Même le coeur a une ombre qui le suit partout où il va
Je transpirais . Mes tempes pulsaient . La pièce était petite, poussiéreuse , étouffante...
Et il faisait sombre . Il faisait toujours sombre .
Je ne parvenais pas à bouger les bras je grifais l'air , mais personne ne m'entendait . Ma peau brulait , j'essayais de tendre la main mais je n'y arrivais pas : la porte se fermait et les ténèbres m'engloutissaientJe me réveillai en sursaut , les doigts encore crispés sur les couvertures . L'obscurité autour de moi était la même que celle de mes cauchemar . Je met un temps infini à trouver l'interrupteur .
Lorsque la lumière inonda la pièce, éclairant les contours de mon nouveau chez moi , mon coeur ne cessa de battre dans ma gorge . Les vilains rêve étaient de retour. Non...En réalité , ils n'avaient jamais disparu . Changer de lit n'avait pas été suffisantJe touchais fébrilement mes poignets . Les pansements étaient bien là , sur mes doigts , me rassurant de leur couleur, me rappelant que j'étais libre . Je les voyais, je n'étais donc pas dans le noir . Je n'étais pas dans le noir ,j'étais en sécurité . Je respirais un grand coup ,en quête de réconfort . Mais cette sensation désagréable courait encore sur ma peau . Elle me susurrait de fermer les yeux , elle m'attendait tapie dans l'obscurité. Elle était là , pour moi . Serais-je jamais vraiment libre ?
Je repoussais mes couvertures et me levais . Dans la salle de bain au carrelage immaculé , le miroir lumineux et les serviettes moelleuses comme des nuages me rappelèrent à quel point j'étais désormais loin de ces cauchemars. Tout était différent. c'était une autre vie...
J'ouvris le robinet du lavabo et passai mes mains sous l'eau froide , retrouvant peu à peu ma tranquillité intérieure . Je restais ainsi très longtemps, tandis que la clarté prenait possession des recoins les plus sombres de mes pensées . Tout allait bien se passer . Je ne vivais plus au milieu de mes souvenirs . Je ne devais plus avoir peur . J'étais loin et en sécurité. J'étais libre. Et j'avais enfin une possibilité d'être heureuse...
En sortant de la salle de bain ,je me rendis compte qu'il faisait désormais jour .
Nous avions science naturelle en première heure , aussi fis-je en sorte de ne pas arriver en retard . M. Kryll , notre professeur , n'avait pas la réputation d'être patient.
Comme chaque marin les abords du lycée grouillaient d'élèves. Je fus surprise d'entendre une voix crier dans la cohue :
_ Nica !
Devant le portail , Billie agitait le bras , un sourire éclatant sur le visage. Je la regardais déconcertée par ces attentions inédites pour moi .
_ Salut, dis-je timidement , en essayant de ne pas lui faire voir a quel point j'étais touchée par le fait qu'elle m'ait remarquée au milieu d'autant de monde
_Alors , comment se passe cette première semaine d'école ? Pas trop de pensées suicidaires ? Kryll rend fou , tu ne trouve pas ?En réalité j'avais trouvé sa classification des invertébrés fascinante . Mais les autres élèves parlaient de lui comme s'il était une espèce de cinglé .
_ Sincèrement, dis-je , hésitante , je ne l'ai pas trouvé si mal...
Billie éclata de rire comme si c'était une plaisanterie.
_ Mais bien sûr ! Dit-elle en me donnant une tape moqueuse sur l'épaule qui me fit sursauter.
Tout en marchant à ses côtés , je remarquais qu'un petit appareil photo en crochet était suspendu à la fermeture éclair de son sac à dos . Soudain son visage s'illumina . Elle se mit à courir ,euphorique , et s'arrêta derrière quelqu'un qu'elle étreignit par-derrière.
_ Bonjour ! Cria-t-elle gaiement en embrassant le sac de Miki .
Celle-ci se retourna avec une tête d'enterrement, des cernes se détachant sur son visage ensommeillé.
_ Tu es arrivée tôt ! S'exclama billie . Comment ça va ? Qu'est-ce que tu as comme cours aujourd'hui ? On rentre ensemble après ?
_ Il est huit heures du matin , protesta Miki. Et tu es déjà entrain de me flageller le cerveau.
Lorsqu'elle remarqua ma présence, je levai la main pour la saluer , mais elle ne répondit pas . Je remarquais qu'elle aussi avait une figurine en crochet sur son sac , une tête de panda avec deux grandes auréoles noires autour des yeux. À cet instant, quelques filles passèrent près de nous en poussant des petits cris excités, puis se regroupèrent devant une classe , serrées les une contre les autres. Certaines tendaient le cou pour regarder à l'intérieur, d'autres se couvraient la bouche de la main pour dissimuler des sourires. On aurait dis un essaim de menthe religieuse. Miki les considéra avec ennui.
_ Qu'est-ce qu'elles ont à miauler comme ça ?
_ Allons voir !
Nous nous approchâmes . Ou plutôt, Miki s'approcha et Billie la suivit après avoir empoigné la bretelle de mon sac à dos . Une fois près du groupe de filles , j'essayai moi aussi de jeter un œil curieux à l'intérieur.
Je compris trop tard qu'il s'agissait de la salle de musique.
Et me pétrifiai.
Rigel était là, son profil aussi parfait q'un tableau. La lumière qui inondait la pièce faisait ressortir le noir de ses cheveux, qui encadraient son beau visage .
Ses doigts fins effleuraient à peine les touches du piano, créant une mélodie fantôme qui se dissolvait dans le silence.
Il était magnifique.
Je tentais de repousser cette pensée de toutes mes forces, en vain . Il avait l'air d'un cygne noir , un ange maudit capable d'engendrer des sons mystérieux, comme venus d'un autre monde .
_ Mais... ça existe vraiment des garçons comme celui-ci ? Murmura l'une des filles.
Rigel n'était même pas entrain de jouer. Ses mains produisaient de simples accords, mais je savais ce qu'elles auraient été capables de créer si elles l'avaient seulement voulu.
_Quel beau mec...
_ Comment s'appelle-t-il ?
_ Je n'ai pas compris, il a un prénom bizarre...
_ J'ai entendu dire qu'il s'en était bien tiré côté retenue après la bagarre ! Chuchotèrent-elles avec étonnement et excitation. Ils ne l'ont pas suspendu !
_ Pour un type comment ça ,je ferai bien tout les jours des heures de colle...
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Fabriquant de larmes
RomanceTraduction du livres fabriquant de larmes , bien évidement l'histoire ne m'appartient pas