Détermination

L'autre Chat Noir

Luka pensait connaître son quartier à la perfection, mais en suivant son amoureuse cosmique pendant même pas deux minutes de marche, il s'était retrouvé dans une ruelle inconnue. La gothique les emmenait dans des ruelles, prenant de multiples détours, et après cinq minutes de marche, ils se retrouvaient dans une rue qui lui était totalement étrangère. Il jeta un regard à Marinette et vit qu'elle était aussi perdue que lui.

Au début, Luka n'avait pas compris pourquoi Adrien avait insisté pour que ce soit Chat Noir qui chante sa chanson. Cela n'avait pas de sens puisque Adrien était Chat Noir. Mais après un moment de réflexion, il pensa avoir compris. Il en arriva à la conclusion qu'Adrien voulait chanter sous sa forme héroïque, surtout que cela allait être diffusé en direct sur le Lady Bug. Il aurait demandé à Death de faire diversion pour lui permettre de se transformer et justifier la présence de Chat Noir.

La Mort les invita à entrer dans son appartement. Le jeune rockeur fut quelque peu déçu. L'antre de la Mort était un petit trois-pièces des plus banals. La décoration était d'une simplicité extrême. La pièce de vie était dépouillée de tout superflu. Pas de TV, juste une table, une commode et une petite bibliothèque. Il y avait aussi une table basse avec un bocal contenant deux poissons. Bref, un appartement typique d'étudiante sans le sou.

Comme si elle lisait dans ses pensées, la Mort se glissa dans son dos et lui susurra à l'oreille :
— Déçu ?
Luka eut un petit sursaut.
— Je ne sais pas. Je m'attendais à quelque chose de plus impressionnant.
— Et tu t'attendais à quoi ? Au Styx, peut-être, et à Charon avec sa barque prêt à réclamer deux pièces pour te conduire aux Champs-Élysées ? Je suis l'étape juste avant. J'accueille et je conduis les âmes où elles doivent aller.

Il vit que Marinette avait tout entendu de leur échange et semblait interloquée. La pauvre devait être mal à l'aise, elle qui aimait tout comprendre et contrôler. Peu importe, pour la première fois depuis qu'il la connaissait, les besoins de Marinette n'étaient pas prioritaires.
— Cela ne doit pas être facile tous les jours, dit Luka.
— Pas vraiment. À une époque, c'est vrai que j'avais le sentiment de faire le boulot le plus dur du monde. La naissance est plutôt un moment joyeux, mais la mort, c'est autre chose. Les gens sont souvent effrayés ou pas prêts. C'est pour ça qu'il est important qu'ils soient accueillis comme il faut. Parfois, un mot, un moment de douceur facilite les choses. Alors ne me plains pas, car tu sais, ce n'est pas donné à tout le monde de faire un métier qui lui plaît.

Luka poussa un soupir.
— Meuf, essaie de ne pas être aussi géniale. J'avais déjà placé la barre haut avec Marinette, au point qu'il a fallu qu'une déesse croise mon chemin pour que j'oublie ma frustration. Pense un peu à moi, bon sang. Comment vais-je faire après la fin de cet été ? Je vais forcément comparer l'autre fille à toi. Et je doute que cela soit à leur avantage.

Toute entité cosmique qu'elle était, la Mort restait une femme, et toutes les femmes aiment être flattées à des degrés divers.
— Hélas, les relations entre nous et les mortels ne se terminent jamais bien lorsqu'elles durent.
— Je ne rabaisserai pas la Mort à n'être qu'un coup d'un soir, soupira Luka, l'air résigné.
— Dans ce genre de situation, le mieux est de prendre exemple sur mon frère, le Désir, et de vivre l'instant présent.
— Pas faux. Enfin, je suppose.

Marinette avait assisté à cet échange et ne savait pas trop quoi en penser. En vérité, elle était contente que Luka ait trouvé une nouvelle copine, mais en même temps, sans aller jusqu'à dire qu'elle n'avait pas toute sa tête, elle était plutôt spéciale. D'un autre côté, elle voyait bien qu'il y avait une alchimie innée entre eux et espérait que leur idylle dure plus d'un été, malgré le fait que Luka ne soit qu'un vulgaire mortel. Même si elle n'était pas sûre de comprendre cette partie de la conversation sur la mort et les dieux.