Chapitre 3

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Mardi - 1h30 du matin

Je me retrouve à nettoyer les traces de sang apparentes des sièges, heureusement pour moi on avait des chaises en plastiques, alors un coup de javel suffisait à tout enlever.

Mon corps était faible. J'étais crevé après cette dure journée de travail et cette altercation avec ce bandit m'avait fait monté la tension.

Je réussis tout de même à terminer de nettoyer et je me rasseois sur une chaise. Je passe un dernier coup d'œil autours de la salle pour être certain qu'il ne reste plus rien, puis m'avachis sur une des tables. Je mets ma tête dans mes bras et sombre rapidement dans un lourd sommeil.

La seule chose que je souhaitais faire en ce moment était d'oublier ce moment cauchemardesque que je venais de passer.

Mardi - 11h30 du matin

Je sens que l'on me seccoue doucement et entends mon nom à mainte reprises. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il se passe mais je me redresse en sursaut lorsque je me rappelle de ce qu'il s'était passé la veille.

Devant moi s'affiche le visage de Islam l'air inquiet, sa main était posé sur mon épaule.

Islam: Wouldi (mon fils) il se passe quoi ? T'as dormi ici ?

Moi: Ah tonton c'est toi... Excuse moi vu que j'ai finis mon service tard j'étais trop fatigué pour rentrer

Islam: Putain je m'en veux j'aurais dû venir te voir après mon urgence, je t'aurais déposé chez toi par la même occasion. Ça n'arrivera plus t'as ma parole.

Moi: Arrête de t'inquiéter wesh c'est rien je te dis.

Islam: Mets ton portable en sonnerie au moins la prochaine fois, tu répondais pas au téléphone alors j'ai pensé que t'étais déjà chez toi.

Moi: Ah... ouais, j'le ferai.

Si je retrouve mon portable un jour ouais. En plus d'économiser pour mes études je dois maintenant économiser pour un nouveau portable, de quoi péter un plomb.

On y ajoute à ça le fait que j'ai pas appelé ma mère et que je l'ai laissé toute seule cette nuit. Elle va me faire une scène. Et puis le chat... j'ai pas pu lui ramener à manger le pauvre.

Le visage d'Islam se refroidit légèrement et il me demande:

Islam: Wouldi, c'est quoi ce sang sur ton t-shirt ?

Cette fois ci c'est à mon tour de devenir pâle, à trop vouloir nettoyer le restaurant j'en ai oublié ma propre personne. Je peux lui trouver quoi comme excuse ?

Moi: Euh... j'me suis coupé le doigt et je me suis essuyé sur le t-shirt sans faire exprès, ça en a mit de partout j'avais envie de péter un plomb j'te jure...

Le mensonge était un peu cramé, mais connaissant Islam il ne me demandera rien. Il me fait bien trop confiance pour ça.

Islam: Écoute, prends ta journée aujourd'hui. Va te reposer chez toi tu dois être claqué

On voyait bien qu'il se sentait coupable alors que je lui avais dit de ne pas l'être ! De plus je refusais de rentrer chez moi, j'avais besoin de thunes moi.

Islam: Je vais compter cette journée comme si t'avais bossé t'inquiète. Rentre chez toi maintenant.

Je sais pas à quoi je devais ressembler en ce moment, mais je devais avoir une dégaine terrible pour qu'il ait autant pitié de moi.

Je me lève donc et saisis ma veste et l'enfile, parce que si je sors dehors et montre au public ce sang je vais finir en GAV.

Moi: Bon.. Bah à demain tonton

Je lève la main en signe de salue et quitte finalement les lieux pour aller jusqu'à l'arrêt de bus.

Pendant tout le trajet je ne sais pas pourquoi mais j'avais ce sentiment d'appréhension envers ma mère. Comment allait-elle réagir ? Elle a toujours eut des réactions excessives à cause de l'alcool qu'elle buvait. Elle ne savait plus faire la part des choses... pour elle je serai toujours celui qui est en tort alors que je suis celui qui se plie en 4 pour notre famille.

En entrant dans mon quartier je commençais à chercher du regard mon chat, histoire de l'attirer devant chez moi pour lui ouvrir une boîte de thon. Mais rien, je ne le trouvais pas, il avait totalement disparu. Je ne m'inquiétais pas plus que ça, c'était un chat errant, alors il réapparaitra quand il le souhaitera.

Une fois dans mon bâtiment je monte les escaliers jusqu'à mon étage et en sors mes clés. J'insère lentement la clé dans la serrure pour faire le moins de bruit possible et entre à l'intérieur. Une fois à l'intérieur je me rends compte que c'est le silence total. Peit-être qu'elle était sorti s'acheter des bières ? Enfin peu importe, tant mieux pour moi.

Je me dirige vers la cuisine et en entrant je vois ma mère, une casserole dans une main et un œuf dans l'autre. Son regard rempli de fatigue se tourne vers moi, et je peux maintenant discerner une teinte de colère.

Maman : C'est maintenant que tu rentres toi ?

Moi: J'avais plus de batterie je pouvais pas te prévenir.

Maman: Tu te fous de ma gueule !? T'étais où !? Je t'ai attendu toute la nuit connard c'est pas une excuse ça.

Moi: Pourquoi tu t'excites comme ça!? Laisse moi le temps de t'expliquer nan ??

Maman: Change vite de ton avec moi parce que j'vais te défigurer la gueule si tu me cherches la merde.

Cette situation commence rapidement à me tendre mais je dois être patient. Même si cette femme ne sait pas se comporter avec moi, elle reste ma mère.

Moi: Islam avait une urgence et j'ai fait le service de nuit. Comme y'avait plus de bus j'ai dormi au restau. Contente ?

J'ai bien évidemment pris soin de modifier l'histoire qu'il s'était passé, elle ne m'aurait jamais cru de toute manière.

Maman: Et tu crois que je vais croire à tes mythos là ? Tu mens à ta mère maintenant ?

Son poing se resserre légèrement et elle me jette l'œuf qu'elle avait entre les mains dessus. Elle teste ma patience là.

Moi: T'es sah là ? T'as quel âge pour faire ça !?

Maman: Arrête de mal me parler !

Elle commençait à devenir hystérique, hurlant des paroles qui n'avaient aucun sens et qui dépassaient sûrement ses pensées. Elle commença à me balancer la casserole dessus, j'ai essayé de l'esquiver mais elle avait heurté ma tête.

Moi: Putain mais t'as pété un plomb !? Regarde ce que t'es entrain de faire vieille folle !?

Je cris de douleur et m'accroupis au sol, plaçant ma main durement sur ma tête.  En l'enlevant je peux sentir un liquide s'écrouler le long de ma tête, descendant jusqu'à mon t-shirt.

Maman: Le seul jour où j'ai pété un plomb c'est quand j'ai donné naissance à une sous-merde comme toi. Tous les jours je regrette, tous les jour ! Casse toi de ma vue!

Je me relève faiblement et me dirige faiblement vers elle. Son regard commence à paniquer, elle doit penser que je vais la frapper même si j'ai toutes les raisons de le faire. Mais nan je ne fais rien de tout celà. Je vais juste piocher dans le placard une boîte de thon et me casse de cette pièce.

Lui parler n'aurait mené à rien. Alors je la laisse juste faire. Elle reviendra comme d'habitude en s'excusant quand elle se rendra compte que le frigo sera vide.

Je vais dans ma chambre et prends ma sacoche où se trouve ma CB puis me casse. Moi qui avais besoin de prendre une bonne douche... ça attendra.

J'aurais finalement dû continuer à bosser aujourd'hui, ma journée aurait pu être meilleure.

En sortant je croise finalement mon petit chat qui m'attendait au pas de la porte. Je le prends dans mes bras et me casse de ce bat' de merde.

COMPLEXESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant