Chapitre 23

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6 mars 2032

Londres

PDV Arthur :

Une semaine de stress, à jongler entre l'appartement pour m'occuper de mon fils et de l'hôpital où est toujours hospitalisé Naomie. Son état physique s'est amélioré, du moins pour ce qui est des ecchymoses qui ont commencé à s'atténuer. Pour l'œdème qui l'empêche de communiquer, sa disparition s'avère plus longue que prévu, ce qui devient inquiétant car Naomie a s'est muré dans le silence. J'aimerais qu'elle débute au plus vite une thérapie, notamment, car elle pleure beaucoup sans pouvoir réellement dire ce qu'elle ressent. Aujourd'hui encore, seul le bruit de la télé résonne dans la pièce quand j'arrive de bon matin après avoir passé la nuit dans mon lit. Je m'approche du lit de Naomie et dépose un bisou sur son front. Son plateau-repas est presque intact comme souvent, donc je dépose un sac contenant un smoothie que j'ai préparé ce matin. 

- Il faut que tu avales quelque chose, dis-je en mettant une paille dans le gobelet. 

Elle le prend pour avaler une gorgée, avant de le reposer devant elle. 

- Naomie, il faut vraiment que tu prennes des forces. Tu ne manges presque plus rien, tu attends en fixant la télé ou cette fenêtre. Aujourd'hui, Isaac va venir, que tu le veuilles ou non, il veut souffler sa sixième bougie avec toi. Tu ne le lui as même pas fêté, il y a quatre jours. 

" Je ne peux pas parler !"

- Mais tu peux écrire ! 

" Il sait que je l'aime. "

- Le savoir n'est pas toujours suffisant. 

" Si tu es venu pour me crier dessus, va-t-en. "

- Je ne te crie pas dessus, je veux que tu prennes conscience qu'on t'aime et qu'on veut que tu t'en sortes. 

Elle hésite longuement à écrire avant de finalement laisser tomber son crayon. Son regard se tourne de nouveau vers la fenêtre, et je fais face à un mur. Pendant plus d'une heure, je reste assis auprès d'elle à fixer l'écran de télé.

Finalement, ce silence m'épuise, je me lève pour aller me dégourdir les jambes jusqu'à la cafétéria. En chemin, je croise Beth sans Hazel, les bras chargés de sac de course.

- Salut, j'ai tout apporté pour organiser une surprise à Isaac dans la chambre Nao. 

- Elle ne semble plus trop d'accord avec l'idée de célébrer l'anniversaire de Zach. 

- Quoi ? Mais elle était d'accord lundi. Il attend que ça, déjà qu'elle repousse encore et encore sa visite. 

- Je ne sais plus quoi dire pour lui faire comprendre. Essaie si tu veux, mais je n'emmènerai pas mon fils voir une mère qui ne veut pas le voir. Elle ne fait aucun effort pour aller mieux ou pour communiquer. Ça fait une heure que je suis avec elle, mais elle reste figée en silence. Je suis désolé, mais pour l'instant, j'ai besoin de changer d'air. 

- Vas-y, je vais rester avec elle. Je te rappelle dans la journée.

- Merci, dis-je avant de fuir hors de cet hôpital où l'ambiance est devenue trop pesante. 

Après son agression, elle semblait avoir besoin de moi à ses côtés, mais c'était seulement le choc dû à ce qu'elle avait vécu. À présent, j'ai plutôt l'impression qu'elle préférait qu'Isaac et moi soyons loin d'ici. Elle ne veut même pas voir son propre fils ! Je peux comprendre sa douleur, mais je ne vais pas la laisser lui faire du mal. Il ne mérite pas ça.

Coupable de t'aimer.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant