Chapitre I - Hans

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Ambiance musicale :

Jack Johnson - Sitting, Waiting, Wishing
Bright Eyes - Fist day of my life
Water Ran - Lily Wood and the Prick

Un grognement retentit sous la couette aux premières notes du réveil.

La voix un peu trop enjouée de l'autre côté du haut-parleur fit grimacer Hans, qui se dégagea de la couverture et se dirigea machinalement vers la salle de bain en évitant soigneusement une pile de dossier sur laquelle trônait une tasse de café froid. Il la saisit et avala une gorgée, ce qu'il regretta immédiatement.

Lorsqu'il entra dans la pièce, le carrelage froid sous ses pieds nus le fit frissonner. L'eau glacée que cracha le pommeau de douche en éclaboussant tout son corps acheva de le convaincre que ce lundi commençait décidément très mal !

Après un rapide passage sous l'eau tiède - ce qui lui rappela qu'il devait faire réparer ce foutu chauffe-eau sous peine de mourir, seul, d'une pneumonie - Hans dénicha une chemise propre et repassée, se fit couler un café et alluma son portable. L'écran clignota plusieurs fois et les messages s'affichèrent en cascade.

- Mon chéri, n'oublies pas que dimanche c'est l'anniversaire de ta sœur ! Rendez-vous à 12h30 à la maison ! Je t'aime, Maman

- HANS ! ARRETE D'ÉTEINDRE TON TEL PENDANT LA NUIT ! SI JE MEURT TU LE SAURA PAS !

- HANS ! JE SUIS TA SOEUR REPONNNNDS !

- HZNQ JE CROIS QUE JAI RTOP BU JTM MON FRRE

Hans sourit et entreprit de répondre à Jade pour s'assurer qu'elle était bien rentrée, même s'il ne doutait pas qu'à cette heure matinale, elle devait dormir paisiblement.

Si elle était tout le contraire de lui, Hans aimait profondément sa sœur. A dix-neuf ans, elle partageait son temps entre son école d'art et ses nombreuses soirées souvent bien arrosées, et bien entourée ! Tout l'inverse de son frère, qui lui, était d'un sérieux monacal. Il faut dire que sa nouvelle carrière ne lui laissait que peu de temps pour les loisirs et les rencontres...

Hans avait toujours voulu être avocat.

Depuis son plus jeune âge il rêvait devant les séries américaines et, comme aimait à le rappeler sa mère - toujours dans des moments inappropriés- dès l'âge de trois ans, il courait tout nu dans la maison en criant "OBJECTION VOTRE HONNEUR" parce qu'il ne voulait pas prendre son bain... Passionné, il avait brillamment poursuivi des études de droit qui l'avaient mené jusqu'au cabinet Vorg & Gross, pour lequel il travaillait depuis maintenant 2 ans.

Alors qu'il était plongé dans ses souvenirs, un appel le sortit de sa torpeur. Le numéro qui s'afficha sur l'écran le fit grimacer. Il décrocha en râlant.

- Hans, le commissariat de la 34e rue vient d'appeler. il y a un dossier pour toi.

- Bonjour Maxwell, très bien, peux-tu me donner un peu d'inf...

- Le client t'attends, dépêche toi.

- Je...

- Tut tut tut...

"Ravi de t'avoir en ligne Maxwell ! Je vais très bien merci, et j'apprécie vraiment ta courtoisie !!! " maugréa Hans alors qu'il venait de se faire raccrocher au nez.

Ce genre de comportement était tout à fait habituel de la part de Maxwell, son patron et accessoirement le plus gros associé du cabinet. S'il était un des meilleurs avocats de New-York, il n'en était pas moins l'une des personnes les plus détestables qu'Hans ait connu. Rigide, froid et colérique, il ne laissait rien passer et ne s'encombrait que rarement des conventions sociales. Même les clients savaient qu'ils devaient se tenir à carreau sous peine de devoir trouver quelqu'un d'autre pour régler leur cas. La piètre réputation des avocats lui incombait sans aucun doute !

Hans en avait pris son parti et espérait qu'avec le temps, il réussirait au moins à décrocher un bonjour et aurevoir. Un jour peut-être.

En attendant, il faisait ses armes auprès des meilleurs dans un cabinet renommé, et l'opportunité était bien trop belle pour la gâcher, même s'il fallait souvent ravaler sa fierté. Tout ce qu'il souhaitait, c'était aider ceux qui en ont besoin et rendre fière sa mère, qui s'était sacrifiée pour lui et sa sœur à de nombreuses reprises.

Avant de partir, il versa son café dans un thermos aux couleurs de Yale, glissa quelques dossiers dans sa serviette en cuir, enfila ses boots, son trench et quitta l'appartement.

OrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant