Nos Ombres Rouges - TOME II

Chapitre II - Remember what we once lived

Je n'avais pas été aussi impuissante face à mes propres émotions depuis son départ, sept mois plus tôt. Milo n'ose même pas m'approcher, et honnêtement, je ne sais pas si je veux qu'il le face. Est-ce que j'en ai besoin ? Oui, sûrement, mais outre mes traumatismes passés, c'est lui qui cause cette perte de contrôle et je le déteste pour ça.

– Je ne voulais pas ça... Murmure Milo, visiblement démuni.

Lentement, j'arrive à reprendre une respiration normale. J'ai mal partout, je me sens faible, l'intensité de ma crise m'a bien amoché. Milo s'accroupi en face de moi, cherchant à savoir si je vais bien.

Bien sûr que non.

– Je te déteste. Je murmure plus pour moi-même.

– Je ne te crois pas. Affirme-t-il, sa voix résonnant sur les carreaux de la salle de bain.

– Je ne te demande pas ton avis. Je réplique en soufflant lourdement.

Retournée par ma crise, je me lève difficilement et essaye de faire face au revenant. Il est immobile, je peux voir la profonde culpabilité qui éteint son regard. Le silence entre nous est lourd et électrique.

– Ils savent que tu es revenu ?

– Oui, Youri est partie tout leur expliquer après t'avoir déposé.

– Expliquer quoi ?

– Je préfère te montrer. Viens.

C'est à ce moment-là que Bastet choisit de faire irruption dans la salle de bain. Son miaulement m'apaise en un instant, je me suis raccroché à lui plus qu'à n'importe qui pendant ces derniers mois.

– Viens là, mon amour. Je lui intime, la voix remplie de douceur.

Milo s'approche de ma boule de poils devenue grande en son absence. Ses doigts viennent caresser sa tête, Bastet, sans hésiter, grimpe dans ses bras.

– Toi aussi, t'as changé. Dit-il d'une voix que je ne lui reconnais pas.

– Je préfère qu'il ne voit pas ce que je vais te montrer...

Il sort de la pièce et va déposer Bastet sur mon lit. Immobile, je n'arrive pas à analyser la situation, l'ambiance est tellement bizarre.

– Papa est revenu. Je l'entends murmurer en déposant mon chat.

Mon cœur se remplit de chaleur, il ne dirait pas ça s'il n'avait pas prévu de rester, enfin je suppose.

Milo se retourne vers moi, il m'intime de le suivre. Dans un silence total, nous descendons les escaliers, puis plus bas. Dans la cave. Soudain, je m'arrête net, la peau de mon dos se hérisse comme si on venait de me balancer un seau d'eau glacée. Mes pas rejoignent ceux de Milo, la détermination et le dégoût se livrent bataille à l'intérieur de mon corps. Il faut que j'en ai le cœur net.

Ce parfum.

Je ne pourrais jamais l'oublier, je ne devrais pas le sentir ici, et pourtant...

Petit à petit, les liens se font dans ma tête, le départ précipité de Milo peu après le bal, la cicatrice qui traverse le côté gauche de son visage...
Pourquoi est-il vraiment parti ?
Ses phalanges sont abîmées comme s'ils s'étaient battus régulièrement. Des cordes invisibles et acérées enserrent ma gorge, à la fois submergée par les souvenirs que me procure ce parfum et par la réalité qui éclate à mon visage.

- Milo... Qui est détenu dans cette pièce ? Je lui demande la voix tremblante.

– Un vieil ami à toi. Répond-t-il froidement, le visage fermé.