Chapitre II - Helena

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Ambiance musicale :

Sad Girl – Lana Del Rey
The Hills – The Weeknd
I see red – Everybody loves and Outlaw 

Avant d'entrer dans le club, Helena consulta une dernière fois son téléphone et relut le message reçu plus tôt dans la journée.

- J'ai ce que tu cherches. RDV au STAMP à 00h30. Viens seule. Pas d'embrouilles.

Il provenait d'un numéro inconnu.

Héléna était méfiante, cependant elle connaissait bien le STAMP. Si on lui donnait rendez-vous là bas, c'est que la personne en question savait sur quel terrain elle s'aventurait. Enfin, elle osait l'espérer.

Elle descendit les quelques marches éclairées d'un néon rouge qui la séparaient de l'entrée et frappa à la porte. Une petite lucarne s'ouvrit sur un regard à l'air patibulaire, qui s'illumina à la vue de la jeune femme.

Un bruit lourd de verrou se fit entendre et la porte s'ouvrit sur un colosse d'un mètre quatre-vingt quinze. Son visage était traversé par une large cicatrice dont personne n'aurait osé demander l'origine. Vêtu d'une élégante veste de smoking, un Colt à peine masqué à la ceinture, on se serait cru dans une série des années cinquante.

" - Salut Leny ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Salut Joe, petite visite de courtoisie ! Tu me connais !" lança-t-elle avec un clin d'œil.

- " Je vois, je surveille tes arrières t'en fais pas " répondit-il en l'invitant à entrer.

Helena pénétra dans une salle au plafond de verre éclairée par des spots aux couleurs chaudes. Un bar occupait toute la longueur du côté droit, tandis qu'une scène et plusieurs podiums prenaient place dans le reste du club, où des danseuses plus ou moins légèrement vêtues distrayaient les quelques clients aux regards vides et avides, avachis dans les fauteuils, un verre à la main.

Elle s'approcha du bar et se pencha vers la serveuse pour l'interpeller.

"- Bonsoir Tania, il y a quelqu'un pour moi ?

- Hey Leny ! Pas pour le moment. Je te sers quelque chose en attendant ?

- Un whisky sans glace s'il te plait."

Tandis que la petite blonde s'affairait, Helena s'assit sur l'un des tabourets en velours et consulta l'heure ; minuit vingt-cinq. Elle balaya la salle du regard mais n'y aperçut que des habitués.

Elle s'attarda sur une danseuse en particulier qui venait d'entrer sur la scène principale. C'était une jeune fille à peine sortie de l'adolescence, au visage angélique dissimulé sous une épaisse couche de maquillage, censé la métamorphoser en femme. Ses gestes étaient lents et étudiés, le rôle maîtrisé à la perfection, mais il suffisait de regarder d'un peu plus près pour voir que l'image sexy qu'elle tentait de renvoyer sonnait faux. Ses yeux fuyants trahissaient la peur et le malaise qu'elle ressentait. Helena aurait aimé pouvoir lui jeter un manteau sur les épaules et l'emmener loin d'ici, là où elle n'aurait pas à vendre son corps pour survivre. Car elle le savait, si en apparence elle ne faisait que danser, ce qui se passait derrière le rideau était tout autre.

Alors qu'elle était absorbée dans ses réflexions, une main se posa sur son épaule, qui la fit sursauter. Tania lui désigna de la tête un homme qui venait d'entrer. Ce dernier échangea un mot avec Joe et se dirigea vers le bar.

Il vint s'asseoir près d'Helena sans la regarder, et commanda une bière.

Au moment où elle tournait la tête pour l'interpeller, un fracas assourdissant retentit. La porte d'entrée éclata en morceaux, Joe fut projeté à terre, et une troupe d'hommes braquant leurs armes et leurs lampes de poche émergèrent du nuage de poussière, en hurlant des ordres incompréhensibles.

En quelques secondes, le chaos régnait dans le club.

Lorsqu'Helena comprit qu'il s'agissait d'une descente de police, passée la surprise, elle se dit qu'elle n'avait rien à craindre et qu'ils venaient probablement cueillir un petit mafieux local. Il faut dire que l'endroit s'y prêtait bien, bon nombre de personnes peu recommandables fréquentaient le STAMP.

C'est quand elle vit bondir sur elle un homme harnaché comme Robocop qui lui passa les menottes sans qu'elle n'ait le temps de protester qu'elle se dit que la soirée prenait une mauvaise tournure.

Un gradé hurla "On dégage !". Elle sentit alors qu'on la poussait dans le dos.

Helena tenta de protester mais le molosse lui assena un coup à la mâchoire qui la sonna temporairement. Le temps qu'elle émerge, on l'avait traînée jusqu'à la sortie pour la jeter dans un fourgon estampillé NYPD.

Entourée de filles en pleurs, Helena essaya de grapiller quelques infos. Elle donna un coup de pied contre la paroi qui les séparait du conducteur et s'écria "Hey ! Où est- ce que vous nous emmenez ? Et pourquoi ?! " Le passager à l'avant se mit à rire et répondit " Tu sais bien pourquoi, trainée ! Tu vas retrouver tes copines de trottoir au commissariat du coin ! Ferme là et tiens toi tranquille maintenant !"

Helena fulminait. Elle détestait l'autorité, elle détestait les machos, et elle détestait par-dessus tout l'injustice ! Mais elle savait qu'enfermée ici, elle ne pouvait rien faire.

Elle attendit donc furieuse et en silence qu'on la dépose au commissariat de la 34e rue. Le plus mal famé de la ville. 

OrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant