𝙋𝙍𝙊𝙇𝙊𝙂𝙐𝙀

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《𝑽𝒂𝒍𝒊. 𝑺𝒊 𝒕𝒖 𝒍𝒊𝒔 𝒄𝒆 𝒋𝒐𝒖𝒓𝒏𝒂𝒍, 𝒄'𝒆𝒔𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒋𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒎𝒐𝒓𝒕. 𝑷𝒖𝒊𝒔𝒔𝒆𝒔-𝒕𝒖 𝒕𝒆 𝒑𝒂𝒓𝒅𝒐𝒏𝒏𝒆𝒓, 𝒄𝒂𝒓 𝒋𝒆 𝒍'𝒂𝒊 𝒅𝒆́𝒋𝒂̀ 𝒇𝒂𝒊𝒕. 》


Dans la vie d'un homme, il apparait toujours un point de non-retour, qui le pousse vers des chemins divergents. Soit nous prenons la solution de facilité et vivons dans le confort, soit on se retrouve dans une merde noire, à essayer de garder la tête hors de l'eau et le bras attachée autour d'une bouée.

Je crois bien ne jamais avoir eu à faire ce choix. D'aussi loin que je me souvienne, mon père - ou plutôt le Pakhan - a mené ma vie d'une main de fer, et en suivant ses convictions.

On ne met jamais en question la décision d'un Pakhan. Encore moins de père. Et si vous vous en fait de lui un ennemi, et bien bonne chance. Il est vile, hargneux et cruel. Des défauts repoussants mais qui l'ont considérablement aidé dans sa quête de vengeance.

Ca aussi, je n'ai jamais eu le droit au chapitre. Cette guerre sans fin, à étriper chaque homme et femme, voire enfant, venant d'un clan différent du notre.

Une suprématie, qu'il disait. Un joug sans pareil, qui me reviendrait une fois ma valeur gagnée auprès de lui.

Le problème, quand on est un monstre assoiffé de sang, c'est qu'on ne se débarrasse jamais vraiment de l'odeur de la mort et de la haine. Mon père avait des œillères, une obsession telle qu'il n'a pas vu le danger le guettant. 

La violence était à part entière de son quotidien. Le sexe, une autre façon de raffermir sa prise sur des personnes affaiblies. Et enfin, la torture, un exutoire, une drogue, dont il ne pouvait se passer.

D'aussi loin que je me souvienne, ses yeux n'ont jamais contenu une seule trace de cœur, seulement un brasier destructeur et un cœur plus ferme encore que la pierre.

Il était bon chef, mais très mauvais père. 

Il voulait tant se débarrasser de ses ennemis qu'il n'a jamais remarqué la menace tapie dans son ombre. Et une fois qu'elle eut frappé, sa dernière vision fût ni plus ni moins que le reflet de ses propres erreurs.

En étant devenue un monstre, il avait engendré bien pire qu'un égal.

Il avait engendré sa destruction.


𝟏𝟓/𝟎𝟔/2006
𝐒𝐀𝐍𝐓𝐀 𝐌𝐎𝐍𝐈𝐂𝐀

Je n'avais jamais senti de telles odeurs auparavant. La fumée me rentre aussi loin qu'elle peut dans la trachée et m'empêche quasiment de respirer. Mes mains viennent gratter frénétiquement ma gorge, comme si ce geste pouvait arracher cette sensation suffocante. Bien sûr, il n'en est rien.

Pietrov, l'homme de main du Pakhan, me lance des coups d'œil inquiets. Parmi les vingt hommes se bousculant dans cette maison assiégée par les flammes, il est le seul à rester près de moi, à s'assurer que je tombe pas dans les pommes.

Ses cheveux blond platine sont retenus par un chignon raide, lui donnant un air austère. Son masque à gaz cache son expression, mais j'imagine sans mal son mécontentement. Il est le seul à discuter de rare fois les décisions du Pakhan à mon égard.

Finalement, un homme de main aboie son nom, à l'étage. Après une légère pression sur mon épaule, comme pour me signifier qu'il reviendra rapidement, son pas se presse et il replace son fusil automatique dans ses mains gantées.

BRUTALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant