Changement de programme

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Jazeera Al-Rabab et Sonah Grays font route pour des plans diaboliques, escortées par leur Toundra Black panthère, à fond les manivelles.

Avec Sonah au volant, elles passèrent par l'hôpital du Beit Eleala, puis Palm Hills Golf, avant de chavirer des rues étroites et pudiquement fréquentées, pour arriver en douce au Wadi Degla Club, puis obliquer vers le parc Magic Land, traverser les routes peu valorisables de la contrée du Six-Octobre par l'isolement d'un site de production cinématographique jadis terne, l'hôtel Môvonpick, puis continuer la pente dépourvue de caméras de surveillance, et s'achever à 50 mètres du Qarun Petroleum Compagny, installation industrielle aussi vielle que le Titanic abandonné sous mer.

C'est là, qu'entre deux énormes bosquets, arborant comme des chaînes montagneuses, des feuillures si chamarrées, qu'on ne soupçonnerait l'existence d'une habitation ; elles descendent le pied ferme de la caisse, claquent les portières et serpentent le chemin obscur. Le prochain quartier de cet endroit à des kilomètres, est Utopia. Rien de beau ne peut décrire ce lieu désert, sur lequel on peut déterminer le passage d'une seule voiture par jour.

Une porte en planche s'ouvre, émettant un son frissonnant, et qui étonnamment, ne fait point sursauter Rahāt.

Rahāt Reechān, désormais semblable à un vieux débris, un vieux capitaine dont le Purl a faillit et que l'eau a emporté jusqu'au sol ferme. Son  odeur fiel  charme ce grand salon ambré, et se moisie sur le plancher beurré. Rien qu'au seuil de la porte, le dioxyde de carbone envoute cruellement les narines des deux sorcières. Tellement, elles grimacent comme si cet environnement était une insolence.

Au centre même de ce salon dénué de meubles si ce n'est d'une table basse en bois massif et deux chaises en paille, dans un coin, se trouve cet homme attaché sur une chaise en fer, inconfortable, scellé de toutes parts par des adages aussi solides que des amarres. Ses bras posés sur les accoudoirs, ses pieds mêlés à ceux de son siège, ses vêtements nuls, son teint hâlé par la faim, la fatigue, la flemme, la soif...
Ses cheveux de jais ayant gravement besoin de soin, ses muscles royaux hérissés et appauvris en texture juvénile... Il ne manque plus qu'il lève sa tête penchée vers le sol, pour qu'il fasse pleurer n'importe qui.

La lumière blanche s'allume et éclaire mieux la scène. On entend un soupir frêle de la part de Rahāt.

– Oh mon Dieu... S'indigne Jazeera en bouchant son nez, l'air d'avoir pitié.

– Rahāt ! Appelle Sonah. Il ne daigne pas de lever la tête.

Un seau d'eau de 30 centimètres de hauteur se tient à un mètre de Sonah. Elle le soulève et exécute quatre pas avec ses sandales compensées, et le tient de manière à le verser entièrement sur Rahāt. Comme la piqûre furtive d'une aiguille sur la cuisse, ce dernier reprend vie. Assez de force pour sortir un cri de colère ambulant, tout en secouant violemment la tête, ses cheveux mouillés se balançant à son rythme, et son corps aspirant toujours à se détacher, depuis trois jours. Sans eau ni bouffe. Dans ce coin perdu.

– Je te haï... Balbutie-t-il d'une gorge déshydratée après avoir enfin fait découvrir son regard noir rempli de rage, la mâchoire cuirassée et le nez déformé.

Sonah lève un sourcil.

Sonah. Il ne pourra pas faire notre travail. Il lui faut d'abord prendre des forces. Je vais tout de suite au parc d'à côté. Je reviendrai avec un peu de bouffe.

– D'accord. Fais vite.

– Hmm Hahahahhah Hahaha ! Se met à ricaner le métis une fois Jazeera partie.

The Unstoppable [ TOME 1 ] Terminé ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant