Chapitre 1

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Trois jours plus tard...

Je pense que je n'aurai jamais de chance dans ma vie. Juste au moment où j'essaie de prendre un nouveau départ pour réaliser le rêve de mon frère, même s'il n'est plus là, ma voiture, enfin plutôt la sienne, me joue des tours. Le garagiste m'a expliqué qu'il y avait un problème avec le système de refroidissement et que les pièces mettraient longtemps à arriver.

- Combien de temps exactement ? ai-je demandé, paniquée.

-Minimum 25 jours. La voiture est ancienne et les composants proviennent de loin.

J'ai envie de pleurer, mais je me retiens et essaie de trouver une solution dans ma tête, en vain. Je n'ai pas assez d'argent pour payer un hôtel et rester ici un mois. J'ai utilisé tout ce qui me restait avant de partir. Peut-être pourrais-je tenir une semaine, mais pas 25 jours. Et dire que je devais arrivée dans deux jours dans la ville où mon frère et moi avions tant rêvé de vivre. J'avais trouvé une maison d'hôte gratuite en échange de quelques services, puis j'aurais trouvé un travail, économisé et visité tous les endroits où nous voulions aller une fois échappés à nos parents. Il voulait surtout aller dans cette ville pour participer au grand concours de surf, c'était sa passion, il vivait pour ça.

- Vous allez bien, jeune fille ? m'interrompt-il dans mes pensées, et je lui réponds froidement, sans le vouloir.

- Y a-t-il d'autres options ? Je sais qu'il n'y en a probablement pas, mais je crois que j'espère un peu qu'il me dise oui.

- Si vous ne réparez pas, la voiture sera morte dans trois jours.

D'accord, je crois que je n'ai pas le choix ! Je lui adresse un grand sourire qui ressemble probablement plus à une grimace.

Comment vais-je faire ?

- Je suis désolé, vu vos valises, ce n'était pas dans vos projets de rester ici ?

- Je n'ai pas assez d'argent, pour le temps de la réparation, mais je vais bien trouver une solution. Au revoir. Je me retourne, ne voulant pas voir la peine dans ses yeux. Trop de gens ont été tristes pour moi auparavant, et je déteste cette sensation.

- Attendez ! Et voilà, comme je le pensais, il est désolé pour moi et veut maintenant m'aider ? Je me tourne et le regarde avec interrogation.

-Écoutez, ma fille Jessica travaille dans le bar juste à côté. Elle m'a dit qu'ils recherchaient du personnel.

- Merci beaucoup. Je souris timidement.

-C'est normal. Je vous laisse récupérer vos affaires.

Après avoir sorti ma valise et mes deux sacs de la voiture, je cherche le café en question sur mon téléphone. Il se trouve à cinq minutes à pied, et heureusement, ma valise est super lourde. Puis des souvenirs de mes parents qui me claquent la porte au nez avec ces fameuse valises me reviennent en mémoire.

3 jours plus tôt dans le bureau du proviseur

Je ne vois plus rien, n'entends plus rien, tous mes sens sont à l'arrêt à cet instant. J'ai l'impression que mon cœur s'est arrêté, mon souffle est beaucoup trop faible pour pouvoir respirer normalement.

- Jeune fille, vous m'avez comprise, vous devez vous rendre à l'hôpital tout de suite, vos parents vous attendent à l'extérieur, dit le directeur sans aucune empathie.

J'hoche la tête et lui tourne le dos sans rien dire. En marchant jusqu'au parking, j'ai la sensation que mes jambes vont me lâcher. Mais une voix me fait sortir de mes pensées.

- Oriana, alors, il voulait quoi le vieux ? lance Zoé, essoufflée d'avoir couru pour me rattraper.

Je plaque un faux sourire et réponds comme si j'étais la plus heureuse du monde :

- C'était pour me prévenir que mes parents m'attendaient dehors. Ils me font une surprise, j'imagine qu'on va encore quelque part.

- Allez, je parie sur New York, dans le nouvel hôtel qui vient d'ouvrir il n'y a pas longtemps.

- Oui, sûrement, et t'inquiète, je te ramènerai un souvenir.

- Tu as intérêt, oui ! Zoé regarde derrière moi et fixe mes parents, alors avant qu'elle ne se doute de quelque chose, je coupe court à notre conversation sur le super week-end qui ne se passera jamais.

- Bon, je te laisse, à la semaine prochaine. On se fait une accolade et on se sépare chacune de notre côté. Mais je suis plutôt fière de moi, elle m'a crue.

Je monte à l'intérieur de la voiture, regardant mes parents avec froideur, mais je baisse vite le visage car je vois tellement de haine envers moi dans leurs yeux, plus qu'avant ! Ma tête, pendant tout le trajet, est comme enveloppée dans un nuage de brouillard, je ne pense à rien, plus aucune émotion ne me traverse.
Une fois arrivée, je n'arrive toujours pas à sortir de ma bulle jusqu'au moment où je me retrouve devant la chambre 44. Je ne sais pas comment je suis arrivée ici, tellement l'image de son corps inerte était dans ma tête.

Oriana, souffle et prends ton courage !

J'ai peur !

J'ouvre la porte et là, j'ai senti mon cœur se détacher de moi. Je regarde son visage, son corps, ses yeux fermés. Je m'écroule par terre tellement j'ai mal, je n'ai jamais ressenti une douleur aussi puissante que celle que je suis en train de vivre. Comment vais-je faire sans lui ? Et puis là, tous nos souvenirs avec mon frère me reviennent en tête et des larmes commencent à couler, et au fur et à mesure, ça devient un sanglot.

Une heure après, je suis sortie car il n'y avait plus le droit aux visites, ce qui veut dire que je dois rentrer chez moi. J'ai peur, plus je m'approche de la maison, plus mon cœur bat de plus en plus fort. Même après son accident, mes parents ne sont pas restés, je sais que notre relation est inexistante depuis déjà un an mais quand même. Leur fils ne respire qu'à l'aide d'une machine et sans elle, il ne serait même plus en vie, et pourtant, ils ne restent pas. Je monte les marches et ouvre la porte, distinguant une valise au bord de celle-ci.

- Papa ? Maman ? pourquoi il y a -

Je reçois une grosse gifle de la part de ma mère, ce qui me coupe la parole et me fait reculer en même temps. J'ai les yeux grands ouverts, abasourdie par ce qui vient de se passer.

- On ne veut plus te voir sous notre toit, tu l'as tué Oriana, hurle-t-elle les larmes aux yeux. Tu n'aurais jamais dû l'appeler alors qu'il était sur la route.

Et là je comprends tout.

Il est condamné à cause de moi.

Trois jours plus tard

Je sors de mes pensées, essoufflée d'avoir marché avec ces valises, et je remarque le bar qui est déjà ouvert. C'est magnifique, L'endroit baigne dans une pénombre accueillante, seulement éclairée par des néons rouges et roses qui lançaient des éclats de lumière sur les murs en briques noires. À travers les grandes baies vitrées, on peu deviner un lac scintillant rempli de fleurs, mais ici, dedans, c'était une toute autre ambiance. Le long comptoir en bois sombre était bordé de tabourets en cuir, leurs reflets métalliques attrapant la lumière douce..

Je crois être la seule personne ici, mais en même temps, qui vient dans un bar à 16h de l'après-midi ?Je ressens du stress en étant ici. Que vais-je leur dire ? Que je postule car j'ai été chassée de chez moi et que ma voiture est en panne, donc je dois rester 25 jours mais que je n'ai pas  d'argent ? Même si j'étais acceptée, où vivrais-je en attendant ? Il faudra aussi que je paie les réparations. Qui sait si je serai acceptée ? Qui voudrait travailler avec quelqu'un comme moi ?

- Bonjour, vous cherchez quelque chose ? Une fille brune à peu près de mon âge m'aborde, ce qui me fait réaliser que je suis restée debout à observer les lieux pendant plusieurs minutes.

- Bonjour, on m'a dit que vous recherchiez une serveuse ?

- Oh oui, toujours, le patron va être ravi. Elle me sourit et part chercher le patron.

Je prends une grande inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. J'observe les néons colorés et les reflets tamisés sur les murs en briques, essayant de me détendre en attendant son retour. Quelques instants plus tard, un homme d'âge moyen, avec un sourire chaleureux et un regard curieux, s'approche de moi.

Entre ombres et lumièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant