CHAPITRE 16

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"L'arbre tordu vit sa vie, l'arbre droit finit en planche." -Proverbe chinois


- Je peux la ramener, si elle veut bien.

   Jaden et Arthur se fusillent du regard. Enfin, Arthur fusille du regard Jaden. Et je suis obligée d'assister à ça, comme si j'avais trois ans et que je devais être constamment surveillée.

   Je pouffe. Ils se tournent vers moi, les sourcils froncés.

- Quoi ? s'énerve Arthur.

- Vous êtes ridicules, je rigole en tortillant le doigt devant eux. Je peux...

   Je m'interromps et approche ma main de mes yeux. C'est fascinant, la manière dont les muscles bougent sous la peau....

- Bon sang, Mélina ! On avait dit pas d'alcool.

- Menteur, je réplique. Toi tu as dit, moi je n'ai jamais accepté.

   Il jure et se tape le front. Plus loin, Morgane éclate de rire.

- Et puis, je peux me débrouiller....

   Jaden me regarde d'un air entendu qui m'exaspère particulièrement.

- Je ne rentrerai avec aucun de vous, je tranche.

  Arthur recommence sa joute verbale avec Jaden pendant que je termine la bouteille d'eau qui traînait là.

- Je m'en occupe.

   Tout le monde regarde Owen, qui lève les mains en l'air.

- Je la ramène ce soir  et je l'emmène au lycée demain. C'est sur mon chemin. Tu veux passer la soirée avec Morgane, non ?

   Il jette un coup d'œil désabusé à Jaden.

- Et puis, tu as confiance en moi.

   Arthur ne réfléchit même pas et accepte directement sa proposition. Je croise les bras.

- Je ne suis pas d'accord.

   Je sors sans les attendre, mais j'entends quand même la fin de leur conversation.

- Tu es bien gentil, aujourd'hui, remarque Arthur.

- Je veux juste que mon meilleur pote profite de la vie avant de s'en aller, explique Owen.

   Mon cœur se refroidit dès l'instant où il prononce cette vérité.

***

   Les bras croisés, je change de station radio pour la dixième fois.

- Tu comptes faire défiler toutes les stations pendant encore longtemps ? grogne Owen, agacé.

- Oui. Tu vas faire quoi ? je le provoque.

   En réponse, il éteint complètement la radio.

  L'alcool commence à redescendre, et j'ai de moins en moins envie de rire. Je le fusille du regard. Un sourire en coin étire ses lèvres.

   Des lèvres bien formées, soit dit en passant.

- Rabat-joie, je marmonne.

   Il est bientôt vingt-et-une heures et la ville est encore en mouvement. Les lumières colorées illuminent les immeubles. J'ai l'impression de voir mes photos Pinterest en 3D.

    Mes pensées dérivent vers Arthur et Morgane. Ils sont mignons, et je suis contente pour eux. Mais je ne peux m'empêcher d'être un peu jalouse de leur couple. Tout a l'air si simple entre eux. Je n'ai pas spécialement besoin d'être avec quelqu'un. D'ailleurs, tout ça me fait un peu peur. J'aimerais juste connaitre la sensation d'être aimé comme j'aime en retour.

If I can't have youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant