1- Le réveil

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Une piqûre dans le creux de son avant-bras et Magdalena émergea de la nuit qui avait emprisonné son esprit en même temps que son corps. Le H123 – mélange d'adrénaline, de protéines et de vitamines – circulait déjà dans le réseau sanguin, réveillant son cerveau, ses organes et ses muscles. Alors qu'une douce chaleur se répandait dans son être, la jeune femme trouva la force d'entrouvrir les yeux. Derrière le rideau épais de ses cils, une lumière pâle l'accueillit parmi les vivants. Ses bras et ses jambes ne répondirent pas tout de suite à sa volonté. Que m'est-il arrivé ? se demanda-t-elle, inquiète. Après quelques dizaines de secondes d'attente, l'énergie se fraya un chemin jusqu'à ses doigts et ses orteils, lui permettant de les sentir remuer. Enfin. Où suis-je ? s'interrogea-t-elle, gagnée par une envie grandissante de comprendre. 

Sa tête pivota d'un mouvement lent vers la droite, puis vers la gauche. Cet environnement blanc lui parut inhospitalier, presque hostile. La surface des murs et du plafond semblait trop lisse, comme si l'endroit voulait détruire jusqu'à la moindre singularité. Soudain, un bip retentit, suivi d'une série d'autres, tous réguliers. Agressée par ce son aigu, Magdalena se boucha les oreilles, s'agitant dans ses draps. Est-ce un hôpital ? J'ai eu un accident ? Une maladie grave ? L'incompréhension et la peur étreignaient son cœur. Pourquoi personne ne surveillait son état ? Tordant son cou en tous sens, elle parvint à voir plus loin. Ce n'était pas une machine, mais des dizaines qui l'encerclaient. Pourquoi ? Et si ce n'était pas un hôpital, mais un laboratoire ? Ils font des expériences sur moi et je suis un cobaye, si ça se trouve ! s'indigna la jeune femme.

Furieuse d'être enfermée contre son gré, elle tenta de se lever avec la ferme intention de fuir. Sa tête heurta une paroi, invisible jusque-là. À demi assommée, elle retomba sur le dos, en grattant son front endolori. C'est quoi cette histoire ? Je ne suis pas dans un lit ? Déterminée à retrouver sa liberté, Magdalena se mit à frapper la vitre de toutes ses forces. La matière résista en dépit de ses efforts. Rageuse, la prisonnière hurla de dépit. Qui peut donc oser enfermer un individu ? Qu'ai-je fait de mal ?

Tout ceci n'avait pas le moindre sens. La panique grondait en elle tel un dragon furieux, et la machine mesurant les battements de son cœur émit un cri strident. Une alarme ? s'étonna Magdalena. À l'aide ! Sortez-moi de là, je vous en supplie. La faiblesse de sa voix la surprit tandis que l'air insufflé par l'un des appareils commençait à ne plus suffire. Je ne veux pas mourir dans ce truc ! Vite, venez à mon secours !

Les larmes au bord des yeux, elle frappa de nouveau la bulle de verre qui la retenait captive. Désespérée, la jeune femme éclata en sanglots. Ses sens toujours aux aguets, elle finit par percevoir des bruits de pas pressés. Plusieurs personnes arrivent ! pensa-t-elle avec soulagement. Son calvaire serait bientôt terminé et elle ne se priverait pas pour exiger des réponses. Alors que Magdalena se contorsionnait de nouveau, elle aperçut une lourde porte qui s'ouvrait sur un groupe d'individus vêtus de blouses blanches. Le caducée cousu sur une poche acheva de la rassurer. Ils font partie d'une équipe médicale ! Hélas, au lieu de se précipiter auprès de la jeune femme, ils semblaient plus intéressés par les écrans éparpillés dans la salle. Pianotant sur des claviers, ils devaient consulter les données récoltées à son réveil et vérifiaient ses constantes. S'efforçant de patienter jusqu'au moment de sa libération, la prisonnière crut mourir de terreur tant l'attente lui parut interminable.

Enfin, le couvercle se souleva, laissant l'air ambiant parvenir jusqu'à ses poumons. Plus lourd que celui instillé dans le caisson, il la fit tousser avant qu'elle ne se soit habituée à cette nouvelle concentration d'oxygène et d'azote. Ne pensant qu'à quitter cette couche infernale, Magdalena passa son bras sur l'arceau de métal et y prit appui afin de réussir à s'asseoir. Elle se retrouva en position instable jusqu'à ce qu'une infirmière aux cheveux grisonnants vienne la soutenir d'une poigne solide dans le dos. Reconnaissante, la patiente lui adressa un sourire poli avant de la voir s'éloigner. Cette première étape franchie, elle profita de ce nouveau point de vue pour mieux étudier la pièce. Étrange comme celle-ci lui paraissait plus réduite à présent. Était-ce ses sens encore endormis qui l'avaient trompée ou la demi-douzaine d'individus qui l'occupait ? Elle n'aurait su le dire.

Au nom du pouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant