𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟭

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Jeanne ouvrit les yeux lentement, ses paupières encore lourdes d'une nuit trop courte, perturbée par l'étrangeté de sa nouvelle chambre

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Jeanne ouvrit les yeux lentement, ses paupières encore lourdes d'une nuit trop courte, perturbée par l'étrangeté de sa nouvelle chambre. Les murs étaient nus, le lit encore décalé, les cartons de déménagement empilés dans un coin. Tout semblait à la fois neuf et inconnu, et elle avait du mal à s'habituer à cet environnement. Elle n'avait pas encore eu le temps de vraiment s'approprier cet espace, d'y ajouter des touches personnelles qui rendraient la pièce plus chaleureuse, plus elle.

Le silence qui régnait dans la maison était pesant. Jeanne se redressa et jeta un coup d'œil à travers la fenêtre. Le soleil pointait à peine à l'horizon, inondant la chambre d'une lumière douce et rosée. La rue en contrebas, bordée d'arbres encore verts en cette fin d'été, était calme. Il n'y avait pas encore de mouvement, pas de voitures, pas de voisins dehors. C'était une petite ville, bien différente de celle où ils habitaient avant. Ici, tout semblait plus lent, plus pesant. Elle ne savait pas encore si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Elle s'étira longuement avant de sortir de son lit. Le parquet sous ses pieds nus grinça légèrement, ce qui lui arracha un sourire. Un détail presque rassurant dans cette maison encore inconnue. Elle se dirigea vers la porte, attrapa un vieux pull jeté négligemment sur une chaise, l'enfila et descendit les escaliers en bois sombre, leurs marches usées par le temps. Elle entendit un léger bruit provenant du sous-sol, le genre de grondement sourd qui n'annonçait rien de bon. Probablement son père, déjà à l'œuvre sur quelque projet mystérieux dont il n'avait jamais l'habitude de parler.

En bas, Chris l'attendait. Son frère aîné était assis sur l'escalier, la tête penchée sur une feuille. Il fronça légèrement les sourcils en la voyant arriver, comme il le faisait toujours, mais ce matin, son geste était accompagné d'une certaine tendresse. Sans un mot, il se leva, s'approcha d'elle, et lui déposa un baiser rapide sur le front avant de repartir vers le sous-sol.

« Papa est en bas ? » demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponse.

Chris hocha la tête sans dire un mot et disparut dans les escaliers menant à la cave. Jeanne soupira doucement en le regardant descendre. Depuis quelque temps, Chris passait de plus en plus de temps avec leur père. Une habitude qu'elle avait du mal à comprendre. Leur père, Gérard, était un homme secret, renfermé, qui n'exprimait que rarement ses émotions. Il pouvait rester des heures dans le sous-sol, bricolant ou faisant Dieu sait quoi, sans jamais échanger un mot avec le reste de la famille. Une distance physique, mais aussi émotionnelle, s'était installée entre eux depuis longtemps. Jeanne l'avait acceptée, mais Chris semblait déterminé à se rapprocher de lui, à trouver un lien qu'elle, pour sa part, avait abandonné depuis longtemps.

Jeanne se détourna de la porte du sous-sol et se dirigea vers la cuisine. L'odeur du café fraîchement préparé flottait dans l'air, mêlée à celle des toasts grillés. Sa mère, Ariane, était déjà debout, affairée à préparer le petit déjeuner. C'était une habitude qu'elle avait depuis toujours. Le matin, elle se levait avant tout le monde, prenait un moment pour elle, puis s'occupait de la maison, comme si tout devait être parfait avant que la journée ne commence. Jeanne observa sa mère un instant. Ariane semblait toujours aussi impeccable, ses cheveux soigneusement attachés en un chignon parfait, son maquillage léger mais appliqué avec soin. Pourtant, il y avait quelque chose dans ses gestes, une lenteur, une lassitude qui trahissait la fatigue accumulée au fil des années.

𝗟𝗼𝘃𝗲 𝗹𝗲𝗮𝗱𝘀 𝘁𝗼 𝗱𝗲𝗮𝘁𝗵¹ ━  𝗗𝗲𝘂𝗰𝗮𝗹𝗶𝗼𝗻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant