11 - L'Étreinte du Désespoir

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Canghui

Le jour se lève sur Etherea, marquant presque quarante heures depuis que Maekyuri s'est perdue. La forêt dense et déformée semble étouffer tout espoir. Chaque pas est une lutte contre la fatigue, la faim, la soif et la désorientation. Ses forces l'abandonnent peu à peu, mais elle continue d'avancer, ses pensées brouillées par la peur et l'épuisement.

Maekyuri

Soudain, des visions commencent à troubler ma perception. Des images floues de quelqu'un, enfant, se faisant frapper, apparaissent brièvement devant mes yeux. Sous l'effet de la fatigue, je n'arrive pas à discerner qui inflige ces violences, mais l'horreur de la scène la hante. Les visions se succèdent, rapides et douloureuses, ajoutant à ma confusion.
Je n'en peux plus. Chaque fibre de son être réclame du repos. Malgré le danger, je décide de dormir. Mes paupières se ferment lourdement alors que je m'effondre sur le sol, trop épuisée pour continuer.

Canghui

Pendant ce temps, dans le domaine, les gens créés par moi poursuivent leurs recherches avec une détermination inébranlable. Le temps presse, et chaque minute qui passe augmente leur angoisse. Soudain, l'un d'eux trouve des indices : des traces de pas, un morceau de tissu déchiré.
"Par ici!" crie l'un des éclaireurs, sa voix résonnant dans la forêt.
Je me précipite vers le lieu indiqué, mon cœur battant à tout rompre. Enfin, au loin, j'aperçois Maekyuri. Une vague d'émotion m'envahit.
"Mae!" hurle-je, courant à toute vitesse vers mon amie. "Mae!"

Elle ouvre les yeux, toute pâle, encore à moitié dans les brumes de son sommeil. Elle me voit courir vers elle, et un sentiment de soulagement l'envahit. Les larmes jaillissent de ses yeux, brouillant sa vision.
J'arrive à son niveau et la serre dans mes bras, de toutes mes forces, comme si je voulais m'assurer qu'elle ne pourrait jamais s'éloigner à nouveau. Les larmes coulent librement, mêlant la peur et le soulagement en un torrent d'émotions.
"Maekyuri, je suis tellement désolée..." murmure-je, ma voix brisée par les sanglots. "Je n'aurais jamais dû te laisser seule."
Maekyuri, encore affaiblie, serre faiblement en retour. "Canghui, je... je suis désolée. Je ne voulais pas te désobéir."
"Peu importe maintenant." dis-je, mes larmes tombant sur ses cheveux. "Je t'ai retrouvée. C'est tout ce qui compte."

Des gens arrivent, interrompant ce moment. "Nous ne devons pas traîner!" dit l'un d'eux, l'urgence dans sa voix. "La règle des 48 heures approche."
Le rappel subtil du danger imminent me fait frissonner. Je sais qu'ils doivent partir rapidement. Juste à ce moment, une sensation étrange m'envahit, et soudain, je disparais, laissant Maekyuri seule avec les autres.

Je me retrouve dans un endroit inconnu, un vide complet. Le néant m'entoure, sans repère, sans horizon. Je viens de me rappeler que ça fait plus de 48 heures que je suis ici mais normalement ce n'est pas censé le faire sur moi. La panique monte en moi, mais je me rappelle d'une chose essentielle : j'ai créé un objet enchanté, capable de me téléporter au domaine d'un coup. Cet objet, cependant, n'est pas en ma possession. C'est Jiyun Kim qui le détient.

Pendant ce temps, ceux restés avec Maekyuri comprennent immédiatement qu'il y a un problème. Ils prennent Maekyuri, l'aident à se lever, et la ramènent au domaine tout en envoyant des messages urgents aux autres.
Maekyuri est transportée à l'hôpital du domaine. L'agitation règne tandis que les médecins et les guérisseurs s'occupent d'elle. Elle est faible, en sang, mais en vie, grâce à l'intervention rapide de ses amis.
"Maekyuri est en sécurité." dit Baputaro, essayant de rassurer les autres. "Mais où est Canghui?"
La réponse demeure incertaine, et l'angoisse grandit. Chacun sait que le temps est compté, sauf eux.

Dans le vide, je lutte pour maintenir mon calme. Chaque seconde compte, mais je sais qu'il faut attendre que Jiyun Kim utilise l'objet enchanté. Je serre les poings, priant pour que tout se passe bien.

Quelque dizaines de minutes passent

Finalement, Jiyun Kim, informée de la situation, active l'objet enchanté. Une lumière éblouissante m'enveloppe, et en un instant, je me retrouve dans le domaine. La transition est soudaine et choquante, mais je suis de retour.
Je suis évanouie, à la fin je n'arrivais plus à respirer. Mon bouclier, celui-ci qui rode toujours de moi, m'aidait aussi à respirer. Mais c'est sûrement à cause du vide qu'il s'est brisé en éclat.
J'arrive à distinguer la voix des médecins ainsi que le bruit incessant du cardioscope mais je suis paralysée. Je ne peux ni ouvrir les yeux, ni parler.
Le temps passe et je sens que je me rétablie plus vite que je ne le pensais. Je réentend cette voix... Maekyuri. Je sais que c'est elle. J'espère de toute part qu'elle va bien.

Les larmes de soulagement jaillissent de mes yeux en voyant mes amis au bout de quelques heures, en particulier Maekyuri, en sécurité. Je cours vers elle et la serre de nouveau dans mes bras, refusant de la lâcher cette fois-ci.
"Je suis là..." murmure-je, ma voix tremblante. "Tout ira bien maintenant."
Le soulagement est palpable. Maekyuri, les larmes aux yeux, répond faiblement, "Merci, Canghui. Tu m'as sauvée."
"Nous nous sommes sauvés les uns les autres." réponds-je, une nouvelle détermination dans la voix.
Ce moment restera gravé dans notre mémoire, un témoignage de notre force, mais maintenant je n'ai qu'une seule hâte, c'est de savoir comment on en ai arrivé là.


Les Sentinelles d'EthereaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant