Ma première soirée karaoké.
Il a fallu attendre quarante-deux ans pour que j'assume mon homosexualité et tout autant pour que je chante en public avec un verre dans le nez.
Lydie a fini par m'inviter.
Au départ, je me suis tâté à accepter. Vous allez comprendre pourquoi.
Étape 1
Deux lundis après la gaffe de Christophe, soit le 2 mai 2022, j'arrive en salle de repos pour le déjeuner. Marianne, Ghislaine et Sandrine tiennent la main de Lydie. Elles regardent manifestement une bague. En m'asseyant, je plaisante.
- Mariage ?
- Tu sais bien que je suis déjà mariée !
- Remariage ?
Les filles se mettent à rire et je leur fais remarquer que ce n'est pas si stupide que ça. Beaucoup de couples réitèrent leurs vœux au cours de leur union.
- C'est son cadeau d'anniversaire ! s'extasie Marianne.
- Eh bien, joyeux anniversaire, Lydie !
- Merci, me répond la gâtée.
- Un diamant ! Son homme est super romantique. Et toi, Julien... Tu es du genre romantique aussi ? me demande Sandrine en me décochant une œillade sans ambiguïté.
Me souvenant de l'avertissement de Christophe le premier jour où je suis arrivé, une alarme rouge se déclenche dans mon esprit. « Alerte, alerte, terrain miné ! Sandrine cherche un mari ! » Je regarde à mon tour la bague et réponds :
- Si j'en avais les moyens comme ce monsieur, je pourrais être romantique, oui. Mais on ne doit pas avoir la même paie.
- C'est pour ça que tu ne l'es plus, toi ?
- Hein ?
- Marié ! C'est pour ça que tu ne l'es plus ?
J'écarquille les yeux. Moi ? Marié ? Je ne l'ai jamais été. J'ai juste été... Je regarde ma main gauche. Oui, j'ai porté un anneau. Quelques mois. Notamment durant l'été 2021. J'avais assez bronzé pour qu'une marque blanche orne la base de mon doigt. Malgré le temps qui a passé depuis, il existe encore une différence de teintes sur ma peau. Très discrète, mais que des yeux scrutateurs peuvent percevoir.
« Bon sang ! Sandrine a bien observé mon annulaire ! »
Qui sait quelle autre partie de mon anatomie ma collègue regarde avec insistance ? Si elle est le miroir de ce que je fais avec Christophe, les courbes de mon pantalon ne doivent plus avoir de secret pour elle...
- Je n'étais pas marié, la détrompé-je. Fiancé. Et la séparation n'est pas due à mon manque de romantisme ou mon salaire.
À ce moment-là, mon collègue entre de la salle. J'ai le cœur qui palpite. Pendant qu'il va récupérer ses affaires dans le réfrigérateur, je clos la conversation sur le sujet :
- Mais je n'ai absolument pas envie d'en parler.
- Oui, oui, pas de souci. L'essentiel, c'est que tu sois libre.
Elle peut dire ce qu'elle veut, je ne suis plus avec elle. Je prends ma dose quotidienne de Christophe Fabert. Je ne l'ai vu que pour le bonjour du matin pour le moment. Alors, je le regarde, avide, se pencher devant le frigo. Chemise bleue comme ses yeux (j'appelle cette couleur « bleu Christophe », maintenant), jeans noir et baskets blanches. La température fait qu'il a laissé sa veste de costume dans son bureau. J'en profite pour apprécier le rebondi de sa chute de reins. Si j'en avais le courage (ou l'idiotie ?), je m'approcherais pour filer une petite claque à ces fesses qu'il me présente à la limite de l'indécence. Je tire sur mon col, pris d'une bouffée de chaleur.
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Et au commencement, il y avait toi...
RomanceAprès avoir rompu avec sa fiancée et collègue, Julien est contraint de trouver un emploi dans une autre entreprise. A 42 ans, il commence sa "vraie vie", celle de son homosexualité assumée. Nouvel appartement, nouveau job, nouveaux collègues... Ce 1...