A cette phrase, Gabriel resta quelques secondes bouche bée ; qu'avait-il fait pour être qualifié de petit malin ? A peine eut-il le temps d'ouvrir sa bouche qu'un petit blond vint attraper la main de Sébastien. Il n'avait pas peur de se faire embêter et se faire traiter de gay ?
"Oh coucou Gabriel, ça faisait un petit moment ! Depuis notre débat sur le fait que ça n'était pas normal d'être dans un lycée plein d'amiante."
Louis Boyard. Lui aussi était un petit malin, si Gabriel voulait reprendre les mots de Delogu. Il était d'une insolence insupportable, et en plus, il défendait les droits des étrangers et des étudiants ! Qui y croit ? C'était à se demander si c'était plus agréable de confronter Jordan ou le petit-fils du directeur, Jean-Luc Mélenchon. Décidément, tous avaient leurs privilèges dans cet établissement ! Et c'est ce qui faisait que Gabriel redoublait trois fois plus d'efforts que les gens de son âge en cours.
"On m'appelle l'ovni et ça fait zumba cafew, cafew carnaval, j'suis dans le 4x4 teinté, pisté par la banal' !" s'exprima Delogu.
"Ah, ça veut dire qu'il a faim et qu'on va être en retard en cours ça..." s'empressa de rétorquer Louis.
Quel était ce langage, ce moyen de communication ? Etait-il dans un rêve ? Gabriel n'était plus en état de réfléchir, surtout que s'il ne se dépêchait pas, non seulement il n'y aurait plus de Pom'Potes à la cafétéria, mais il serait en retard à son cours de Philosophie.
Il avait finalement réussi à dégoter son déjeuner qu'il mangeait devant le replay de midi les zouzous, mais étant tellement pris par l'émission, il se rendit bien vite compte qu'il allait avoir quelques secondes de retard à son cours, comme il le craignait. Ni une ni deux, il déplie sa mallette pour en faire une trottinette et roula jusqu'à l'amphi N. Mais... Ca n'était pas bien parti lorsqu'il entra dedans.
"Monsieur Delogu ! Je vous prie de vous rasseoir, vous allez recevoir un avertissement ! Monsieur Delogu s'il-vous-plaît vous perturbez le cours !"
Le professeur, monsieur François Hollande avait ce ton nonchalant, alors qu'il était censé disputer Sébastien, qui était debout sur sa table à brandir le drapeau Palestinien. A ses côtés applaudissaient son présumé petit ami, la si intelligente Rima Hassan et son meilleur ami, David Guiraud. Et ce dernier, face à la réaction du professeur, s'indigna.
"Mais quoi faut avoir un pied dans la tombe pour être privilégié maintenant ou ?"
Il fallait avouer que cette remarque arracha un petit rictus à Gabriel. Les gens de gauche sont si drôles qu'il pourrait presque changer de bord. Non. Impossible, surtout quand à droite il y avait Jordan, qui était mille fois mieux. Il détestait devoir l'admettre, mais il était vrai que Jordan avait tout pour lui. Le charme, le sourire, l'éloquence, les idéaux, les valeurs, l'aura, l'ambition, l'argent, le lavabo double vasque, les tickets restaurants, les chèques cadeaux Smyth Toys, le plaquage en bois écologique... Le châtain pouvait passer des heures à énumérer les qualités de cet homme qu'il aimait tant qu'il le détestait. Car voilà la vérité. Gabriel avait eu le coup de foudre pour son cadet dès son arrivée, mais en voyant ce que ce dernier lui faisait subir, il ne pouvait qu'être furieux. Et puis, même avec ceci et le fait qu'il n'aurait eu aucune chance, Bardella étant hétérosexuel, les sentiments ne partaient pas aussi facilement qu'il l'aurait voulu. Il aimait Jordan autant qu'il le détestait. En parlant de ce furibond, il semblerait que ce soit à son tour de proposer son exposé sur le départ à la retraite à 110 ans au reste de l'amphi. Secrètement, Gabriel avait tellement hâte de l'entendre argumenter...
Après 4 minutes 30 d'exposé, désormais terminé, place aux questions de l'auditoire.
"Quel sont les bienfaits économiques pour le pays si cette réforme venait à passer ?" un élève demanda, voulant sûrement lui aussi profiter de la douce voix de l'Alpha ténébreux.
Un long "euh..." se fit entendre avant un énorme bruit de pet. Certains riaient, mais la plupart se demandait qui en était l'auteur. Question vite répondue lorsque Monsieur Hollande se précipita hors de la pièce à cause de l'odeur, et que, toujours figé après sa question, l'on vit le caca couler sur les chaussures de Jordan.
Autant tout l'amphithéâtre se prit d'un fou rire et de remarques en nombre, autant cela ne faisait absolument pas rire Gabriel. Il connaissait le sentiment de honte et d'humiliation plus que personne dans cette école, et voir l'homme qu'il aimait sous cette position l'anéantissait.
Il courut jusqu'à l'estrade, et - dieu merci il devait avoir sport ce jour là - se précipitait pour essuyer les chaussures de Jordan et lui tendre des vêtements de rechange. Ce dernier ne savait plus où donner de la tête, alors il l'abaissait vers le châtain.
"Pourquoi tu fais ça ? On se déteste." Son expression était entre les larmes et la confusion.
"Parce que je sais mieux que quiconque ce que ça fait d'être accablé par la moquerie."
Jordan ne prit pas la peine de répondre et s'empressa de sortir de l'amphithéâtre avec les vêtements de son ennemi.
Fin du chapitre 2.
VOUS LISEZ
Be you, be proud of you because you can be do what we want to do. (Bardellattal)
FanfictionDans une faculté prestigieuse d'Île-de-France, Gabriel apprenait le droit. Dans sa promo, son plus grand némésis, qu'il admirait malgré lui : Jordan. Une même passion, un même objectif mais la vie sentimentale de Gabriel préoccupait étrangement un p...