27. Si vis pacem, para bellum

375 34 2
                                    




Les gens qui s'étaient attroupés sur la place centrale s'étaient écartés du passage lorsque les hommes et femmes du Cercle Blanc arrivèrent à dos de leurs grands chevaux noirs aux sabots bruyants.

L'Alpha Suprême des Grandes Plaines les regarda avec méfiance, installé sur son trône de fer exposé en extérieur pour l'occasion. Ils étaient tous plus grands que la moyenne, vêtus comme s'ils avaient attrapé la première chose qu'ils avaient vu. Leurs yeux étaient plus tirés, leur peau plus pâle et plusieurs d'entre eux avaient les cheveux blonds ou roux.

Leur chef, positionné à l'arrière du cortège, arriva au trot en dernier, lorsque tout le monde fut arrêté. Son apparence étonna ceux qui n'avaient jamais eu l'occasion de le voir en chair et en os. C'était un bel homme. Il avait l'air jeune, cependant sa longue chevelure noire était déjà envahie de cheveux blancs. Ses hautes pommettes étaient rougies par le froid montagnard, quant à ses yeux, ils étaient d'une couleur ambrée. Presque dorée.

Il était connu de tous qu'il était de ceux qui s'adonnaient aux secrets méconnus de la magie noire. Seuls les esprits savaient quel âge avait réellement cet homme et combien d'époques il avait traversé. La pratique était condamnée dans la majorité des meutes.

L'alpha à l'allure singulière observa un moment la meute du haut de sa monture, avant de descendre d'un saut. Il portait des bottes en fourrure ressemblant à deux touffes, un pantalon avec une ceinture d'or et une épaisse fourrure d'ours blanc ouverte sans rien en dessous. Sur la peau de son torse, d'étranges écritures étaient écrites comme s'il s'agissait de la page d'un livre, attirant les regards curieux.

Il regarda un à un les alphas qui faisaient rempart près de l'Alpha Suprême et de son épouse. Il eut un rictus et lança finalement d'un air moqueur :

" Seonho, vous êtes de moins en moins nombreux, l'extinction est proche ?

- Une mort est vite remplacée par une naissance, comme on dit. La saison des amours approche, ce problème sera vite réglé " répondit son rival en se levant.

Les deux alphas se rapprochèrent, bombant le torse, et se toisèrent quelques secondes avant de finalement se serrer cordialement la main. Bien entendu, Seonho ravala toute sa rancœur envers cet homme cruel et sa meute qui l'avaient chassé de sa maison, là n'était pas son but de créer un esclandre inutilement.

" Jun Myeon, bienvenue.

- Mmh, bien trop formel pour moi tout ça ! il pesta en mettant ses mains dans ses poches. Auriez-vous de la bière et de la viande pour mes hommes ? Nous venons de loin, après tout "

Dame Jinae se leva à son tour de son trône, elle s'approcha de Jun Myeon et lui proposa son bras d'un regard. Il accepta volontiers, bien que stupéfié par son audace.

Elle portait une longue robe rouge splendide faite de velours de soie, le corsage sur le décolleté carré sculptait sa silhouette et un boléro de fourrure la protégeait tout de même du froid. Elle avait attaché en chignon le haut de sa chevelure, laissant le reste tomber joliment en cascade. Il y avait bien une chose que Jun Myeon pouvait reconnaître, les femmes des Grandes Plaines possédaient un raffinement naturel qu'on ne trouvait pas chez lui.

" Le rouge vous va bien, madame.

- C'est la couleur de votre drapeau, répondit-elle en souriant légèrement. Une montagne blanche au milieu d'une marre de sang.

- La montagne triomphe face aux foules...

- Fait couler le sang, et se prépare à la guerre pour avoir la paix.

- Vous connaissez les écrits, impressionnant ! "

La bêta acquiesça et finit par dire :

" Ne vous inquiétez pas. Nous avons préparé nos meilleures spécialités pour vous. Vin, bière, canard à l'orange, ragoût d'élan, nos célèbres galettes aux amandes et moult autres mets... J'espère que cela vous plaira.

Butterflies And Hurricanes | jikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant