On a tous eu des réveils merdiques. Gueule de bois, envie de pisser douloureuse, mal de crâne impossible..
J'ai le bonheur de ressentir tous ces symptômes réunis dès que j'ouvre un œil. Une vive lumière me rend immédiatement aveugle et je laisse échapper un « putain » rauque qui sonne si graveleux que je sursaute à son entente.
— Ha ! tonne une voix. La Belle est enfin réveillée.
Je me relève tant bien que mal. Mon regard, même hagard et partiellement défectueux, se pose sur une silhouette familière.
— Pietrov, je laisse échapper en me massant les tempes. Je ne pensais pas te revoir de sitôt. Tu tapes une sacrée gueule d'enterrement.
Pietrov fronce ses sourcils broussailleux. Sa mâchoire est ombragée d'une barbe très mal taillée qui était pourtant parfaitement entretenue la dernière fois qu'on s'est vu.
Il semble particulièrement tendu. Ses jambes tressautent à intervalles réguliers tandis que le haut de son corps tremble imperceptiblement.D'un point de vue extérieur, il peut simplement paraitre impatient. Mais quand on le connait comme moi, toute sa stature crie une profonde anxiété.
D'un mouvement sec, il se lève en me fusillant du regard.
— Quoi, vieil homme ?
— C'était stupide.
Je soupire.
— Je viens de me réveiller et par conséquent, ai très peu envie de décrypter chacune de tes réponses laconiques. Dis ce que tu penses. Explicitement.
Pietrov laisse échapper un grognement de frustration, puis il se rapproche de la méridienne sur laquelle je suis assis en faisant racler sa chaise.
— Putain mais vas te faire enculer, j'ai un mal de crâne pas possible et tu-
— Tu veux du franc-jeu ? Alors allons-y, je vais jouer franc-jeu, me coupe-t-il.
Son regard sombre est vissé au sien. J'ai comme l'impression qu'il va me passer un savon.
— Tout ça là, reprend-t-il en désignant la pièce dans laquelle nous sommes, c'est une putain d'opération suicide. Je t'ai dis que tu devais faire profil bas, ne pas te faire repérer au risque de tout faire capoter. Mais qu'est-ce que tu te dis ? Non non, je vais jouer au con, attirer sur moi les putains de soupçons d'une dizaine de gars de la Bratva parce que j'adore jouer au coq !
Je reste sans voix. Une veine pulse sur sa tempe, et alors, je sais que sa tirade n'est pas terminée.
Autant calmer le jeu, sinon j'ai bien peur qu'il me claque entre les doigts.
— Je n'ai pas éveillé ces soupçons-là, je tente.
— Soit tu es extrêmement naïf, soit tu cherches à nous faire tuer tous les deux. J'ai accepté de te faire rentrer dans le programme par acquis de conscience, grince-t-il. Mais je foutrais pas gentiment ma tête sur le billot pour tes beaux yeux.
— Personne ne sait qui je suis !
— Mais si tu continues, ça ne va pas tarder, bon sang ! s'emporte-t-il.
Je ressens sa colère sur ma langue. Elle a le goût de brûlé et d'amertume. Les médicaments m'abrutissent, ce qui me frustre grandement. Je n'ai pas mes pleines capacités pour répondre et Pietrov le sait très bien, sinon il ne se permettrait pas un tel savon.
La chaleur familière de la colère bouillonne dans ma poitrine.
— Il ne saura pas, j'articule avec lenteur.

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BRUTAL
Fanfiction𝗟𝗘 𝗣𝗔𝗞𝗛𝗔𝗡 𝗘𝗦𝗧 𝗠𝗢𝗥𝗧. 𝗩𝗜𝗩𝗘 𝗟𝗘 𝗣𝗔𝗞𝗛𝗔𝗡. Cela fait quatre ans que la Bratva sévit aux Etats-Unis : à sa tête, un mystérieux homme aussi insaisissable que dangereux. Poussé par ses secrets, Jeon Jungkook est contraint de rejoind...