Une compagnie inconfortable

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— Viens, Midir.

Le garçon s'éloigna de la fenêtre. Il suivit les deux autres, en tirant sa malle.

Ils avancèrent péniblement le long du couloir en jetant des coups d'œil à travers les portes vitrées dans les compartiments devant lesquels ils passaient mais aucun n'était libre.

Dans le tout dernier wagon, ils rencontrèrent Neville Londubat, un des camarades de classe de Harry à Gryffondor. Midir observa le garçon de la tête au pied, silencieux et mal à l'aise. Le visage rond de Neville luisait de sueur sous l'effort qu'il devait faire pour traîner sa valise tout en tenant fermement de l'autre main Trevor, son crapaud qui se débattait.

— Bonjour, Harry, dit-il, le souffle court. Bonjour, Ginny... Tout est plein... Je n'arrive pas à trouver de place...

— Qu'est-ce que tu racontes, répliqua Ginny qui s'était faufilée devant lui pour regarder dans le compartiment suivant. Celui-là est libre, il n'y a que Luna Lovegood là-dedans.

Neville marmonna quelque chose qui signifiait qu'il ne voulait déranger personne.

— Ne sois pas stupide, s'exclama Ginny en éclatant de rire. Elle est très gentille, Luna.

Ginny fit coulisser la porte du compartiment et tira sa valise à l'intérieur. Harry et Neville la suivirent. Midir resta un peu en retrait. Il jeta un coup d'œil dans le compartiment.

— Salut, Luna, dit Ginny. On peut s'installer ici ?

La jeune fille assise près de la fenêtre leva les yeux vers eux. Elle avait des cheveux blonds, sales et emmêlés qui lui tombaient jusqu'à la taille, des sourcils très clairs et des yeux protubérants qui lui donnaient sans cesse l'air surpris. Elle avait collé sa baguette magique sur son oreille gauche et qu'elle portait un collier constitué de bouchons de Bièraubeurre.  Elle était en train de lire un magazine en le tenant à l'envers. Midir fronça des sourcils, perplexe.

Luna posa son regard sur Neville pour aller se poser ensuite sur Harry. Elle fixa d'un coup Midir qui recula dans le couloir comme s'il voulait se cacher de ces yeux interrogateurs.

— Merci, dit Ginny avec un sourire. Midir ? Viens.

Elle dut ressortir et tirer Midir à l'intérieur. Il marmonna quelque chose en vieux celtes, n'appréciant pas d'être ainsi tirer.

Harry et Neville hissèrent les quatre valises et la cage d'Hedwige dans le filet à bagages puis s'assirent. Luna les observait par-dessus son magazine qu'elle tenait toujours à l'envers et qui avait pour titre Le Chicaneur. Apparemment, elle n'éprouvait pas le besoin de cligner des yeux aussi souvent que les humains normaux. Elle contemplait fixement Midir qui s'était assis à coté de Harry en face d'elle.

— Tu as passé de bonnes vacances, Luna ? demanda Ginny.

— Oui, répondit Luna d'un air rêveur sans quitter Midir des yeux. Oui, je me suis bien amusée. Toi, tu t'appelles Harry Potter, ajouta-t-elle soudainement en fixant cette fois Harry.

— Je sais, répliqua ce dernier.

Neville pouffa de rire. Luna tourna vers lui ses yeux pâles.

— Et toi, je ne sais pas qui tu es.

— Moi, je ne suis personne, répondit aussitôt Neville.

— Ce n'est pas vrai, dit Ginny d'un ton brusque. Neville Londubat – Luna Lovegood. Luna est en même année que moi, mais à Serdaigle.

— Tout homme s'enrichit quand abonde l'esprit, dit Luna d'une voix chantante.

Elle se retourna vers Midir qui la fixait aussi. Ginny toussa, tout en jetant un coup d'oreille vers Midir. Luna ne semblait pas perturbé par le regard froid du garçon. Elle leva son magazine pour se cacher le visage. Harry et Neville échangèrent un regard, les sourcils levés. Midir croisa ses bras et continua de fixer Luna.

Le Prince d'AzkabanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant