Chapitre 1

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Environ 2000 ans plus tard,

6h30. Un coup de feu retentit. Il resonna dans toute la réserve. Dehors, le corps froid de Stan gisait sur la pierre tachée par son sang. Sa mère, Madame Robbs, ramassait de ses mains tremblantes les morceaux de chaires explosé de la tête de son fils. Les passants quant à eux continuaient dans leur trajectoire comme si de rien n'était. Après tout, c'était commun pour les Hommes de cette réserve de voir des cadavres au petit matin. Madame Robbs ne se lamentait pas et ne demandait de l'aide à personne, elle savait que ce jour arriverait tôt ou tard. Elle mit les morceaux ramassés de son fils dans son panier avant que son époux ne la rejoigne pour transporter le corps à la mosquée afin de recevoir l'Office des Morts par un prêtre autre que son époux.

Dans sa chambre, Elizabeth se réveille avec des sueurs froides. Elle avait refait se rêve. Ce rêve dans lequel cette femme mourait. Son visage était encore frais dans son esprit. En s'assaillant sur son lit, elle ressenti une sensation désagréable à son bras. Pourquoi ? pourquoi avait-elle mal au bras ? Ces cauchemars qu'elle avait, ils avaient commencé à ses 12 ans, ou peut-être était-ce à ses 13 ans ? elle ne se rappelait plus, mais qu'importe. Ce rêve était encré dans sa mémoire, et plus le temps passait, plus elle le trouvait de plus en plus beau, de plus en plus harmonieux. Elle le connaissait par cœur et pouvait le réciter à qui voulait entendre. A ses yeux, ce n'était qu'un rêve, rien de plus. Elle se demandait souvent les motivations de l'homme, ce qui avait pu le pousser à faire cela, mais elle ne s'y attardait pas trop.

Elle quitta son lit, frottant le sommeil hors de ses yeux et se dirigea vers la salle de bain. Verrouillée. Elle souffla. Cela faisait une bonne vingtaine de minutes qu'elle ruminait dans sa chambre, ce qui donnait largement le temps à sa sœur de finir sa toilette. Elle tambourina la porte.

─Lau ! Laurine ! Dépêche-toi, moi aussi j'ai besoin de la salle de bain je te rappelle ! hurla-t-elle de l'autre côté de la porte. Laurine mettait toujours des heures et des heures à se préparer.

─La ferme ! Je n'ai pas envie d'avoir l'air laide quand Matéo viendra dans ma classe ! retorqua-t-elle. Elle n'a que douze ans, seigneur, elle ne devrait pas se casser la tête avec ça, pensa Elizabeth, en plus, elle nous fait tous perdre notre temps. Comme je la plains, ça ne doit pas être agréable de se faire belle tous les matins pour finalement ressembler à une gamine lambda.

─Elizabeth, descends immédiatement ! sa mère ordonna de l'étage du dessous. Quelle bêtises Elizabeth a dû faire à nouveau ? la veille avant de se coucher, elle avait pris soin de partir à la rivière laver la vaisselle de la journée, astiquer les meubles en bois craqué et rangé les courses achetées au marché ce matin-là.

─J'arrive ! répondit-elle en se ruant vers les escaliers. Elle manqua de rater les trois dernières marches tant elle allait vite. Si elle était tombée, sa mère se serait moquée d'elle.

En arrivant dans la cuisine, sa mère la regarda avec ce même regard plein d'amertume et de dégout, comme quand elle commettait une erreur. Son père quant à lui sirotait son café dans une tasse légèrement fissurée tandis qu'il lisait le journal.

─Oui, maman ?

─Ton collège a envoyé les bulletins de notes du semestre, annonça-t-elle, sa voix froide avec une once d'agacement.

─Oui, je sais, j'ai de bonnes moyennes, tu ne trouves pas ? répondit-elle d'une petite voix.

─Sauf en Enolite, en histoire et en science. Elizabeth ton avenir est en jeux si tu veux sortir de ce trou perdu un jour, au même moment, Laurine fit son apparition dans la cuisine, aussi bien apprêtée que si elle se rendait à un mariage. Elle avait douze ans, douze ans et elle s'habillait pour plaire. Tout cela accablait Elizabeth mais elle resta silencieuse : Laurine a toujours été la favorite de ses parents.

Elizabeth quitta la pièce furtivement dans le silence le plus complet. Elle escalada les escaliers à grande vitesse et entra dans la salle de bain. Elle plaça une chaise qui trainait là sous la poignée de la porte pour empêcher qui que ce soit de pénétrait dans la pièce. C'était son moment de paix. Elle se regarda dans la glace, comme si elle verrait un plus joli visage se reflétait. Ses cernes sous ses yeux étaient moins visibles, et ça, c'était grâce aux conseils de Serah. Ses cheveux quant à eux, c'était une autre histoire. Sa mère refusait qu'elle utilise de l'après-shampoing. C'était une denrée ultra rare et se procurer ne serait-ce qu'une bouteille était presque impossible. Par conséquent, seule Laurine était autorisée à en utiliser car d'après sa mère, Laurine sait « mieux rationner les choses importantes qu'Elizabeth ». Elle brossa ses cheveux secs et à la texture de paille et réussi tant bien que mal à les mettre en un chignon relativement correct. Ses cheveux étaient noirs comme l'ébène. C'était une couleur qu'elle appréciait. Elle trouvait le noir aussi paisible et chaotique que la nuit. Tant de choses pouvait se passer la nuit. L'amour comme la mort. Elle se regarda une dernière fois dans la glace et contempla ses yeux noisette. Elle voyait ses yeux comme la plus belle des choses chez elle, surtout parce qu'on la complimentait beaucoup à leur sujet. Elle se rappela soudain qu'elle était en retard.

Sa toilette finie, elle déplaça la chaise placée devant la porte, quitta la pièce et se dirigea vers sa chambre pour se changer. Elle n'avait pas vraiment l'embarras du choix, alors elle mit la tenue fournie par les Traqueurs lorsqu'elle avait atteint ses 13 ans : une tunique brune aux détails de vagues sans manches et avec un col particulier puisqu'il pendait des deux côtés tout en maintenant une sorte de pudeur en ne révélant pas la poitrine et que l'on pouvait rabattre sur son torse, une paire de pantalon assorti aux mêmes détails que la tunique. Pour maintenir le tout en place, une ceinture épaisse au motif géométrique était ajoutée à la tenue. Quant aux chaussures, elle opta pour une paire de bottes en faux cuir que sa mère avait amené avec elle d'Angleterre.

Aujourd'hui allait être un jour spécial. Elle allait découvrir ses pouvoirs et possiblement rendre fière sa mère. Elle quitta sa chambre en souriant sans raison. Elle dévala les escaliers une seconde fois, passa par la cuisine une seconde fois et attrapa au passage une part de gâteau posée sur la table de la cuisine.

Aujourd'hui, elle allait découvrir ses pouvoirs. Elle allait rendre sa mère fière, et peut-être son père aussi, même si tout cela lui passait au-dessus de la tête. Elle se remit à sourire. Qu'est-ce qui lui prenait ? son bras se remit à lui faire mal. Et son dos aussi, apparemment.

Comme c'était curieux.

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