Échec & Mat [MisterJDay]

12 : JÉRÉMY

■ OPENING JUSTE AU DESSUS ^ □

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Jérémy n'était pas du genre à s'infiltrer en douce chez les gens pour leur voler leurs affaires. Non, c'était plutôt du genre de Julien. Mais il fallait bien faire une exception. 

Il avait été bien gentil en respectant la demande de Julien de ne pas aller voir la police. Il ne savait pas vraiment pourquoi il ne le faisait pas, d'ailleurs. Il ne le méritait pas. Mais Jérémy n'en avait pas trop le coeur, apparemment. 

Mais, même dans le cas où il se décidait à aller contacter la police plus tard, il lui fallait des preuves. Plus de preuves que la photo. Et l'ordinateur dont Julien lui avait parlé avait titillé sa curiosité. Qu'est-ce qu'il pouvait bien contenir, alors, pour que Julien en parle avec autant d'intérêt et d'admiration ? 

Et bon, il ne faisait pas confiance à Julien pour qu'il le lui donne et le laisse l'examiner lui-même. Impossible. Il fallait qu'il fasse le boulot tout seul. 

Il connaissait à peu près l'emploi du temps de Julien. Il savait qu'à 13h, il n'était pas là le mercredi, qu'il allait faire du skateboard. C'était alors le moment qu'il avait choisi.

Mais grimper à la fenêtre de la chambre de Julien s'avérait être plus délicat que prévu ; il faisait du bruit avec son échelle, et il allait encore en faire en ouvrant la fenêtre, et il avait peur d'alerter les voisins, qu'ils le voient en train de grimper et de s'infiltrer dans l'appartement. 

Il sauta sur le balcon, laissa l'échelle là ; cette fois ci, il n'y avait pas d'oiseaux. Les corbeaux suivaient Julien, en fait.

Alors, discrètement, il ouvrit la baie vitrée ; et voilà, il était dans la chambre de Julien. Il ne l'avait jamais vue. 

C'était une chambre de taille moyenne, mais décorée et rangée de façon si encombrante qu'on s'y sentait à l'étroit. Elle ressemblait à une chambre d'enfant ; la literie du lit était à l'effigie des Barbapapa, une autre couette jetée hasardement sur le matelas était bleu nuit avec des dessins d'étoiles et de lune dessus ; à la table de nuit, il y avait, à côté du réveil, le genre de lampe qui ressemblait à un jouet, un projecteur LED qui faisait apparaître la lune et des astres aux murs et au plafond ; avec la petite télécommande, on pouvait choisir la couleur. 

Puis, il y avait le bureau ; juste en dessous, posées sur le sol, deux haltères, assez grosses, qui devaient chacune peser entre 5 et 10 kilos ; puis, enfin, le Saint Graal : l'ordinateur. 

Jérémy s'en approcha. Il appuya sur le bouton pour l'allumer. Il se souvint des mots de Julien, et ses doutes sur le surnaturel ressurgirent. Alors, par simple mesure de sécurité, il activa son pouvoir.

Son sixième sens s'activa; si l'entièreté des alentours apparaissait en variants niveaux de gris, l'ordinateur, lui, était d'un rouge éclatant, dont la teinte écarlate semblait carrément luire ; comme si l'ordinateur avait une aura ; et, lorsque l'écran s'alluma, l'écran aussi était complètement rouge. 

L'halo qui émanait de l'appareil laissa une impression étrange à Jérémy, et lorsqu'il désenclencha son pouvoir, ce sentiment persista.

Hm, bon, peut être que cet ordinateur était effectivement surnaturel. Qu'importe ; c'était un ordi. Il ne pouvait décemment pas faire grand chose avec. Jérémy était encore sur l'écran de connexion, il ne fallait pas qu'il tarde avant que Julien arrive, c'était trop risqué, il allait le prendre avec chez lui. 

Il mit l'ordinateur dans son sac, descendit de l'échelle, et rentra chez lui après un long voyage. 

Tout ça pour ça, se dit-il en poussant la porte de son logement.

Il mit tout en place ; il voulait juste fouiller dans les fichiers de Julien, voir si il n'avait pas mit son plan quelque part, si il n'y avait pas des détails incriminants dans des onglets Google. 

Bon, alors, ce mot de passe. Il fallait qu'il le devine. Cela ne risquait pas d'être très long. Jérémy se mit à réfléchir : qu'est-ce que Julien aurait bien pu mettre en mot de passe ? 

Il essaya une première fois.

mot de passe : 

proteines

MOT DE PASSE INCORRECT

D'accord, c'était pas ça. Il réfléchit un instant de plus, puis écrivit :

mot de passe : 

permisb

Bienvenue... ໑

Jérémy sourit. 

L'atmosphère de la pièce se mit à changer alors que l'ordinateur reconnut son nouveau propriétaire.

Et quand le bureau s'afficha, Jérémy se rendit compte de la véritable situation. Julien avait raison, ce n'était pas un ordinateur ordinaire ; les configurations étaient bien différentes. L'ordinateur semblait être à sa merci. Il y avait des tableaux qui permettaient d'enclencher des évènements, enclencher des pouvoirs ; et ce sur des dizaines et des dizaines de choses différentes ; il avait accès à des contacts pour acheter des hélicoptères, acheter des armes, niquer l'économie de marchés, le trafic des transports en commun de toutes les grandes villes de France, des contacts de gens qui pouvaient l'aider à faire n'importe quoi. En fait, il pouvait tout faire. Vraiment. Il pouvait même contacter directement des personnalités importantes. Et tout ça n'était que la surface de l'iceberg.

Le coeur de Jérémy s'accélérait. Quoi, comment, pourquoi, d'où ? Il ne comprenait pas, comment un tel pouvoir pouvait sortir d'un simple ordinateur ? D'où il le sortait même ? Il pensait se souvenir de Julien qui lui disait qu'il l'avait acheté à un vieux lors d'une brocante, mais il n'était plus trop sûr. Il comprenait Julien maintenant. Il avait même davantage de respect pour lui ; comment faisait-il pour ne pas avoir craqué complètement face à autant de pouvoir ? 

Un pop-up s'ouvrit. 

Bonjour, Maître. Que puis-je faire pour vous aujourd'hui ? Si vous souhaitez quelque chose, n'hésitez-pas. 

Maître... Jérémy était le maître, maintenant. Ce n'était plus Julien.

C'était quand même un truc de fou, cet ordinateur... Jérémy pouvait faire tout ce qu'il voulait, pouvait contrôler toute la France, des fondements importants entiers, là, maintenant, tout de suite. Quand il voulait.

Jérémy avait toujours été un gentil garçon bien sage. Il n'avait jamais fait de bêtise. Il avait toujours été correct et poli, il avait toujours suivi les règles, toujours suivi le chemin que la vie et que les autres lui donnait même si ça ne lui plaisait pas. Il se sentait coincé dans cette case. Mais avec cet ordinateur, il pouvait faire tout ce qu'il voulait, maintenant.. Et plus encore. Et si il... non- mais... ou encore... Oh, et puis... Il pourrait faire tellement...

Mon Dieu... merde.

Et, le front débordant de sueur, il passa commande.

Et quand la commande fut confirmée, de nouvelles envies lui venaient, et il avait toujours envie de plus.