Le jour de ma mort

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Le passage à la vie adulte est ardu. À 17 ans, je me préparais à prendre mon indépendance, mais la vie en a décidé autrement.

J'étais née à Manhattan, l'un des endroits les plus touristiques de New York. J'avais deux petites sœurs et un père veuf.

Nous avions déménagé à Paris quand j'avais 11 ans.

Et sommes retournés à mes 14 ans Manhattan.

Nous avions vécu là-bas durant le reste de ma courte vie.

Le matin de ma mort était un matin ordinaire.

Je me disputais avec mon père, une routine devenue presque quotidienne.

- Papa, je peux me débrouiller toute seule, je n'ai pas besoin que tu m'aides en tout ! criais-je, la voix brisée par l'émotion.

- Roxy, tu ne sais pas ce que tu racontes, la vie n'est pas aussi facile ! répondit-il, les traits marqués par l'inquiétude.

- Comment pourrais-je le savoir si tu me coupes les ailes à chaque fois que j'essaie de me libérer ?

- Mais libérer de quoi, voyons ?! s'exclama-t-il, exaspéré.

- De cette prison dans laquelle tu verrouilles de plus en plus la serrure !!!

- C'est pour ton bien que je fais ça, je m'inquiète pour toi !!

- Ne me fais-tu pas confiance ?! demandai-je, désespérée.

- NON !! hurla-t-il, agacé.

Je restais bouche bée devant sa réponse. À l'intérieur de moi, un tourbillon de colère, de honte et de frustration se déchaînait.

J'avais déjà ressenti cela auparavant, mais jamais avec une telle intensité. Je fermai la bouche et baissai le regard vers le parquet brun. Mon père, réalisant la portée de ses mots, sembla gêné.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire... dit-il d'un air désolé.

- Ça ira, papa, de toute façon, je n'ai pas besoin de ta bénédiction pour accomplir mes rêves, répondis-je insolemment.

En vérité, cela m'avait blessée, mais je devais feindre l'insensibilité.

« Hum... Les hommes, ils te disent des choses blessantes et espèrent que tu les oublieras avec de simples excuses », me disait souvent ma tante Jane.

Elle avait été comme une mère pour moi, m'éduquant avant que ma véritable mère ne meure.

Ma mère, elle, était une prostituée. Elle trompait papa dans son dos et s'engageait dans toutes sortes d'affaires louches.

Elle travaillait avec des mafieux sans scrupules. Et, un jour, lors d'une de ses « missions », elle reçut une balle dans la gorge et mourut instantanément.

Je n'étais pas vraiment triste le jour de sa mort. Nous n'étions pas proches, et je ne voulais surtout pas devenir comme elle.

- Tu sais quoi, dit mon père d'un ton sévère, c'est moi ton responsable pour l'année qui vient, alors tu vas fermer ta gueule.

- Très bien, répliquai-je avec un sourire forcé, que cela soit ainsi.

- Je vois très bien où tu veux en venir et tu n'arriveras pas à me berner, ajouta-t-il, les yeux plissés de méfiance.

J'offris un baiser de dégoût sur la joue de mon père et me dirigeai vers ma chambre, le sourire toujours présent.

Il resta confu de ma réaction mais n'y prêta plus attention.

Je fut, terrifiée par rapport à sa menace.
Je savais de quoi mon père était capable...

Je restai dans cette pièce durant toute la journée.

Il était maintenant 3h du matin. Je m'apprêtais à fuguer. J'avais préparé mes affaires et suis descendue par la fenêtre du 1er étage.

J'étais désormais sur la route, marchant sur le trottoir.

Tout ce qui me semblait familier durant la journée aux alentours de ma demeure devenait méconnaissable dans l'obscurité.

Il faisait noir et les lampadaires clignotaient, projetant des ombres inquiétantes sur les trottoirs humides et boueux.

Je ne savais pas où aller. Peut-être chez tante Jane...

Les rues étaient désertes et l'atmosphère glacée.

J'avais froid, tellement froid.

Ma tête me cognait, des vertiges et du tournis m'assaillaient.

Je ne marchais plus droit, j'étais pétrifiée.

Depuis maintenant 20 minutes, je déambulais sans but.

Je ne me contrôlais plus, accablée par le froid et l'épuisement.

Tout d'un coup, je vis une lumière blanche. Non... deux petites lumières blanches.

Tout était flou et il faisait noir, mais je me souviens que je fus heurtée et puis... plus rien.

Des voix me parvinrent, indistinctes au début, puis plus claires.

- Dépêchez-vous, amenez-la au bloc opératoire !

- Elle perd beaucoup de sang, la serviette ne tient plus !

Un bruit sourd retentit à mes oreilles.

- Merci de nous avoir contactés au moment des faits et de ne pas avoir fui, M. Brokes.

- À vrai dire, cette jeune fille est apparue d'un coup sur la route. J'avais essayé de freiner, mais il était trop tard.

- En effet, le choc était fatal.

- Le procès se déroulera dans quelques semaines, le tribunal vous paiera un avocat.

- Est-ce nécessaire ?

- Oui, hélas...

*Bruit sonore*
BIIIIIIIII.........

- Que se passe-t-il, infirmière ?

- On est en train de la perdre !!

DOCTEUR!!

Et là, plus rien. Le silence m'entourait. Je sentis plusieurs chocs électriques au fond de moi. Mon corps brûlait, se décomposait. Il y avait un trou béant dans ma poitrine, une absence insoutenable.

Ces maux de tête qui me poignardaient le crâne avaient disparu. Toutes les douleurs qui me caressaient le corps s'étaient évaporées.

J'étais MORTE.

Chers lecteurs, vous venez d'assister à ma mort. Cela paraît bizarre dit comme ça, mais mon histoire ne s'achève pas ici.

Quand je pensais avoir fini mon existence, des images défilèrent devant moi.

LES 7 MINUTES.

Une minute semblait être une heure et une heure était un souvenir.

Chers lecteurs, bienvenue à ma mort.

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7 minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant