Blue Fantasy - Partie 2

Chapitre 5 : Un souterrain inhabituel. Partie 1

"Et bonjour à tous ! C'est votre charmant et splendide Mage bleu, Azur ! Et oui, je me parle encore à moi-même, c'est peut-être ce qui me permet d'évacuer un peu de folie, ou alors, je deviens vraiment barge. Je ferais mieux honnêtement de ne plus me poser ce genre de question, je pense...

Quoi qu'il en soit, et pour faire un résumé, des événements se sont passés pour la énième fois. Suite au combat contre le clébard, j'ai pu obtenir sa magnifique compétence, non ?! Mais il y a un léger problème à son sujet, j'y reviendrai plus tard.

Grâce à mon level up, j'ai pu reprendre connaissance rapidement après le combat. Mais j'ai dû ramener un par un les autres au camp, en espérant les retrouver en vie bien sûr... Et quel miracle ! On est tous aussi résistants que des vermines. La mage noire fut ramassée non loin du lieu de l'explosion de l'orbe noire. Orchidéa était derrière le rocher derrière lequel nous nous étions réfugiés. La paladine était un peu plus loin, à cause de la projection du chien. Et le dragonnier... J'ai mis un moment avant de le trouver, et bordel de kupo ! Entre lui et la paladine, les porter avec l'armure lourde ne fut pas une mince affaire.

Lorsqu'ils furent réveillés, nous nous sommes, pour la... je dirais la trente-cinquième fois, gueulés dessus avec Gwenn, en se rejetant mutuellement la faute, mais vu que c'est mon récit, je clame que c'est moi qui ai raison. Elle m'a demandé pourquoi je n'avais pas jeté le sort final avant, tout ça tout ça. Ce à quoi j'ai répondu que c'était dans tous les cas une idée de merde de risquer sa vie pour une canne appartenant à un dieu ! C'est quoi la prochaine étape ? Le caleçon d'Ifrit ? Cela s'est suivi d'un brouhaha infernal, mêlé aux pleurs de Lina qui était à court de mana. Superbe aventure...

Mais le plus inquiétant reste Orchidéa. Elle ne s'est pas réveillée depuis, et est blanche comme un linge. D'après notre haute-juge, c'est une explosion d'éther, et elle a de la chance d'être encore en vie. On ne sait pas quand elle s'en remettra.

Par la suite, et malgré le fait que j'ai menacé de détruire l'entièreté de son église, Gwenn m'a demandé (menacé) qu'on devait explorer la grotte à la recherche du bâton. J'espère que vous comprenez les envies suicidaires de cette folle ?! Après une longue heure de débat, elle m'a convaincu, encore ! Et laissant Lina et Cairn au camp pour veiller sur notre mage pourpre, nous sommes allés en exploration au pied de la montagne ébène. Si un jour vous trouvez nos cadavres, dites-vous qu'il y a une chance que, pris de folie, je nous ai fait exploser avec le kamikaze du bombo. Je vous en remercie, c'était Azur, à vous les studios !"

Notre protagoniste se vit sortir de ses rêveries par une gifle qui lui fit voir une parcelle de la galaxie, tant il y avait d'étoiles.

- Bordel de kupo ! Mais t'es complètement malade ! Tu veux en finir avec moi, c'est ça ?

- T'étais dans ta rêverie depuis plusieurs minutes ! T'étais si plongé dedans que tu ne répondais même plus, j'ai pensé que tu t'étais évanoui.

- La concentration, ça te parle ? Tu veux tellement me pourrir que tu me brises le peu d'intimité que j'ai dans mes songes à présent ?!

- Alors la prochaine fois, tâche de me répondre ! Quant à ce dont tu rêves, je ne veux même pas le savoir, garde tes pensées extravagantes pour toi.

- C'était justement ce que je faisais avant qu'un sanglier en armure me sorte de ma rêverie.

- Finalement, j'ai changé d'avis, je te ferai pendre après qu'on ait récupéré le Tempus Mori ! répondit-elle, rouge de colère.

S'ensuivit une très très longue discussion sur des sujets similaires, au fur et à mesure qu'ils marchaient jusqu'au pied de la montagne, où ils purent apercevoir l'entrée du mont ébène.

Une immense porte ouverte, à double battant, se dressait face à eux. Cette construction contrastait vraiment avec le reste. Là où la roche de la montagne était sombre et chaotique, la porte, quant à elle, était finement ciselée et taillée à même la roche. On pouvait apercevoir une grande fresque sur chaque côté. En y regardant de plus près, sur le battant gauche, on voyait l'image d'une ombre squelettique avec un crâne en guise de tête, une aile de chauve-souris, levant le bras devant un tapis de corps inanimés. Tandis que sur le battant de droite, on voyait une femme aux longs cheveux, dont le corps était ombragé, un bandeau sur les yeux, un sablier dans la main, et ayant une aile emplumée. Devant elle, des centaines de personnes étaient à genoux et tendaient la main vers le ciel.

- Charmant, vraiment, souligna Azur.

- Ne perdons pas de temps, je n'ai pas envie qu'une créature comme le Cerbère nous tombe dessus. Hâtons-nous !

Ils marchèrent ensemble pendant un moment qui sembla durer des dizaines de minutes. Ils durent allumer des torches tant les ténèbres commençaient à prendre le dessus. Dans ce couloir ancestral, seul l'écho de leurs pas paraissait briser le silence qu'avait bénéficié ce lieu depuis des centaines d'années.

Azur tenta de voir à l'aide de sa torche si des motifs ou des gravures pouvaient être marqués sur le mur, mais il ne trouva rien. Cette simple activité le rassura, tant la traversée dans ce qu'il qualifierait de 'couloir de l'enfer' l'inquiétait. Il sursauta lorsque sa partenaire brisa le silence.

- Dis-moi Azur, que feras-tu lorsqu'on sera à Archilavènne ?

Cela le décontenança un peu au point où il resta immobile un instant, avant de reprendre sa marche.

- Je ne m'attendais pas à ce que tu me sortes une question telle que celle-ci dans un lieu aussi accueillant que là où nous sommes. Tu me prends de court, et puis tu ne devais pas me pendre ? Répondit-il d'un ton sarcastique.

Cela lui valut un éclair de mécontentement dans les yeux de Gwenn, qui soutint lourdement son regard.

- Calme-toi, je plaisantais ! Je dois avouer que je n'y ai jamais pensé pour tout te dire. Depuis le début, je tente de survivre à notre quotidien. Et il s'est passé tant de choses. Honnêtement, je ne peux y répondre tant que je n'ai pas vu la cité elle-même.

- Tu penses que tu risques de ne pas t'y plaire ?

- C'est un peu ce qui m'angoisse pour tout te dire. Imagine changer de monde et te retrouver face à des races, philosophies, modes de vie, qui te sont totalement inconnus. Si tu savais un quart de ce qui se passait dans le mien, il y aurait des chances que cela te rende folle. Mais j'espère pouvoir un jour y trouver ma place, à dire vrai, et ne plus faire nos randonnées à risque de manière perpétuelle comme nous le faisons.

Un léger sourire se dessina sur le visage de la paladine.

- Ta magie est unique et puissante, tu pourrais facilement trouver des postes en tant que mage, crois-moi sur parole. Tu pourrais même avoir des titres de noblesse si ton travail s'en retrouve à la hauteur.

- Je préférerais être au calme pendant un moment avant d'y penser, cette aventure m'a lessivé, et ce n'est pas fini...

- Ça, je n'en doute pas, ricana-t-elle.

Ils marchèrent un moment à nouveau en silence, avant qu'au bout d'un moment, elle reprenne la parole d'une manière hésitante.

- Et... tu continueras de me voir d'accord ? Après tout, tu n'auras que peu de confidents connaissant tes origines. Enfin si tu le souhaites, je ne te force pas la main...

"C'est la première fois que je l'entends avec ce ton-là, c'est étrange. Il n'y a pas de magie contrôlant le mental dans cette grotte, j'espère", se dit-il en tournant la tête vers elle.

Lorsque leurs regards se croisèrent, le temps se suspendit, et tel un coup de jus leur vrillant le cerveau, ils détournèrent les yeux rapidement, retournant au silence.

"Bordel de kupo ! Que s'est-il passé, bon sang ! Qu'une divinité m'entende et fasse apparaître un élément de décor atypique afin que je puisse avoir d'autres pensées !"

Et la divinité du sombre hasard l'entendit, car une lumière bleue apparut au loin.

"Merci, ô grande divinité ! Je t'offrirai un dodo en sacrifice !"