La chanson

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Luka, bien qu'il ait été préparé, accusa le coup de voir Chat Noir et Adrien au même endroit. Cela faisait bizarre et, en dépit des explications que lui avait données sa petite amie, il peinait à comprendre ce paradoxe. En tout cas, le jeune mannequin ne semblait guère surpris de se retrouver face à une autre version de lui-même. Tout cela était si perturbant.

Adrien avait dû percevoir son trouble, car il vint s'asseoir à côté de lui.

« Cadeau, fit-il en lui tendant une boîte de préservatifs. »

Luka écarquilla les yeux, surpris par l'étrange initiative du mannequin. Ce n'était pas le genre de blague qu'un être aussi candide que lui ferait d'ordinaire.

« T'es bizarre depuis tout à l'heure. »

« C'est parce que j'ai récemment perdu mon innocence. Allez, prends ! Sans vouloir te vexer, je préférerais éviter d'être oncle. »

Luka prit la boîte avec un sourire.

« Je pensais que tu étais enfant unique. »

« Je le suis. Mais, disons que là où l'on va après notre mort varie en fonction des individus : cela peut être le paradis, l'enfer, le néant ou la réincarnation. Moi, je vais devenir l'incarnation du concept de la destruction. »

« Ce Chat Noir est donc une version de toi dans le futur. »

« Pas tout à fait. Mais c'est quand même une façon simplifiée de présenter les choses. Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas sûr d'avoir moi-même tout compris. »

« Eh bien, dis toujours, cela m'éclairera. »

« Voilà ce que j'ai compris. Les êtres incarnant un des sept grands concepts ne perçoivent pas le temps comme nous. Prends Death, qui incarne la mort. Penses-tu que parce qu'elle est ici avec nous, plus personne ne meurt ? Bien sûr que non. En cet instant, elle est en cent neuf endroits différents afin d'accompagner cent neuf personnes dans leur dernier voyage. Et encore, c'est un euphémisme, car mon exemple ne prend en compte que l'humanité. Elle est aussi présente dans les abattoirs et les forêts, où les animaux, les insectes et les végétaux meurent. Ce que j'essaye de t'expliquer, c'est qu'elle est présente en tous lieux où un être vivant meurt, peu importe l'époque. Pour elle, le passé, le présent et l'avenir forment un tout dans lequel elle peut se déplacer librement. »

« Mais, de manière simplifiée, cela reste juste si je dis que c'est le Chat Noir du futur. »

« D'une certaine façon, oui. Il est destruction des infinis, il n'est ni Adrien Agreste ni Chat Noir, mais il l'a été du temps où il était humain. »

« Tu compliques les choses. Cela revient à la même chose, non ? »

« Pas tout à fait. Quand je mourrai et que je deviendrai un infini, j'hériterai des dix milliards d'années de souvenirs de mon prédécesseur, autant dire qu'il ne restera plus grand-chose de celui que j'étais. Il est donc mon moi du futur sans vraiment l'être. »

« Et cela ne t'effraie pas ? »

Adrien soupira.

« J'ai toujours pensé qu'il n'y avait rien d'autre que le néant après la mort. Cela me terrorisait lorsque j'étais plus jeune. Cela ne change pas grand-chose pour moi. De toute façon, je ne peux rien y changer, alors autant profiter autant que je le peux de ma vie d'humain. »

Luka sentit soudain quelque chose changer dans la mélodie des cœurs qui émanait de ses amis. Les musiques disparates s'unirent en un chœur ressemblant à un cantique plein d'une dévotion fanatique. Luka ne tarda pas à repérer la source de ce changement.

Tous les regards étaient tournés vers un homme – à moins qu'il ne s'agisse d'une femme – magnifique aux traits androgynes. Tous semblaient être tombés sous le charme de ce magnifique inconnu.

« Qui est-ce ? » demanda Luka.

« Je ne l'ai jamais rencontré, mais je pense savoir de qui il s'agit. »

De toutes les personnes présentes, seuls Adrien et Luka semblaient être résilients au charme de l'étranger. Adrien se leva, l'air irrité, et lui empoigna les cheveux de façon à ce qu'ils lèvent le regard vers lui et que leurs regards se croisent.

« Toi. Tu es celui qui me pourrit la vie depuis Cœur de Pierre. »

« Hum... Possible. Je suis la perte et la souffrance de bien des gens. C'est dans ma nature. Je suis le désir. »

« Laisse mes amis tranquilles. »

« Et si je refuse ? »

« Je suis sûr que tu sais que je suis du genre impulsif. Le genre à cataclysme sans réfléchir ou à faire couler le sang de la famille sans me soucier des conséquences. Maintenant, je te laisse juge de la pertinence de me piquer la vedette alors que je suis sur le point de chanter une sérénade à ma Lady. »

« Bon, ça va. »

Adrien lui lâcha les cheveux. Et presque toutes les personnes présentes semblèrent sortir d'une transe et reprirent leurs activités.

« Adrien, je peux te parler ? » dit Chat Noir.

Un peu surpris, Adrien suivit son double qui l'entraîna dans une cabine.

« Est-ce que tu ne voudrais pas qu'on switch ? Tu prends ma place et tu chantes et je prends la tienne. Bien que cette chanson me rende nostalgique, elle a clairement une plus grande importance pour toi que pour moi. »

Adrien fut un peu décontenancé. Clairement, il ne s'attendait pas à une telle offre.

« Tu veux dire, je deviens Chat Noir et toi Adrien ? »

« Par contre, je ne te promets pas de ne pas draguer Marinette. »

Adrien préféra ignorer cette dernière remarque et faire taire la jalousie qu'il sentait poindre en lui. L'occasion était trop belle pour passer à côté.

Ils procédèrent à l'échange et monta sur la scène et commença à chanter.

Que diable suis-je venu faire derrière tes barreaux?
T'aimer est une galère qui ne cesse de prendre l'eau
Mais entre ciel et terre, je trouverai les mots
Les mots pour te plaire, quitte à y laisser ma peau

Tout le long de ce couloir, tu marches à contre-jour
Pas le moindre regard, pas le moindre détour
Je suis dans le brouillard, à jamais condamné
À t'aimer sans être aimé en retour

Oui c'est dit, promis, j'irai au bout
Quel que soit le prix, tant pis si j'deviens fou
À espérer entre ces quatre murs
Qu'un matin, tu m'diras dans un murmure que tu m'aimes

Que diable suis-je venu faire derrière tes barreaux?
T'aimer est une galère qui ne cesse de prendre l'eau
Mais entre ciel et terre, je trouverai les mots
Les mots pour te plaire, quitte à y laisser ma peau

J'ai tant de choses à t'offrir
Des rêves à l'infini, des montagnes de rire
J'illuminerai tes nuits de mon plus beau sourire
Mon amour, tu verras que le meilleur sera à venir

Oui c'est dit, promis, j'irai au bout
Quel que soit le prix, tant pis si j'deviens fou
Mais malgré tout, je préfère souffrir
Avec l'espoir de t'entendre un jour me dire que tu m'aimes

Que diable suis-je venu faire derrière tes barreaux?
T'aimer est une galère qui ne cesse de prendre l'eau
Mais entre ciel et terre, je trouverai les mots
Les mots pour te plaire, quitte à y laisser ma peau

Que diable suis-je venu faire derrière tes barreaux?
T'aimer est une galère qui ne cesse de prendre l'eau
Mais entre ciel et terre, je trouverai les mots
Les mots pour te plaire, quitte à y laisser ma peau

Les mots pour te plaire, quitte à y laisser ma peau

DéterminationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant