Chapitre 6-

18 3 0
                                    

Trois ans plus tôt:

- Tu as prévu de quoi manger ? Parce que je vais bientôt tomber d'inanition ?

- Qu'importe je te porterai.

Je grognai dans ma barbe. Bah bien sûr, quelle évidence. Je changeai de position. J'avais passé le reste de la nuit, attachée à l'arbre, ne pouvant faire que très peu de mouvements.

Une panique commençait à envahir mon corps. J'avais été capturée un paquet de fois, durant l'année écoulée, par des gardes royaux, et même parfois par des mercenaires solitaires. Mais jamais je n'aurai pensé avoir le Sabreur sur le dos. Sa simple présence semblait glacer les environs. Il était fort, rapide et malin. Autrement dit, pour la première fois de ma vie, je doutais de pouvoir m'échapper à temps. Je n'avais que sept jours devant moi. Dont deux en forêt, où nous nous trouvions. Les cinq derniers, nous aurons abouti en plein territoire d'Arendhel et la, la foule des villages et des petites villes pourraient peut être me permettre de m'enfuir, mais c'était sans compter les gardes qui allaient pulluler à chaque coin de rues. 

- En route.

Ses mots glacials et sans vie me rendaient nerveuse. Aucune chaleur, aucune once d'humanité. Je grommelai dans ma barbe.

- Et comment je fais, attachée comme je suis, le génie ?

La seconde qui suivit, un léger sifflement se fit entendre. Simultanément, je sentis mes liens se détacher. Méfiante, je tirai légèrement sur mes mains, montant mes bras vers la ciel. La corde autour de moi se desserra sans trop de résistance.

- Comment a tu..., commençai je en levant les yeux.

- En route, me coupa t'il sans même me regarder.

Mon regard tomba sur la petite dague fichée au dessus de mon épaule. Plantée en plein centre des quelques millimètres que présentaient la corde. Sans même réfléchir, je l'empochais tout en me levant. Son maniement des armes étaient redoutables et pas seulement aux sabres. Je l'observai à la dérobée. Je ne voyais que son large dos couvert par sa cape.

Sur mes gardes, je plissai les yeux pour concentrer mon regard. C'était moi et une étrange volute de fumée venait de se dissoudre sous mes yeux ? Juste au niveau de sa ceinture... Je me passai une main sur le visage. J'avais besoin de sommeil. Ce n'était pas avec des nuits pareilles que j'allai récupérer. Et encore moins pouvoir m'enfuir. Nous nous mîmes en marche, en silence.

Trente minutes plus tard, nous étions toujours en train de marcher. Mon ventre me faisait mal mais j'endurais en silence. Me plaindre ne nous avancerait à rien. Le Sabreur était bien trop proche pour que je puisse penser à détaler en courant.

Ma main se leva et cueillit une fleur rouge qui tombaient des arbres. Je la fis rouler entre mes doigts, pensive. Ou m'enfuir, dans la forêt ou dans les villes ? Je pouvais me débrouiller en forêt mais jamais je ne pourrai survivre avec qui plus est, le mercenaire le plus redoutable des sept royaumes... Je décidai ainsi de tenter mon évasion au premier village rencontré. De cette façon, peut être ses soupirons s'endormir...

Mes pensées furent coupées court quand ma fatigue me rattrapa. Mon pieds se prit dans une racine. Je lis une seconde de trop a m'en rendre compte. Je trébuchais sur le côté. Aussitôt, une main forte m'agrippa le bras. Me ramenant contre lui, le Sabreur émit un sifflement désapprobateur. Je levai deux mains en l'air en signe de paix.

- Ça va, j'ai simplement trébuché, pestai je. Je ne cherchais pas à m'enfuir !

- Tu ne me feras pas croire que l'idée n'est pas déjà dans ta tête.

- Je n'ai jamais dit ça.

D'un mouvement brusque du bras, j'écartai sa main. Étonnamment il la retira aussitôt. Nous continuâmes à marcher, lui toujours aussi furtivement et moi d'un pas plus rageur. Comment allai je pouvoir m'enfuir si ce gars avait des yeux derrière la tête et des réflexes surnaturels ?

Les Sabres de fumée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant