Ambiance musicale :
- Arctic Monkeys - why'd you only call me when you're high ?
- Phil Collins - In the air tonight
- Girl in red - Bad idea!
Dehors, la tempête battait son plein. La pluie avait transformé les rues en torrents et le vent balayait le moindre parapluie qui avait l'audace de se déplier. Le commissariat de la 34e n'était pas tellement loin du bureau, vingt minutes à pied tout au plus, mais le déluge qui se déroulait au dehors ne lui avait laissé aucune chance. Au moment où il se dit qu'il aurait mieux valu prendre le métro, Hans n'était plus qu'à quelques centaines de mètres de sa destination. Lorsqu'il atteignit la porte de l'immeuble, il dégoulinait. Il salua l'agent de sécurité qui le regarda avec pitié en souriant et se dirigea vers l'ascenseur.
Les locaux du cabinet pour lequel il travaillait se situaient au 55e étage. Hans appuya sur le bouton et s'aperçut dans le miroir. Il était trempé jusqu'aux os. Il passa la main dans ses cheveux pour les plaquer en arrière, chassant les gouttes qui coulaient sur son visage puis retira son pardessus qui n'avait plus rien d'imperméable désormais. Sa chemise détrempée par l'averse épousait son torse et laissait apparaitre des muscles fermes et finement dessinés. Tandis qu'il observait les flaques se former à ses pieds, l'ascenseur stoppa sa course et les portes s'ouvrirent.
Malgré la météo maussade, les gigantesques baies vitrées donnant sur la ville inondaient l'accueil de lumière. Des fauteuils habilement disposés encourageaient la contemplation, bien que les clients n'aient pour la plupart pas la tête à observer le paysage...Derrière le comptoir, Vorg & Gross illuminait le mur d'une lueur bleutée. L'architecte d'intérieur, surement grassement rémunéré avait réussi sa mission. On avait presque le sentiment d'entrer dans l'appartement cossu d'un ami.
Une charmante secrétaire salua Hans tandis qu'il se dirigeait vers elle.
Bonjour Sandy, veuillez m'excuser pour mon accoutrement. Maxwell est-il ici ? interrogea t'il. La jeune femme visiblement troublée fit mine de consulter l'agenda. Il est en rendez-vous extérieur toute la journée bredouilla-t-elle sans lever les yeux de son écran. Toujours sans le regarder, elle lui proposa une serviette éponge qu'il accepta volontiers. Quand il la saisit, leurs mains s'effleurèrent et Sandy sentit son visage s'empourprer. Elle ne put réfréner un regard vers les abdominaux saillants du jeune avocat, puis dévia jusqu'à ses tétons, apparents sous sa chemise translucide. Lorsqu'elle leva la tête, Hans l'observait, amusé. Elle rougit de plus belle. Puis-je ? lui demanda-t-il en désignant la serviette qu'elle n'avait pas lâchée. Paniquée, elle s'exécuta avant d'articuler un merci qui tenait plus du miaulement que de la parole humaine. Hans sourit, la remercia à son tour et se dirigea vers son bureau. Dès qu'il eut le dos tourné, Sandy fondit dans son fauteuil, mortifiée, en le dévorant des yeux.
Hans entra dans la pièce, ferma la porte, suspendit son manteau et retira sa chemise. Il s'épongea et ouvrit le placard d'où il sortit un t-shirt et un sweat propres, normalement réservés à ses séances de sport méridiennes, qu'il enfila avant de s'asseoir derrière son ordinateur.
Une pile de dossier le jugeait d'un air menaçant. Cela faisait plusieurs semaines qu'il devait faire des recherches pour la rédaction d'un article censé paraitre dans une revue juridique avant l'automne, et qu'il repoussait l'échéance. Hans détestait la recherche. Tous ces gratte-papiers qui s'auto-congratulaient et vivaient entre initiés sans plus avoir aucun contact avec le vrai monde de la justice le révulsaient. Le patron tenait pourtant à la réputation de son cabinet et ces articles étaient, selon lui, le meilleur moyen de le faire rayonner dans tout le pays. Le directeur de cette revue était par ailleurs un très bon ami de Maxwell, ce qui facilitait grandement les choses. Evidemment. Hans n'avait pas son mot à dire, mais n'en pensait pas moins.
Il tendit la main vers un dossier quand on toqua. A travers le verre dépoli, Hans reconnut la silhouette de Marnie. Il soupira.
Une sculpturale rousse perchée sur talons aiguilles entra dans le bureau sans attendre d'y être invitée. Elle franchit le seuil et se planta devant lui en souriant. Avec ses cheveux ondulés tombant en une cascade réglée au millimètre et son tailleur de luxe parfaitement ajusté, Marnie était ce qu'on l'on peut trivialement appeler « une bombe ». Jolie, intelligente et consciente de son charme, elle n'hésitait jamais à en user, que ce soit pour ses intérêts privés ou professionnels. Cependant, Hans avait depuis bien longtemps appris à se méfier du chant des sirènes, et de celle-ci en particulier ...
- Bonjour Marnie, je t'en prie entre ... Que puis-je faire pour toi ?
- J'ai entendu dire que Max t'avait envoyé au purgatoire ce matin ... Tu as encore dû l'agacer pour qu'il te refile ce genre de dossier ! Elle contourna le bureau, poussa les dossiers et appuya une fesse sur le coin libre. Sa jupe remonta juste assez pour que l'on puisse apercevoir la dentelle qui ornait son bas. Hans n'y preta pas attention. Il savait qu'avec une telle manipulatrice, tout était calculé. Il en avait fait les frais autrefois. Elle continua d'une voix doucereuse.
- Tu sais que je peux lui parler pour toi ... Tu n'as qu'un mot à dire et dans une semaine tu fais partie des associés de ce cabinet. Après ça, terminé les petits malfrats et les dossiers barbants ... Tout en lui parlant, elle approcha sa main de celle d'Hans, qu'il retira immédiatement.
- C'est une proposition très alléchante que je vais devoir refuser. Je préfère ne pas pactiser avec le Diable. Mais merci de t'inquiéter pour moi, Marnie rétorqua t'il ironiquement en la regardant droit dans les yeux.
Vexée, la jeune femme s'apprêtait à quitter la pièce quand elle aperçut la chemise suspendue et le sweat-shirt que portait Hans.
- Je vois que quand le chat n'est pas là les souris dansent ... Tu sais que Max ne validera pas ta tenue ? lança t'elle en souriant.
- J'ai pris la pluie en rentrant du commissariat de la 34e, et je n'ai plus de chemises ici répondit-il froidement.
- Il manque une femme à ta vie, Hans. Je... Il leva brusquement la tête et la fixa. Marnie sut qu'il ne valait mieux pas qu'elle finisse sa phrase. La prochaine fois, prends un taxi, comme tout le monde.
- Nous n'avons pas tous été habitués dès notre plus jeune âge à dépendre d'un chauffeur, excuse-moi d'être né parmi la plèbe assena t'il, tranchant.
Marnie allait lui répondre mais se ravisa.
- Ecoute Hans, enterrons la hanche de guerre s'il te plait. Si nous n'avons pas réussi à être un couple, peut-on simplement être amis ? je t'en prie ! le supplia-t-elle. Allons boire un verre ce soir, à l'avenir ! ça se fait, entre collègues, non ?
Hans aurait eu mille choses à dire, les reproches se bousculaient dans sa tête. Cette conversation, ils l'avaient eue trop de fois par le passé. Elle n'était pas une mauvaise personne, mais son milieu n'était pas celui d'Hans, et il n'avait pas la moindre envie d'en faire partie. Enfin, plus maintenant en tous cas.
Il accepta malgré tout l'invitation, dans l'espoir d'en finir avec ses avances.
- Ce soir 20h chez François ! Ne soit pas en retard ! chantonna t'elle en sortant de la pièce, ravie.
Le jeune homme bascula dans son fauteuil. Ce n'était surement pas la solution, mais il rentrerait tôt. Après tout, lui qui ne sortait jamais, un peu de changement ...
Tandis qu'il pesait encore le pour et le contre, son regard s'arrêta sur le dossier de la prévenue du commissariat de la 34e, Helena. Il ouvrit la pochette en carton et tomba nez à nez avec sa photo.
A nouveau un frisson le parcourut à la vue de ses grands yeux noirs.
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Orage
RomanceLorsqu'Helena et Hans se rencontrent, rien, absolument rien ne les destine à se rapprocher. Aussi tempêtueuse qu'il est calme, leur relation est vouée à l'échec. Pourtant, quand l'orage gronde et que la tempête menace, vers qui se tourner ? après...