l'entrepôt sera sans surveillance pendant quelques heures.

    Je recoiffe un peu mon chignon. Les hommes ne sont pas vraiment concentrés. Je les entends rire de notre cachette. Je m'apprête à m'avancer dans la lumière des réverbères quand Jack m'arrête.

— J'interviendrais à la première seconde en cas de dérapage !

    Je ne lui dirais pas que sa réflexion me rassure. Il sera ma porte de sortie. Il est temps de rentrer dans mon personnage préféré, celui de la jeune femme désespérée. Je trottine, tenant d'une main le bas de ma robe et de l'autre la bouteille. Je fais mine d'être essoufflé quand je m'arrête juste en face des gardes. Ce n'est pas totalement faux à cause de Red. Je m'appuie sur la rambarde du port.

— Tout va bien, Miss ? me demande l'un d'eux.

    À travers le faisceau de lumière, je distingue ses yeux. Il est blond, les iris marron, comme ceux du docteur. Mais ils ne seront jamais aussi envoûtants que ceux de Jack.

— Oui ! dis-je, de ma voix aiguë. J'aurais besoin d'aide.

    Je tends la bouteille au deuxième. Il est suspicieux. Qu'est-ce qu'une femme à moitié dévêtue fait dans la nuit avec de l'alcool ? C'est louche, mais c'est tout l'intérêt de mon histoire.

— Je suis avec mon amant. Enfin, j'étais. Je me suis éclipsé pour lui offrir cet alcool. Mais je n'arrive pas à ouvrir. C'est embarrassant, voyez-vous. L'un de vous accepterait de le faire pour moi ?

    Le blond lève les yeux aux ciels. Il ricane comme si j'étais une ignare fragile. Je continue de sourire niaisement en lui fournissant la bouteille.

    Les hommes sont trop faciles à piéger. Ils sont persuadés d'être plus intelligents que nous. Mais finalement, il en faut peu pour les faire tomber.

    Il dégoupille le vin d'un simple coup de poignet. Logique, car Jack avait déjà ouvert.

— Et voilà, ma jolie !

    Si je pouvais l'écraser sous ma chaussure, je le ferrais avec plaisir.

— Pourriez-vous goûter ? Je ne connais absolument rien en alcool. Je ne voudrais pas que mon amant boive n'importe quoi ! Il est exigeant, vous savez !

Le Renard & la PrincesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant