Chapitre 5

5 0 0
                                    

“ Les actes prouvent toujours que les mots ne valent rien”

Je reste scotchée à ma chaise. Pourquoi il veut bêtement s’envoyer à l’abattoir ? Il connaît Brett. Elyo est au courant de tout. Il côtoie Brett depuis pratiquement le début de notre relation. Il sait très bien que mon frère ne va pas bien réagir. Mais qu’est-ce qui lui passe par la tête ? 

— Tu es tombé sur la tête du toit de ta maison ? m’offusqué-je très sérieusement. 

Il pouffe un léger rire. Mon dieu… s’il continue de rire, il va se retrouver avec mon poing dans sa figure ! 

— Je veux juste assumer mes actes pour te prouver que je suis sincère. 

— Tu vas servir à rien si tu es mort, tu es au courant ? 

Il ne doit vraiment pas avoir tous les neurones raccordés. En plus, ce gringalet n’est pas très musclé, il ne fera pas le poids face à Brett et les autres, car la maison n’est jamais vide. 

— Je sais très bien que je vais me prendre des coups. Mais je veux te prouver… 

— À trop vouloir prouver, tu vas te brûler les ailes, l’interromps-je. Si tu voulais prouver quoi que ce soit, tu aurais dû le faire il y a deux ans. 

Ce mec va crever bêtement. Mais bon c’est son choix. Tant qu’il est consentant pour ça. 

— J’étais jeune. 

Sans que je ne contrôle mon geste, je lui mets une gifle dans la tronche. Au moins, il a un avant-goût de ce qui l’attend. 

— Tu n’as aucune excuse ! 

Je me lève brusquement de ma chaise. Il y a comme un voile noir qui se pose sur mes yeux. Après tout ce temps, il ose encore chercher des excuses à deux balles ? 

— Oui c’est vrai, je suis juste un con. 

Allez, respire, calme-toi. D’un geste de main, j’attrape son paquet de cigarette et m’allume une clope. Je pars sur la terrasse. J’entends au bruit de ses pas qu’il me suit. 

— Va faire ton sac, on part dans cinq minutes. 

Sans dire une parole de plus, il fait demi-tour. Il n’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. Ou peut-être qu’il est suicidaire. En soi, c’est possible aussi. 

Je laisse les musiques s’écouler. Je regarde le ciel, plus exactement je cherche mon ange parmi les nuages. Je finis ma cigarette, je jette le mégot, puis je pars rejoindre la Mercedes. Elyo ne met pas long feu à me rejoindre et à s'installer place passager. Je démarre, passe la première et j’emprunte la route. 

— Prépare-toi mentalement, car à tout moment, tu te retrouves dans l’une des caves. 

— Non quand même pas. 

Je tourne le regard vers Elyo. Il faut qu’il sorte de son monde de bisounours. Peut-être que ça lui remettra les idées en place. 

— Ok bon. Quoi qu’il arrive, n’oublie jamais que je t’ai prévenu et que c’est toi qui m'a demandé de t'emmener là-bas.   

Il ne me répond pas. Tant mieux. Je n’ai clairement pas envie de lui rappeler tout ce qui se passe chez mon frère. Putain, mais qu’est-ce que je fais ? Je suis clairement en train de l'emmener vers son cercueil. Mais maintenant, on ne peut pas reculer. Je ne fais jamais demi-tour de toute façon. 

Je pense que, dans tous les cas, ce jour devait arriver, alors que ça soit aujourd’hui ou demain c’est pareil. 

La route se fait dans le silence. Mais quand on arrive à l'entrée du bois, je vois qu’Elyo transpire. J’imagine qu’il vient de se rendre compte de sa connerie. Je tends la main vers la boîte à gant, puis en sort le glock. Elyo fait les gros yeux, puis se renfonce dans son siège. 

Sens unique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant