Le Sang des Déchus - Tome 2 : Traîtres [Terminé]

Chapitre 1 - Lysange Domont [2/3]

Avant que Lysange ne réagisse, celui qui paraissait être le meneur de ce groupe, saisit le jeune homme par sa tunique élimée et le plaqua violemment contre le tronc le plus proche. Approchant son visage du sien, il lui hurla, tentant certainement de l'impressionner, en lui postillonnant au visage :

« Tu vas arrêter ce petit jeu et nous répondre, maintenant ! On va arriver à court de patience !

Les doigts de Lysange relâchèrent la corde de son arc sans qu'elle ne s'en aperçoive réellement. Sa flèche fusa et se planta dans le dos de celui qui menaçait le rouquin aux yeux turquoises. Dans un grognement, il vacilla, s'écroulant à moitié en relâchant le jeune homme.
La jeune fille lâcha un juron entre ses dents. Elle avait agi par instinct et son tir avait révélé sa présence ainsi que sa position or, ces pillards ne semblaient pas du genre à tolérer une attaque contre eux.
Repassant prestement son arc dans son dos, elle s'élança entre les arbres, allant pour fuir, mais elle ne parcourut que quelques mètres avant d'être brutalement fauchée par une lourde masse qui s'abattit sur elle en la plaquant à terre. Tout l'oxygène fut expulsé de ses poumons et un voile rouge tomba sur sa vision alors qu'elle se rapprochait dangereusement de l'inconscience après ce choc.
D'une solide poigne, on la saisit par ses cheveux courts et, tirant, on la redressant sans aucun ménagement. Dans des grognements douloureux, elle tenta de se débattre faiblement mais elle restait une adolescente de dix-sept ans, sonnée qui plus était, face à un homme adulte à la forte musculature galbée et elle ne put résister.
Sans la moindre douceur, on la traîna vers le reste du groupe, où le blessé retirait la flèche qui l'avait touché, aidé par l'un de ses camarades, pendant que le dernier maintenait le rouquin contre un arbre, le tenant en respect de sa courte lame.
Soulevant presque Lysange du sol, l'homme lança à ses compagnons d'un ton satisfait :

- Eh les gars, regardez ce que j'ai trouvé !

- Une gamine ? C'est une gamine qui m'a blessé ? S'énerva le meneur en se redressant avant de se tourner vers le rouquin en raillant, t'as pas trouvé plus impressionnant comme allié ?

- Tu crois vraiment qu'elle est là pour le défendre ? Regarde la.

Ricana l'homme qui tenait Lysange avec un ton goguenard et libidineux, qui ne laissait planer que peu de toutes sur ses insinuations. Partageant son avis, ses camarades lui répondirent de rires gras et concupiscents.
Malgré son état proche de la semi-conscience, Lysange perçut des regards lubriques parcourir son corps en la déshabillant. Ces yeux lui faisaient l'effet de langues visqueuses remontant sur sa peau mais son dégoût augmenta violemment lorsque ce furent des mains qui se posèrent sur elle.
Le son d'un pantalon qu'on défit la réveilla enfin totalement. Paniquant, elle s'agita, cherchant à s'arracher aux intentions de ses agresseurs, en vain.
Les poings, celle sur sa chevelure que la maintenait et celles qui serraient sa poitrine, se relâchèrent soudainement alors qu'un liquide chaud lui éclaboussait le visage. Le son mou d'un corps s'affaissant à terre et de quelque chose y rebondissant parut résonner dans le silence soudainement assourdissant de la forêt.
Choquée, Lysange fixait les corps des deux hommes qui s'en prenaient à elle gisant au sol à au moins un mètre chacun de leur tête respective alors que la mousse épaisse se gorgeait de sang en se colorant de rouge, peinant à comprendre. Son regard se posa ensuite sur le jeune homme roux, qui brandissait une étrange double lame maculée de sang qui venait très probablement de la sauver pourtant, il n'arborait aucune arme il y avait quelques minutes.
Se reprenant en se détournant des cadavres décapités de leurs deux compagnons, les deux autres pillards survivants se jetèrent sur le rouquin, qui les repoussa en faisant tournoyer son arme si particulière.
Réagissant à son tour malgré les tremblements qui agitaient ses membres, Lysange sortit une flèche de son carquois et bondit sur le dos d'un des pillards, qui ne se préoccupaient plus d'elle. S'agrippant à ses épaules avant qu'il ne rue et se débarrasse d'elle, elle enfonça la pointe de sa flèche dans la jugulaire de l'homme, qui émit des gargouillements alors que le sang jaillissait.
Le lâchant, Lysange chuta au sol où elle resta à moitié allongée, redressée sur ses coudes, le poing serré autour de sa flèche ensanglantée.
A une vitesse bien supérieure à celle d'un humain, le jeune homme brisa la garde de son adversaire d'un simple mouvement et lui transperça la poitrine de sa lame.
En quelques minutes, il ne restait des pillards que quatre cadavres qui arrosaient les racines de leur sang. Lysange peinait à réaliser ce qu'il venait de se passer mais elle se sentait néanmoins soulagée de ne plus être menacée par ces hommes aux bas instincts et également surprise d'avoir été sauvée par ce mystérieux guerrier cependant, peut-être n'était-il pas un sauveur.
Il pointa subitement l'une des deux extrémités effilées de son arme rougie sur Lysange, le regard dur. Se raidissant, la jeune fille raffermit sa prise autour de sa flèche, se demandant si elle devait encore se battre pour sa vie.
Tentant de déterminer ses intentions à son égard, elle le détailla, le cœur encore affolé. Il semblait plus âgé qu'elle de quelques années et également plus grand de plusieurs centimètres, avec une musculature noueuse dessinée sous son épiderme clair. D'après ses vêtements usés et les feuilles qui parsemaient sa longue chevelure d'un roux flamboyant réunie en une tresse lâche, il évoluait quotidiennement dans la forêt. Ses traits fins et ses yeux de chat turquoises, qui examinaient Lysange, le dotaient d'un charme que la jeune fille n'avait jamais rencontré ailleurs, même si toutes ses connaissances se limitaient aux habitants du manoir.