Le dernier enfant d'Agma 🖤

Chapitre 2 : Confession nocturne

La nuit enveloppa la demeure luxueuse de ses ombres silencieuses, laissant filtrer çà et là les rayons pâles de la lune à travers les rideaux lourds de velours. Assis sur le bord de son lit somptueux, Taehyung observait la chambre qui lui semblait irréelle. Le lustre de cristal au plafond scintillait doucement, renvoyant une lumière tamisée qui baignait la pièce d'une atmosphère presque féerique. Cela ne faisait que quelques heures que la famille Park l'avait accueilli. Ils l'avaient conduit ici avec des sourires bienveillants et des paroles réconfortantes, mais Taehyung se sentait encore étranger à ce monde de luxe et de tranquillité. Il se leva et fit quelques pas, ses pieds nus s'enfonçant dans l'épais parquet ciré. Chaque détail de la chambre semblait conçu pour offrir confort et beauté, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond décalage.

La porte de la chambre s'ouvrit doucement, et Aera, sa nouvelle tutrice, apparut dans l'entrebâillement. Ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules et son regard empreint d'une douceur infinie contrastaient violemment avec les souvenirs de violence et de chaos qui hantaient encore l'esprit de Taehyung.

- Tout va bien, Taehyung ? Murmura-t-elle en s'approchant doucement, comme pour ne pas effrayer un animal sauvage.

Il hocha la tête, incapable de formuler une réponse. Le silence était plus éloquent que n'importe quel mot. Aera s'assit à ses côtés, posant une main légère sur son épaule.

- Je sais que c'est beaucoup à assimiler en si peu de temps. Cette maison, cette nouvelle vie... Nous sommes là pour toi. Tu n'as rien à craindre ici.

Les mots étaient simples, mais leur sincérité lui parvint avec une clarté qui dépassait celle de n'importe quel discours. Taehyung se permit de relâcher légèrement la tension qui crispait ses épaules. La présence d'Aera, douce et rassurante, commença à éroder les murailles de méfiance qu'il avait érigées autour de lui.

- Tu veux que je te laisse ? Demanda-t-elle avec un sourire tendre.

Il hésita un instant, puis secoua la tête. Pour la première fois depuis longtemps, il avait besoin de sentir quelqu'un à ses côtés, même si cela allait à l'encontre de tous ses instincts de survie.

- D'accord, dit-elle simplement, en s'installant plus confortablement sur le lit. Nous pouvons juste rester ici en silence, si tu veux.

Les minutes s'écoulèrent, ponctuées seulement par le tic-tac apaisant d'une vieille horloge. Peu à peu, Taehyung sentit le poids de ses paupières s'alourdir. Le calme de la chambre, la présence d'Aera, et la fatigue accumulée de tant d'années de lutte commencèrent à l'emporter sur ses résistances. Pour la première fois depuis bien longtemps, il se laissa aller, trouvant le sommeil sans s'en rendre compte.

Les ténèbres enveloppèrent Taehyung, le ramenant à un passé qu'il aurait voulu oublier. Le manoir et ses promesses de sécurité s'évanouirent, remplacés par une jungle dense et oppressante. Les arbres, tordus et menaçants, semblèrent s'étendre à l'infini, leurs branches s'entremêlant comme des griffes prêtes à l'attraper. Il entendit des cris. Des cris déchirants, remplis de douleur et de terreur. Des silhouettes floues passèrent devant lui, des camarades perdus dans le tourbillon de la violence. Il sentit à nouveau le poids de l'arme dans ses mains, froide et lourde, une extension de lui-même qu'il détestait mais qu'il ne pouvait abandonner. Ses doigts se crispèrent autour de la crosse, et son cœur battit à tout rompre.

Une explosion retentit, projetant Taehyung au sol. Il sentit la chaleur du feu, l'odeur âcre de la fumée envahir ses narines. Les images se succédèrent, rapides et brutales. Des visages familiers, figés dans des expressions de souffrance et de peur, le regardèrent, leurs yeux le suppliant de les sauver, de les sortir de cet enfer. Il courait, ses pieds s'enfonçant dans la boue lourde et poisseuse. Chaque pas fut un effort herculéen, comme s'il était englouti par la terre elle-même. Les arbres semblèrent se resserrer autour de lui, créant un labyrinthe sans issue. Soudain, il entendit un bruit derrière lui, le crissement sinistre des branches et des feuilles. Quelqu'un ou quelque chose le suivait.