Les ombres de Maysville T.1 : la nuit des disparus

CHAPITRE 1

01h47, 25 mars 2019, Maysville

Au fond de la ville, par la fenêtre à l'étage d'une maisonnette, Daisy Murphy est toujours éveillée, en train de lire sous sa couette.

Elle entend des pas dans le couloir alors elle lâche son livre, éteint sa lampe torche et se couche en vitesse.

Elle ferme les yeux et entend la porte de sa chambre s'ouvrir.

- Daisy ?

La jeune fille reconnaît la voix de sa mère et elle se relève à toute vitesse. Paniquée, Daisy lui avoue :

- Pardon maman, je sais qu'il est tard et que je ne devrais pas lire. M-Mais ce livre est super e-et...

- Tessa a disparu.

19h42, 23 novembre 2019, Maysville

Ça va faire 8 mois demain, et ça, les Murphy le savent mieux que quiconque. Surtout Daisy.

Allongée sur le lit de sa sœur comme une morte, Daisy Murphy a les yeux grands ouverts.

- DAISY ! hurle sa mère.

Elle se relève, saute du lit et rejoint sa mère dans le salon.

Celle-ci vide des boîtes et fouille des placards de la cuisine.

- Oui ?

Sa mère ferme violemment la porte d'un énième tiroir et se jette sur Daisy :

- C'est toi qui as pris mes médicaments ?  Avoue-le !

Daisy tremble et essaie de s'écarter en gigotant mais l'emprise de sa mère est trop forte.

- Tu veux finir comme ton père, c'est ça ?!

Soudain alors que Daisy réussit à reculer, sa mère envoie avec force la main dans la joue de sa fille.

Daisy pousse un cri de frayeur et bascule par terre, tellement la puissance de la gifle était trop forte.

- TU VAS FAIRE LA MÊME CHOSE QUE LUI, ET ME LAISSER TOUTE SEULE !!

Elle porte une main à sa joue, effrayée. Tremblante. Elle devrait en avoir l'habitude, ça va bientôt faire 8 mois.

Elle n'ose plus regarder sa mère et commence à se relever. Elle se dirige vers la porte d'entrée alors que sa mère reste immobile, au milieu du salon.

Elle ouvre celle-ci et commence à sortir dehors, en la refermant derrière elle.

Elle fait à peine quelques pas à l'extérieur qu'elle entend la porte se réouvrir et la voix de sa mère résonner.

- Non pardonne-moi ma chérie ! Reviens s'il te plaît, ne me laisse pas toute seule !!

Trop tard, Daisy commence à courir le plus loin possible. Pendant sa course, les larmes coulent toute seule.

Elle ne sait si ce sont des larmes de colère ou de tristesse mais ce qui est sûr c'est qu'elle n'en peut plus. Elle a besoin de respirer, voir autre chose. Alors elle se réfugie chez son petit-ami : Peyton Wagner.

Lorsque Daisy arrive devant chez celui-ci, elle est essoufflée et frigorifiée par le froid de ce mois de novembre. Elle s'empresse de trouver les clés sous le paillasson des Wagner et d'ouvrir la porte.

Elle enfonce la clé et la tourne avant de rentrer dans la maison. La maison est assombrie, vide. Alors Daisy vérifie s'il y a une présence en bas avant de monter à l'étage.

Elle voit la porte de la chambre de Peyton entrouverte, éclairée d'une faible lumière. Elle se dirige vers celle-ci et la pousse, le souffle coupé.

Peyton est couché sur son lit, avec une manette dans ses mains, les yeux rivés sur un écran géant, accroché au mur de sa chambre.

Daisy soupire de soulagement et s'asseoit sur le lit, à ses côtés. Mais Peyton reste de marbre et continue de jouer à la console.

La jeune fille s'éclaircit la gorge et engage la conversation :

- Pardonne-moi de venir à l'improviste. 

Le jeune homme hoche la tête, les yeux toujours rivés sur l'écran face à lui.

- J'espère que je ne te gêne pas, ajoute-t-elle.

- Mouais, répond à la va-vite son petit ami.

Daisy commence à se poser sur le lit et ferme les yeux, petit à petit mais les râles incessants de Peyton l'empêchent de sombrer dans un profond sommeil alors elle se relève et lui demande : 

- Tu n'es pas fatigué ? 

Devant l'absence de réponses de la part de son petit-ami, Daisy se racle la gorge et continue de lui demander :

- Tu comptes bientôt te coucher ? Il est bientôt minuit. 

En vain, la jeune femme observe son copain en train d'appuyer sur les boutons de la manette avec rapidité. Elle décide alors de lui tapoter l'épaule, mais toujours aucune réaction. 

J'ai l'impression d'être seule au monde, pense-t-elle.

Elle se lève alors et quitte la pièce. Alors qu'elle descend les escaliers des Wagner, elle entend le cri de joie de Peyton résonner.

Elle sort en refermant la porte à clé derrière elle. Elle décide un peu de marcher en ville.

Toujours dans ses pensées, elle ne voit pas le temps passer et l'endroit où ses pas la mènent. De toute manière, aucun ne la ramènerait à il y a 8 mois pour empêcher sa sœur Tessa de partir à cette soirée.

Si seulement elle avait été convaincante, si seulement elle l'avait réussi à la dissuader. Peut-être ne serait-elle pas toute seule aujourd'hui ?

Et soudain, elle s'arrête lorsque son regard tombe sur un homme immobile, debout près du pont, observant l'eau en face. Son cœur rate un battement lorsque celui-ci commence à sauter du haut de celui-ci.

Elle court alors vers lui en criant :

- MONSIEUR !