DARK TENTATION [ MY NEMESIS ]

4 - Le ressentiment

- Grand-mère, crois-tu toujours que c'était la bonne décision de confier notre entreprise familiale à cet homme ? Réplique-je de nouveau.

Le petit salon fut plongé dans un silence absolu. Je l'observe attentivement et avec fierté. Je sais qu'elle ne laisserai passé cela sous aucun prétexte. Elle accorde une grande importance à ce sujet.

- Est-ce la vérité ? En se tournant vers Dimitri, il demeurait silencieux. Aucune émotion ne transparaissait de son visage. Comme s'il avait anticipé. Mais je suis persuadé qu'il ne s'attendait pas à ce que j'en informe grand-mère.

- Oui. Répond t-il sans rien ajouter. Son visage restait impassible, peu importe les circonstances. Cela me mettait vraiment mal à l'aise.

Je laisse transparaître un sourire, et il le distingue clairement. Il avait sans doute prévu que personne ne remarque ce qu'il était en train de fomenter contre la famille San Sereno. Je vais enfin pouvoir récupérer ce qui me revient de droit, que ce soit l'hôtel ou la maison.

Néanmoins, contrairement à ce qui était attendu, grand-mère éclate de rire. Je perds le sourire et montre un geste confus. Qu'est-ce qui la fait rire au juste ? Qui y a-t-il de drôle dans cette histoire ? Rigole-t-elle de nerf ou bien est-ce dû à autre chose ? Je suis complètement perdu. Je m'efforce de ne pas comprendre, mais je ne le sais que trop bien.

Ma grand-mère ne se trouve pas de mon côté, ou plutôt elle ne l'a jamais été. Je me sens complètement ridiculisée. J'ai honte. Je veux disparaître. Je le perçois qui m'observe attentivement. Il est hors de question que je croise son regard.

Je m'efforce de retenir mes larmes de tout mon être. Si je pleure là maintenant, ça voudrait alors dire que j'ai perdu tout ce pourquoi je me bats. Il doit vraiment apprécier de me voir si vulnérable de cette façon. Je ne supporte pas de lui montrer ça.

- Je me demandais par où débuter avec ce casse-tête, mais je constate que tu t'en es déjà occupé. C'est bien. Il était impératif de s'en occuper rapidement. C'est une excellente nouvelle.

Est-ce que ma grand-mère vient de lui adresser ses félicitations ? Je tombe de 10 étages. Les efforts de père viennent d'être détruits uniquement par une seule personne, lui. Elle m'a blessé. Je ne sais où me mettre. La façon dont Dimitri me regarde ne fait qu'aggraver ma situation.

- Serena, si tu n'as plus rien à partager, je te prie de nous quitter, s'il te plaît. Elle me parle de cette façon, comme si j'étais une personne sans importance. Elle m'a dit cela si abruptement que ça en devient effrayant.

Grand-mère a perdu la tête. La sénilité la gagnée en fin de compte. C'était sans doute déjà le cas quand elle m'a contrainte à épouser cet homme et lui a confié la maison et l'hôtel.

Je n'arrive pas à croire que de toutes les personnes sur terre, elle ait pu me dire ça. En fin de compte, c'est moi qui suis humiliée. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais en venant ici. Je repars en trombe, l'esprit embrouillé et désemparé.

Je suis en train de courir dans les couloirs. Je veux m'éloigner autant que possible de cet endroit. J'ai besoin d'Hector. Il me faut Hector.

- Hector ! Criais-je au bout du couloir. Aucune réponse ne m'a été donnée.

- Hector !!! Hurle-je de plus belle en ouvrant grand la porte de ma chambre. J'étais essoufflé. Je me sentais épuisé. Mes larmes ne pouvaient plus être retenues.

Il se trouvait là, assis sur la chaise en face de la fenêtre, les yeux fixés sur le vide.

Il se tourne vers moi. Je perçois ces yeux qui s'écarquillent. Sans doute à cause des larmes qui ruisselaient sur mon visage.