chapitre 6

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Des bras puissants me secouent comme un prunier. Je reprends pied dans la réalité, les yeux pleins de larmes et totalement perdu.

Pourquoi ces flashback me font toujours aussi mal ?

Nathan m'attire contre lui dans une étreinte fraternelle. Noé et Romain se rajoutent pour me faire un câlin collectif. Je ne regrette pas de leur avoir raconté mon histoire même si ils ne connaissent pas l'entière vérité.

Demain, ça fera un an qu'ils sont mort.

J'ai vraiment les meilleurs potes de tout l'univers. Ils me laissent salir leurs pulls de larmes et de morve sans broncher. Je les adore !

Je m'attendais à tout sauf à ce que Cassy m'attende toujours à l'endroit de notre rencontre. Sa silhouette sombre se détache à la lumière des lampadaires. Elle a l'air perdu dans ses pensées, mais elle tourne tout de suite la tête en m'entendant.

Je plaque sourire que je veux convaincant sur mon visage mais mes yeux rougis et pleins de tristesse ne la trompent pas.

- Salut...

- Tu as pleuré ?

Elle s'avance vivement vers moi sans prendre la peine de me saluer. Son indiscrétion me fait penser à ma mère qui avait le même trait de caractère et une larme parvient à m'échapper. Elle roule sur ma joue, brûlante, comme la preuve bien concrète de ma douleur.

Cassy tend son bras dans ma direction. Quand je comprends ce qu'elle s'apprête à faire, je recule d'un pas sous le coup de la surprise. Elle reste figée quelques secondes, une expression de surprise peinte sur le visage, puis son bras retombe mollement le long de son corps.

Je panique légèrement face à son sourire crispé. Je l'ai blessée, je le sens.

- J-je... Pardon... Ce n'est pas le bon jour... À lundi.

J'essaie de m'éclipser rapidement. Je déteste cette sensation de mal être !

Un poids m'empêche de me faire la mal. Je me retourne pour voir que Cassy, la tête baissée, s'accroche à ma main comme à une bouée de sauvetage. Elle s'approche de moi avant de m'enlacer.

D'abord, je sent mes joues me brûler. Elle doivent certainement être d'une jolie teinte rouge.

Ensuite, mon coeur s'affolant dans ma poitrine loupe un battement lorsque le souffle de Cassy posant sa tête sur mon torse traverse le tissu de mon t-shirt.

Enfin, mon instinct prend le dessus. Mes bras s'enroulent d'eux même autour de son corps et mon menton se pose sur sa tignasse blonde. Tiens, je n'avais jamais remarqué que je la dépasse d'une tête. Je sent les battements de son coeur aussi affolé que le mien. Bizarrement, ce câlin me fait du bien, étouffant un peu mes peines.

- Explique moi ce qui ne va pas Tomy.

Je tressaille légèrement sous la surprise de l'entendre parler. Automatiquement, Cassy se libére pour se poster devant moi. La séparation de nos deux corps laisse un grand vide en moi. J'ai la sensation qu'une partie de mon être vient de s'arracher brusquement et l'envie puissante d'attraper Cassy pour ne plus la lâcher.

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?

- Je ne peux pas...

Ma réponse laconique fait s'allumer un éclat de défi et de colère dans ses yeux bleus envoûtant. Les miens ne doivent plus refléter que de la lassitude. J'en ai mar que tout le monde cherche à s'immiscer dans ma vie.

- Si tu peux ! Je ne bougerai pas tant que tu n'auras pas craché le morceau.

Un petit gloussement m'échappe. Elle me fait vraiment penser à une guerrière céleste avec ses cheveux blond en bataille et ses poings sur ses hanches.

- Et ne te moques pas !

Je pense que c'est son insistance qui me fait craquer. Je n'oserais jamais avouer que'une partie de moi a peut-être envie de la laisser entrer dans ma vie.

J'expire lentement pour prendre mon courage à deux mains.

- Demain, ça fera un ans qu'ils sont...

Je suis mort de trouille à l'idée de le dire à voix haute. Mes jambes se mettent à flageller, à tel point que j'ai peur de m'écrouler.

- Vas-y, je t'écoute.

La colère qui brillait dans ses yeux se transforme en une douce tendresse qui me donne un coup de fouet. Alors je baisse la tête et murmure dans un souffle.

- Qu'ils sont mort.

Voilà.

Je l'ai dit.

Mes jambes me lâchent et je m'écroule sur le sol, pleurant toute les larmes de mon corps. Cassy se précipite sur moi et me prend dans ses bras.

- Je suis désolée, vraiment désolée ! Calme toi, ça va aller.

Elle me serre contre elle tout en me bombardant de ses belles paroles.

Je m'en veux tellement d'avoir laissé quelqu'un d'autre apercevoir mes failles. Je m'en veux aussi à moi même d'être aussi faible.

Je me redresse en essuyant mes larmes avec rage. Cette fois si, Cassy ne m'empêche pas de partir. Elle se contente de m'observer en silence.

Ce soir, ses prunelles douces et tendres ont accroché les miennes en détresse pour ne plus les lâcher.

Quand l'amour s'écrit avec un YOù les histoires vivent. Découvrez maintenant