Chapitre 27

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4 Septembre 2032

Londres

PDV Naomie :

En préparant cette rencontre avec mes parents, je ne pensais pas qu'Arthur réagirait ainsi. Pourtant, j'aurais dû m'en douter après six mois de silence. Pendant tout ces mois loin d'eux, j'ai lu les mails qu'il m'envoyait, j'ai senti sa douleur et son manque dans certains d'entre eux. Je n'ai pas répondu, par faiblesse et par crainte de tout perdre. Mais je le regrette en voyant sa réaction, en comprenant que le chemin sera encore long avant de rétablir la relation que nous partageons tous les deux.

Par la fenêtre de l'entrée, j'ai pu entre-apercevoir mon fils. Il a tellement changé en six mois, il m'a paru plus grand. J'avais tellement envie de le serrer dans mes bras. Mais j'ai préféré respecter la demande d'Arthur, pour que les choses soient plus simples entre nous par la suite. J'aurais tout loisir de serrer mon fils dans mes bras plus tard.

Il y a plus urgent à régler pour l'instant. Pour cela, une discussion avec Arthur m'attend, quand il sera prêt. Il m'appellera, en attendant, je vais rester chez mes parents.

- Ça va aller ? Me demande ma mère de l'inquiétude dans sa voix. 

Elle m'a vu pendant six mois lutter contre le traumatisme de l'agression et les cauchemars. Elle m'a soutenue pendant le peu de visite qui lui était autorisé. Ma mère sait combien cette épreuve a été difficile, et l'est toujours aujourd'hui même si je vais mieux. Elle s'inquiète de cette confrontation, mais je n'en veux pas à Arthur. Je l'ai écarté pendant des mois, il est normal que ce soit compliqué. 

- Oui, ne t'inquiète pas, dis-je en me tournant vers elle. Je vais aller promener Laïka et Taylor. 

- Tu ne veux pas que je t'accompagne ? 

- Non, j'ai besoin d'être seule. 

- D'accord, on va t'attendre pour passer à table. 

- Je n'ai pas tellement faim, ne m'attendez pas. 

Mon père a tenu à ce que James me suive lors de cette sortie avec les chiens. Nous nous retrouvons tous les deux à arpenter un sentier dans le parc alors que les chiens courent quelques mètres devant nous. Le silence règne entre le garde du corps de ma mère et moi depuis notre départ de la maison. Il le brise après dix minutes de marche. 

- Tu vas mieux ? 

- Le chemin est encore long, mais je me sens mieux. 

- C'est déjà un pas en avant. Tes parents étaient très stressés pendant ton séjour.

- C'est ce que Hope m'a dit, ils ne la laissaient même pas sortir. 

- Oh si, mais avec l'un de nous dans les pattes, elle était ravie, dit-il en rigolant. Notamment, quand elle essayait de voir son "ami" Warren. 

- Ah, son très cher ami, dis-je en rigolant. Ils sont plus que ça ou ils se cherchent encore. 

- Devant nous, ils sont seulement amis. Mais elle ne voit que par lui, ne le nomme jamais devant tes parents, et prétend toujours voir Trevor. Elle n'assume pas trop de l'apprécier, je crois.

- Tu analyses bien les choses, dis-je surprise par l'honnêteté de James.

- Quand je bosse, je n'ai rien de mieux à faire que d'observer ce qui se passe. 

- Et qu'as-tu observé à mon propos ? 

- Seulement qu'une grande conversation avec Arthur s'impose. Vous vous aimez depuis si longtemps tous les deux, ça serait bête de tout perdre pour un manque de communication. Mais si tu veux mon avis, ne regrette jamais d'avoir passé ta santé mentale en premier. Arthur est un homme bienveillant et intelligent, il saura te comprendre. Mais un conseil, quand vous pourrez enfin discuter, écoute-le, puis explique-lui ton ressenti. Aucun de vous deux n'a tort. Il va juste falloir surmonter tous ça.

Coupable de t'aimer.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant