Nos Ombres Rouges - TOME II

Chapitre I - Retour

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Sept mois plus tard,

12 juin, huit heures cinquante-trois, Edgewood.

– Ellie ! Grouille tes fesses, on va encore se faire engueuler par Warren ! S'écrie Lenny depuis la porte d'entrée.

– J'arrive ! Je réponds en sautillant sur une jambe, tentant d'enfiler ma chaussure tout en courant.

– Sympa l'ensemble ! Me dit-il en pointant ma nouvelle tenue de sport.

– Merci, je l'ai acheté avec Annie hier. Dépêche !

Je ris en fuyant.

– T'es gonflée, c'est toi qui est tout le temps en retard !

– Tais-toi idiot et démarre la voiture. Je continue de le taquiner en sautant sur le siège passager de sa voiture.

À toute vitesse, nous rejoignons les locaux du clan, un bâtiment au milieu de la forêt envahi par la verdure et d'apparence abandonné. Bien sûr, l'intérieur est aménagé dans le luxe, au moyen du clan, entre salles d'entraînement, bureaux, chambres de secours, vestiaires... Je m'y perdais facilement, au début.

– Enfin ! Les jumeaux sont là ! S'écrie Warren faussement contrarié.

– Ça vaut au moins vingt pompes ! Ajoute Tarek.

– Toi ! Attends la fin de l'entrainement, tu vas voir ! S'exclame mon jumeau.

– T'as raison, on s'active.

– Allez, vingt pompes, les retardataires ! Taquine Tarek.

– Tarek, vingt pompes pour toi aussi.

— Mais pourquoi ?

– Manque de solidarité.

Le visage de notre ami se décompose et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, ratant la dixième pompe infligée par notre entraîneur.

Pleine de sueur, je suis contente que l'entraînement se termine malgré l'apaisement que cela me procure. Seule dans les vestiaires, je me déshabille en jetant un coup d'œil à mon corps dans le miroir avant de me réfugier sous l'eau chaude. J'ai pris du poids, je n'ai plus cette allure de malade, les muscles de mes jambes se sont dessinés et mes joues sont plus rebondies.

Nous sommes en juin et cela fait neuf mois que je ne suis plus chez Nikolaï. C'est le premier été que je passe hors de ma cage, la première fois depuis des années que je ressens la chaleur de ce soleil estival. Ma peau fonce légèrement.

Mais cela fait également sept mois, sept longs mois que nous n'avons plus de nouvelles de Milo, enfin, je sais que les autres en ont. Mais je ne leur en veux pas, Milo leur interdit sûrement de me dire quoi que ce soit. Il me manque, terriblement. Tous les soirs, je pleure, toutes les nuits, je me réveille, pensant entendre la porte de sa chambre s'ouvrir.

Mais rien, rien depuis des mois.

La nuit où il est parti, je l'ai entendu faire son sac, démarrer sa voiture. Je ne l'ai pas retenu, je suis restée murée dans mon silence, pendant que mon âme lui hurlait de rester, de ne pas m'abandonner. J'aurais dû, mais je ne suis pas sûre que cela aurait fait une grande différence. C'était juste après notre dispute.