Chapitre 1

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“Luxe, calme et procrastination”

Azély 
Chez sa mère,
19 décembre 2023

Un bruit sourd fait vibrer ma table de nuit. Ce bruit soudain et étrange me sort de mon sommeil, et par la même occasion, mon neveu de neuf mois qui dort juste à côté de mon lit dans un cododo, aussi. Je l'entends chouiner, ce qui veut dire que je vais assassiner celui qui m’appelle au milieu de la  nuit. J'ouvre les yeux et regarde ma table de nuit. 

James… il est quatre heures du matin. Cet abruti irrespectueux pourrait m'appeler bien plus tard. Je décroche le téléphone et le mets sur haut-parleur pour avoir les mains libres. Je prends Naël dans mes bras pour le rassurer, et avec du mal, j’essaye d’articuler.

— Tu n’as pas la légère impression qu'on est au milieu de la nuit ? pesté-je en passant mon petit doigt sur les gencives douloureuses du petit. 

— Oui mais il faut que je te parle avant d’aller au travail. 

Il est paysagiste donc il se lève généralement dans ces heures-là pour être opérationnel à cinq heures trente. Ce n’est clairement pas une excuse pour me réveiller, encore moins de sa part. Depuis quelques mois, notre relation brasse du vent, c’est pour ça que ça fait deux semaines que je suis retournée vivre chez ma mère.

— Tu aurais pu m’appeler plus tard quand même, tu sais très bien que je garde le petit de ma sœur cette nuit. 

— Mais tu me manques. 

J’appuie sur le bouton rouge du téléphone. Cette phrase n'est absolument pas acceptable pour me réveiller au milieu de la nuit. Je me repose sur mon oreiller et installe Naël à côté de moi. Mais bordel, quelle est ma vie en ce moment ? En lui faisant des papouilles sur le ventre, il s’endort. Je maudis clairement James, il sait très bien qu’une fois que je suis réveillée, je n’arrive pas à me rendormir. Égoïste qu’il est. 

Je m’écarte doucement du bébé, me lève du lit pour mettre un traversin à ma place, et allume le babyphone. Je prends mon téléphone, sors de la chambre afin de me faire une cigarette, et navigue sur Snapchat. Je clique sur la conversation avec James et commence à écrire. 

“ J’aurais beau te manquer, c’est pas ça qui change ton comportement. Ton appel est encore une preuve de ton incapacité de penser aux autres et pas qu'à toi. Forcément aucun effort n'est fait, c'était une fois de plus des belles paroles. ” 

J’envoie le message et pose mon téléphone, je plonge mon regard dans le vide et retourne dans mes pensées. Il est peut-être temps de tourner la page une bonne fois pour toute. Depuis quelques semaines, j’ai envie de prendre le large, de m'installer plus loin, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles personnes. Aller dans le sens du vent, aller là où la vie m’emmène. Ou tout le contraire, aller là où je me sens le mieux, avec des personnes que j'adore. 

Je suis chez ma mère depuis quelques jours, mais dès que j’ai eu dix-huit ans, je suis partie vivre chez mon grand frère, Brett. C'est le fils de mon géniteur. Sa mère est décédée quand il avait dix-neuf ans. Il en a trente-deux maintenant. Mon frère est loin d'être le citoyen idéal, mais je l'aime d'un amour fou. 

Un pleur dans le babyphone me sort de mes rêveries. J'éteins précipitamment ma cigarette, fourre mon téléphone dans ma poche, et rentre dans ma chambre. J’allume la petite LED, puis m'assois à côté de l’enfant. Je passe ma main sur sa tête, sauf qu’il me tend les bras. Ne pouvant pas résister, je le porte et le mets contre mon torse. 

- Ça va aller mon pouyou. Tata est là. 

Je berce le bébé en me penchant d’avant en arrière, ce qui a lieu de me bercer en même temps. Malheureusement il ne se calme pas, donc je me lève et marche dans la pièce. Je vérifie la couche qui est toujours vide. Je pense que ce sont ses dents qui lui font mal, cependant pour éloigner le doute, je pars dans la cuisine pour préparer un biberon.

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