Chapitre 8

34 8 5
                                    

Valentina observa Thomas avec curiosité. Cela voulait-il dire qu'ils s'étaient déjà côtoyés et qu'elle avait oublié ? Elle n'avait aucun souvenir de lui, et pourtant, elle avait une bonne mémoire. Peut-être s'étaient-ils croisés à Sweet Amoris ? Mais des yeux comme les siens ne lui semblaient pas oubliables. Il avait de très beaux yeux verts. Elle plongea un peu plus dans ses pensées, se remémorant tous ses camarades de classe, et il n'en faisait clairement pas partie. Peut-être était-il délégué comme elle et avaient-ils participé à des réunions ensemble ? Sûrement pas, elle s'en serait souvenue. Peut-être avait-il tellement changé qu'elle ne faisait pas le lien ?

Elle l'observa plus intensément, essayant de trouver dans sa mémoire l'image d'un adolescent rouquin aux yeux verts, mais rien ne lui venait. Elle remarqua qu'il semblait perdu dans ses pensées, finissant sa bière. La curiosité l'emporta.

"Est-ce qu'on a déjà parlé tous les deux avant ?"

"Tu ne me connais pas, non."

"Mais toi, tu me connais ?"

"Tu ne passais pas inaperçue au lycée, Valentina. Tu étais un peu une star malgré toi."

"Oh ! Comment ça ? J'étais pourtant assez discrète."

"Discrète ? Si on veut, mais pourquoi as-tu été élue reine du bal de promo à ton avis ?"

"Je n'en ai aucune idée, je ne me suis jamais posé la question."

"Tu n'auras qu'à demander à Elenda si tu es curieuse, elle saura te l'expliquer."

Valentina chercha Elenda du regard tout en réfléchissant aux paroles de son collègue de travail. Y avait-il une raison pour qu'elle soit élue par ses camarades ? Elle n'était certes pas détestée, mais de là à être appréciée... Elle ne le pensait pas. Elle avait réussi à se faire une place dans sa classe, c'est sûr, elle était aussi déléguée de sa classe et s'était investie dans les activités proposées afin d'en découvrir autant qu'elle le pouvait. Mais elle était aussi un peu bizarre, et on le lui avait dit.

Tout juste deux semaines après la rentrée scolaire, comme chaque matin, Valentina arriva tôt pour travailler au CDI avant le début des cours. Elle s'installa et se plongea dans un manuel d'histoire. L'histoire l'avait toujours beaucoup passionnée : l'évolution des modes de vie, des façons de penser ou de gérer un conflit. Absorbée par des récits sur Alexandre le Grand, elle ne vit pas le temps passer. Lorsque la cloche sonna, annonçant le début imminent des cours, elle sursauta, se leva et rangea très vite ses affaires avant de rejoindre le couloir où elle rentra dans une camarade de classe.

"Tu ne peux pas faire attention, Valentina ? Tu n'es pas toute seule."

"Je suis désolée, je ne t'avais pas vue."

"Bien sûr ! Comme si je passais inaperçue. En plus de me bousculer, tu m'insultes."

Valentina fut déconcertée par l'altercation, c'était la première fois qu'elle était confrontée à de l'hostilité. Elle se perdait dans ses pensées, essayant de comprendre.

"Valentina, tu m'écoutes ? Tu ne peux pas me rentrer dedans et simplement t'excuser. Je ne suis pas n'importe qui."

"Alors, qui es-tu ?"

Cette question pleine d'innocence et sans aucune malice lui apporta son lot de conflits inutiles, mais encore aujourd'hui, Valentina s'en souvenait comme d'une bonne expérience de vie. Certes, être prise en grippe par Mélissa, la reine du lycée autoproclamée, n'était pas l'expérience la plus drôle, mais cela lui avait tout de même permis d'en apprendre plus sur les règles de la vie en milieu scolaire. Heureusement, aussi peste que soit Mélissa, elle n'était pas bien méchante. Deux ou trois moqueries plus tard, lasse de ne pas voir Valentina répondre, elle avait lâché l'affaire et était retournée à son monde de princesse.

Le cri d'Elenda ramena Valentina au moment présent, et elle adressa un petit sourire à Thomas avant de se tourner vers la salle pour observer son amie, qui se retenait de tomber à cause d'un Castiel mort de rire. Un petit rire plus tard, elle reporta son attention sur Thomas et se pinça les lèvres quand elle croisa son regard, qui l'observait minutieusement. Fidèle à elle-même, elle ne put retenir un petit rire.

"Donc, Thomas, tu es plus jeune que nous."

"Drôle de remarque. Pourquoi ?"

"Au lycée, je me suis beaucoup impliquée dans le conseil des élèves et j'étais déléguée. J'ai aussi une bonne mémoire. Je m'en serais souvenue si tu avais été de notre année."

"Tu as fait une bonne déduction. Mais pourquoi ?"

"Tu te souviens de moi et je ne me souviens pas de toi, n'est-ce pas étonnant ?"

Thomas sourit puis reporta son attention sur Elenda, qui venait de les rejoindre et de s'asseoir à côté d'eux. Elenda les salua de la main et ne dit pas un mot, mais tout dans sa gestuelle indiquait qu'elle attendait l'autorisation de parler.

"El... qu'est-ce qu'il y a ?"

"Bon sang, je vous regarde depuis tout à l'heure, vous flirtez sans moi !"

"Tu veux qu'on flirte avec toi ? Tu as trop bu, El."

"Peut-être, oui. Flirte avec moi, Tina !"

"N'est-ce pas toi qui flirtes avec Castiel depuis tout à l'heure ?"

"Oui, oui, non, non, j'ai concocté ce plan machiavélique pour vous laisser ensemble. J'ai tout raconté à Castiel et il m'a raconté plein d'anecdotes sur toi."

Valentina rit franchement à l'aveu fier de son amie. Cette soirée dans une ambiance légère était parfaite. Valentina se sentait étrangement ressourcée, elle prenait réellement conscience de sa présence ici, avec son amie.

"C'est un bonheur de te retrouver, El."

"Je suis contente aussi. D'ailleurs, il est trop tôt pour se quitter, non ? Qu'est-ce qu'on fait ?"

Valentina regarda autour d'elle et s'aperçut que le bar se vidait progressivement. Castiel et son groupe rangeaient leurs instruments et leurs affaires. Son regard croisa celui du batteur quelques instants avant qu'elle ne se retourne vers ses amis en haussant les épaules.

"On peut toujours aller faire une balade nocturne au parc ? Je n'ai pas encore d'appartement pour vous y inviter."

"Et chez moi, Bruna n'aimera pas ça... Thomas ? Une idée ?"

"Aucune, je vais rentrer pour ce soir."

"Quoi, déjà ?"

"Qu'est-ce que vous faites ? Je fais un after chez moi, ça vous tente ?"

Trois paires d'yeux se tournèrent alors vers Castiel, et Valentina sourit de toutes ses dents avant de regarder ses collègues.

"Et voilà, on sait ce qu'on fait maintenant. Tu es sûr de vouloir rentrer, Thomas ?"


---------------

Bonjour à tous,

Je suis consciente que l'attente fut longue.

J'étais épuisé, et j'ai déménagé juste après... Donc je n'ai pas eu le temps, mais je vais me rattraper <3

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. On se retrouve bientôt.

La complexité des cœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant