Mon amant le savant (Dottore x OC)

Chapitre 06 - Mais tu ne m'as jamais laissée partir.

Point de vue : Ysalis

Ce jeune homme... Il m'a aidée, il m'a sauvée et m'a même forcée à fuir, mais... à quoi bon ? Je n'en peux plus. Mon corps est exténué, mon esprit à la dérive. Chaque pas est devenu un supplice, chaque respiration une lutte. Fuir... Encore et toujours. Fuir sans destination.

Je ne sais même plus pourquoi je cours. Je suis perdue. Désorientée. Seule.

Peut-être... Peut-être que me laisser capturer ne serait pas pire, cesser cette fuite épuisante, arrêter cette lutte constante... juste, abandonner. Ce mot résonne comme une tentation douce-amère, telle une fin à cette souffrance. Les ruelles sombres de cette ville inconnue m'enveloppent dans un labyrinthe glacé. Mon souffle est rauque, court, mes jambes tremblent d'épuisement. Je vacille. Et soudain... une impasse.

Un mur imposant se dresse devant moi, une barrière froide et impitoyable, ultime coup du sort dans cette course insensée. La goutte de trop qui fait déborder le vase. Mes jambes cèdent sous moi, et je m'affaisse dans la neige froide, mon dos appuyé contre le mur d'un bâtiment délabré. Le silence m'enveloppe, oppressant et glacé.

Je tire mes genoux contre ma poitrine, emmitouflant mon visage tremblant dans mes bras gelés. Le froid mordant s'insinue jusqu'à mon âme. Mon écharpe humide ne me protège plus de rien. D'une voix faible et brisée, à peine un souffle, les mots m'échappent :

- « Je n'ai... aucune échappatoire. Je veux rentrer chez moi, je veux retrouver ma fille et mon mari. », ma gorge se noue, la douleur écrase ma poitrine. « Que sont-ils devenus ? Mes proches... mes amis... Sont-ils au courant ? », je serre mes bras autour de moi, secouée par un frisson incontrôlable. « Est-ce que... je suis... morte ? Suis-je réellement morte... sous ses yeux ? »

L'image de Lyra surgit, me poignardant de l'intérieur. Son regard effrayé. Avait-elle vu ? Était-ce mon dernier souvenir d'elle ? Les larmes montent. Je lutte, mais l'angoisse me submerge.

Si je ferme les yeux... Si je m'endors ici, dans cette neige glacée, vais-je enfin me réveiller ? Chez moi. Au chaud... Ou vais-je disparaître, engloutie par cette obscurité glaciale, morte seule et oubliée ?

Une idée désespérée jaillit soudain dans mon esprit, comme un dernier éclat de lucidité. Mon téléphone. Peut-être que je n'avais plus de réseau dans les montagnes, mais maintenant que je suis en ville... Peut-être que... Je me redresse fébrilement, un brin d'espoir.

Mes mains gelées fouillent frénétiquement dans mes poches, mais rien. Rien. Je cherche encore, retournant mes affaires avec une urgence fiévreuse... Il n'est plus là. Je reste figée, mes doigts tremblants se refermant sur le vide.

Perdue, seule, abandonnée de tous et de tout.

Alors que le froid m'étreint et que l'obscurité semble prête à m'engloutir, une chaleur douce et rassurante m'enveloppe. Je fronce les sourcils, troublée par cette chaleur inattendue qui s'insinue à travers mon écharpe humide, dissipant légèrement l'air glacial autour de moi.

Puis, une lumière dorée éclatante fend la nuit, apparaissant devant mes yeux fatigués. Une petite étoile... Toujours la même. Elle jaillit de nulle part, éclatante et vibrante, dansant dans les airs avec une énergie joyeuse et vive, comme un souffle de vie.

Je reste pétrifiée un instant, incapable de détourner le regard, hypnotisée par ses mouvements gracieux et lumineux. Elle virevolte, trace des arabesques dans la nuit, dispersant l'ombre oppressante comme si elle repoussait le désespoir lui-même. La lune. Je lève lentement les yeux vers le ciel. La pleine lune, majestueuse et brillante, trône parmi les étoiles scintillantes, éclairant la ville de sa lueur argentée. Son éclat baigne la petite étoile dorée, comme pour renforcer son éclat chaleureux.