Nda/ La musique en média est le round qu'il y a dans ce chapitre (le round 6), je vous conseille de ne pas le regarder avant de lire si vous ne savez pas ce qui s'y passe, mais vous pouvez l'écouter en même temps que vous lisez. Bonne lecture.
***
"Plic-ploc", faisait la pluie.
"...", répondait Ivan.
"Plic-ploc", insistait la pluie, et ils recommençaient ainsi leur dialogue de sourds, inlassablement.
La pluie rappelait à Ivan la situation de l'humanité.
Il ne l'aimait pas.
Enfin, qui pourrait aimer une pluie qui n'est plus qu'artificielle. Fausse. Créée par les aliens.
D'ailleurs, Ivan n'aimait pas grand chose.
Il n'aimait pas les aliens. Il n'aimait pas les gâteaux. Il n'aimait pas les toilettes.
Mais il aimait Till. Plus que tout.
Il leva sa main devant ses yeux et serra le poing en fermant les paupières.
Il savait déjà comment allait finir ce round.
"C'est l'heure."
La voix acide de l'alien dans son oreillette lui fit lever la tête.
Il inspira profondément et se dressa, faisant voletter son manteau blanc autour de lui.
Les aliens avaient opté pour une tenue qui contrastait avec celle de Till, qu'il voyait chanter à l'écran en face de lui.
Il était magnifique, dans ses habits simples et sombres, ses yeux verts brillants de fatigue, sa voix plus expressive que jamais.
Ses cernes témoignaient de sa douleur.
Mizi devait énormément lui manquer.
Les aliens avaient osé lui montrer l'avis de recherche de la jeune femme...
Ivan serra les poings.
Pas étonnant que Till ait craqué.
"Dépêche toi."
Il ignora la voix et se dirigea vers les escaliers qui menaient à la scène.
Till fixait le vide avec fatigue.
Il s'était tu, son solo terminé.
Ivan ferma les yeux et se dirigea vers son micro, entamant sa part du morceau.
Il jeta un coup d'œil à Till.
Toujours pas un regard pour lui.
Un instant plus tard, leur duo commença.
Quelle voix...
Quelle puissance.
En lui coulant un regard, Ivan constata que Till s'était arrêté de chanter.
Il s'accorda quelques instants pour l'admirer, puis jeta son micro par terre et se dirigea vers son compagnon d'un pas décidé.
C'était maintenant. Ou jamais.
Les yeux fatigués de Till de tournèrent vers lui sans le voir. Ivan, impassible, posa sa main sur sa joue pour lui lever la tête, puis la glissa sur sa nuque et attira le visage du gris à lui
Lorsque leurs lèvres se scellèrent, tous deux étaient stupéfaits.
Ivan se sentait stupide.
Pourtant il continua. C'était sans doute la première et dernière fois qu'il goûtait aux lèvres de celui qu'il aimait.
Till le repoussa mais Ivan le força à se rapprocher de nouveau.
Cette fois l'autre se laissa faire.
Ivan se sépara de lui, le fixant dans les yeux d'un air inexpressif.
Soudain, il passa ses mains autour de son cou et l'éloigna de lui en serrant ses doigts sur le collier punitif que portait le jeune homme.
Till le regarda avec plus de resignation qu'autre chose. Ivan l'attira à lui pour joindre leurs lèvres une nouvelle fois.
À travers le baiser, il coula un regard au score qui s'affichait.
89 à 70.
Il sentir la satisfaction l'envahir.
Il avait réussi.
Il reporta son attention sur Till et déposa furtivement un ultime baiser sur ses lèvres avant de s'écarter et de fixer le jeune homme prisonnier de ses mains avec détermination.
Till ferma les yeux. Résigné.
Il rejoindrait Mizi.
Soudain Ivan senti la douleur d'une balle dans sa hanche.
Il garda les yeux rivés au visage de Till, refusant de détourner le regard un seul instant.
Il tituba. Ses mains tremblaient. La pluie ruisseleait sur leurs visage.
Till avait la tête renversée vers l'arrière avec l'expression de quelqu'un qui a accepté son destin.
Tu ne mourra pas ici. Pas comme ça.
Ivan cracha du sang.
Le goût métallique le prit par surprise, et il baissa les yeux. Puis il leva la tête et fixa Till.
Enfin! Il avait réussi.
Il sourit.
Je t'aime Till.
Il lâcha le cou de l'homme qu'il venait de sauver, qui ouvrit brutalement les yeux avec surprise.
Il se redressa, une main sur son cou blessé. Son attention concentrée sur Ivan, et Ivan seul. Pour la première fois.
Ivan vit son visage vaciller et le monde tourner alors qu'il s'écroulait, ses yeux fixés sur Till. Ils l'avaient toujours été.
"..."
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Les lumières s'étaient éteintes.
Les aliens étaient satisfaits.
Les esclaves avaient détourné leurs regards que la fascination avait forcé à rester fixé sur le duel. Leur situation n'en était que plus cuisante.
Mais rien n'avait plus d'importance pour Till que le corps allongé au centre de la scène.
