Chapitre 3

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Ses yeux s'ouvrirent sur une immense salle remplie d'individus aux visages inconnus. Ils portaient tous d'élégants habits aux couleurs éclatantes. La plupart des femmes étaient vêtues de robes somptueuses : certaines étaient longues, d'autres plus courtes, serrées ou évasées, mais toutes étaient garnies de paillettes, de perles et de minuscules diamants. Toutes avaient dans leurs cheveux, qu'ils fussent attachés ou ballants, diverses pierres précieuses et perles nacrées. Les hommes, quant à eux, portaient des costumes trois pièces bien taillés dont la teinte variait d'un individu à l'autre. Certains étaient plus originaux que d'autres avec des broderies, des motifs plus ou moins abstraits. Ils avaient également de superbes chaussures soigneusement cirées.

L'accoutrement rayonnant de toutes les personnes présentes s'accordait parfaitement avec la décoration de la salle. Partout sur les murs et les portes, des dorures ressortaient sur la peinture claire. Elles brillaient à la lumière des gigantesques lustres tout aussi dorés, suspendus au haut plafond. Sur de longues tables nappées de blanc, étaient posés d'étincelants plateaux d'argent contenant toutes sortes d'amuse-bouches sucrés et salés. Une table entière était consacrée aux boissons alcoolisées, dont la plupart étaient des cocktails aux couleurs de l'arc-en-ciel. Une pyramide de flûtes à champagne pleines se dressait dessus, entourée d'une bonne dizaine de bouteilles destinées à remplir les coupes une fois vidées. Certains verres manquaient, mais ils n'étaient pas bien loin. En effet, beaucoup en tenaient un dans leur main. Ils buvaient, se servaient dans les plats et discutaient dans une atmosphère festive.

Il devait s'agir d'une de ces soirées auxquelles la moitié des convives venaient plus par obligation ou pour les mets et alcools qui y étaient servis. Ce n'était qu'une supposition bien sûr. Délia n'avait aucune idée d'où elle se trouvait ni de ce qu'elle faisait là. Son esprit était embrumé et ne parvenait pas à retrouver ces informations. Elle tentait en vain de mettre le doigt sur quelque chose, un détail, n'importe quoi qui pourrait l'aider à retrouver la mémoire. La vérité était qu'elle ne se souvenait de rien, pas même de son nom. Elle était pareille à un nouveau né tout juste sorti du ventre de sa mère qui découvrait le monde pour la première fois. Son ignorance l'inconfortait fortement, si bien qu'elle ne sut comment réagir lorsqu'un couple s'avança vers elle.

- Vous êtes ravissante Mademoiselle Délia, la complimentèrent-ils, cette robe vous sied à merveille.

Il lui fallut un moment pour comprendre qu'ils s'adressaient à elle, un autre pour déduire que son prénom était Délia et encore un autre pour s'apercevoir qu'on la complimentait. Elle fut plutôt étonnée, mais en regardant sa tenue, elle comprit. Elle était enveloppée dans une longue robe d'un bleu turquoise resplendissant dont le bustier était incrusté de petits diamants reliées entre eux par des borderies aux motifs floraux. La jupe avait été cousue dans une soie du même ton. Une longue fente bordée de frous-frous remontait à mi-cuisse laissant voir sa jambe droite et son pied chaussé d'un escarpin aussi transparent que du verre. Sur la pointe de celui-ci, des diamants taillés en pétales formaient une fleur. Une étole blanc crème entourait ses épaules et, pour couronner le tout, elle était ensevelie de bijoux. Ses poignets, son cou, ses oreilles, ses doigts et même ses cheveux en étaient recouverts. Ils scintillaient de mille feux à la lumière des lustres tels des perles de rosée sous le soleil matinal. Elle adressa un timide « merci » au couple. La femme inclina la tête comme pour dire « il n'y a pas de quoi » puis lui demanda :

- Où se cache votre fiancé, ma chère ? Les musiciens vont commencer à jouer et vous devez ouvrir le bal avec lui.

Son fiancé ? Le bal ? A quoi faisait-elle allusion ? Tout cela ne tournait pas rond. Non seulement elle ressemblait à un mannequin de haute couture, mais en plus elle était fiancée à un homme qu'elle ne devait même pas connaître. Une minute, ce n'était pas tout. Elle devrait danser avec lui, alors qu'elle ne connaissait pas un seul pas. Elle hésita entre s'enfuir en courant et se jeter par une des grandes fenêtres de la salle. Elle s'apprêtait à exécuter le premier choix lorsqu'elle aperçut dans le cadrant de la porte du fond un visage familier sur lequel elle ne parvenait pas à mettre de nom.

Mourir ou vivre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant