La Rebelle

2⚡️Routine

Je me réveille à l'aube, il est exactement 5 heures du matin. Le monde est encore endormi, baigné par la lueur douce du crépuscule. Ma routine quotidienne s'apprête à reprendre son cours.

D'un geste vif, je me lève de mon lit, mes mouvements un peu brusques, presque impatients. J'attrape un short noir et un tee-shirt de sport, puis j'enfile mes chaussures de course sans perdre de temps. L'air frais du matin m'appelle, et je suis prête à me plonger dans mon entraînement quotidien.

Je commence par quelques échauffements rapides, sentant mes muscles se réveiller peu à peu. Dès que je suis suffisamment prête, je me mets à courir, mes pieds frappant le sol avec assurance. Je me dirige vers la forêt, un lieu familier où je me sens libre, loin des regards et des jugements. Chaque foulée est une libération, et bientôt, j'atteins la distance de 10 kilomètres. Essoufflée mais apaisée, je m'arrête au bord d'un ruisseau. Le bruit de l'eau qui coule doucement m'apaise, et je m'assois un instant, les yeux perdus dans la beauté tranquille du paysage qui m'entoure. La forêt est si calme, si paisible, un sanctuaire où je peux échapper à la pression de ma vie.

Mais je ne peux pas rester trop longtemps à admirer le paysage. Mon entraînement n'est pas encore terminé. Je me lève et m'enfonce un peu plus profondément dans la forêt, jusqu'à atteindre un endroit que j'ai surnommé mon "terrain de boxe". C'est ici que je m'exerce à frapper les arbres, à mains nues. Oui, c'est plutôt atypique, mais pour moi, c'est indispensable. J'ai une force surhumaine, une agilité impressionnante, une vision nocturne infaillible, et mes sens de l'ouïe et de l'odorat sont extrêmement développés. Pourtant, malgré tous ces dons, je me sens souvent impuissante, et la boxe est mon exutoire.

Les arbres ici ne sont pas de simples obstacles, ce sont mes adversaires. À chaque coup, l'écorce craque, se fend, jusqu'à ce que l'arbre cède sous mes poings. Après avoir réduit quatre arbres en morceaux, je me dirige vers mon autre défi : une immense roche qui m'attend, imposante, indestructible. Je ne peux pas continuer à abattre les arbres, je dois préserver la forêt. Alors je frappe la pierre, encore et encore. Mes poings saignent, mais je ne ressens presque rien, seulement un besoin irrépressible de continuer. Mes coups sont furieux, alimentés par la rage, l'angoisse et la frustration.

Je m'acharne sur cette roche pendant ce qui semble être des heures, jusqu'à ce que soudain quelqu'un m'interrompe.

- Eden! s'exclame une voix familière. Arrête de te faire du mal! Tu vas finir par te briser les os des mains. Viens plutôt m'aider !

Je tourne la tête et je le vois. C'est Mark, un grand brun aux yeux gris perçants. Je le reconnaîtrais entre mille. Mark est un loup, un bêta, et surtout, mon meilleur ami. En réalité, il est le seul ami que j'ai dans toute la meute.

Je me lève doucement et le rejoins. Dès que je suis à ses côtés, il passe un bras protecteur autour de mes épaules, un geste rassurant. Je garde les yeux baissés, fixant le sol, tandis que lui me scrute avec inquiétude.

- Tu es stressée ? me demande-t-il. C'est à cause de ton futur appareillage ?

- Hmm, je murmure en guise de réponse.

- Ton père devrait te laisser le temps de trouver ton âme sœur, continue-t-il doucement.

- Je laisse échapper un soupir de frustration.

- Mon père ne m'écoute jamais, Mark, et tu le sais aussi bien que moi. C'est l'Alpha, après tout !

- Et toi, tu es sa fille, Eden. Tu es forte !

Je secoue la tête.

- Forte en tant qu'humaine, peut-être. Mais je ne suis pas une louve, et c'est pour ça que tout le monde me déteste. Pour eux, je ne fais pas partie de la meute. Même pour mon père, je suis une étrangère. Il n'a jamais pu me pardonner la mort de ma mère à ma naissance. Et je suis son unique enfant.

Mark me regarde avec intensité, ses yeux gris pleins de compassion.

- Moi, je pense que tu es unique. Peut-être que tes pouvoirs sont juste en train de se développer. Peut-être qu'ils sont tellement puissants qu'il te faut plus de temps pour les maîtriser. Ça expliquerait pourquoi ils n'ont pas encore émergé.

Je souris faiblement à cette pensée réconfortante, mais je n'arrive pas à y croire.

- J'aime ta façon de penser, Mark, mais arrête de te bercer d'illusions. Je suis faible, et c'est tout. Mais merci quand même d'être là pour moi. Tu es le seul qui ne me méprise pas, le seul à me voir pour qui je suis vraiment, et pas comme cette fille qui ne devrait pas appartenir à la meute.

Mark secoue la tête doucement, comme s'il refusait d'accepter mes paroles.

- Peut-être que ton destin est différent de celui que ton père t'a tracé, Eden. Tu as quelque chose à accomplir, j'en suis sûr.

Je soupire à nouveau, envahie par mes doutes.

- J'ai peur, Mark. Peur du jugement des autres, et surtout de celui des alphas qui vont se présenter pour prendre ma main. Je suis handicapée, aucun d'eux ne voudra de moi...

Mon regard se perd dans la forêt, tandis que l'angoisse grandit dans ma poitrine. Dans moins de trois jours, le mariage aura lieu. Un destin que je n'ai pas choisi s'approche inéluctablement.