Quand je me réveille, je ne suis plus dans le train. Le jeune homme m'a transportée pendant que je dormais et a erré dans Soissons à la recherche de quelqu'un qui connaîtrait mes parents.
« Tu es réveillée...
– Oui. Vous n'avez pas dormi ?
– À peine. Je cherche depuis l'aube.
– C'est gentil à vous.
– Reconnais-tu cet endroit ? »
Je regarde autour de moi. Ces lieux ne me sont pas totalement inconnus. Je pense qu'on est tout près de chez moi. Oui ! Au bout de la rue !
Je me relève promptement, chancelle, et me mets à courir.
« Hé ! Attends, Phil !
– Je sais où on est ! »
L'autre me suit de près. Arrivée devant la maison, je n'ai déjà plus de souffle, mais j'appuie sur la sonnette. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre et je me jette dans les bras de ma mère.
« Ph... Phil... Tu es de retour... On s'est fait un sang d'encre !
– M... ma... maman... sanglotai-je. »
Mes larmes coulent, ruissellent sur mes joues, inondant mon visage. Je ne vois plus rien. J'ai faim. J'ai soif. J'ai envie de dormir.
« Où étais-tu passée... ?
– Je pense qu'elle a besoin d'abord de se reposer, suggère mon sauveur.
– Qui êtes-vous ?
– Loïc Delbare. J'ai rencontré Philippine près de la gare de Montpellier.
– Montpellier ?!
– Elle m'a dit qu'elle a été enlevée.
– Oh ma chérie ! »
Nous rentrons tous les trois. Quand mon père me voit, il se fige un instant. Puis il s'avance lentement vers moi.
« Philippine... ?
– Papa... »
Nous nous étreignions, ivres de la joie des retrouvailles. Maman fait les présentations avec Loïc. Puis j'annonce que je vais me doucher et me reposer.
« Profite-en bien. Nous allons discuter avec Loïc pendant ce temps. »
Je me dirige vers la salle de bains et me déshabille. Les marques de fouet sont toujours aussi visibles. Elles ressortent, écarlates, sur ma peau claire.
Je me glisse sous la douche et savoure les gouttes d'eau qui arrosent mon corps, qui m'inondent, coulent le long de mes jambes, mes bras, mes cheveux, mon dos, ma poitrine, mon ventre, mon visage...
Lorsque je sors de la douche, je suis détendue, mais toujours aussi fatiguée. Je me sèche, enfile mon pyjama et me rends dans ma chambre. Elle est accueillante à côté de cette sombre chambre miteuse.
Je me mets au lit et m'endors aussitôt. C'est si doux, un sommeil sans danger, sans homme fou qui tente de faire l'amour...
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Philippine Gransawyer
NonfiksiJe m'appelle Philippine Gransawyer. J'habite Soissons. Voici l'histoire qui relate un épisode compliqué de ma vie.