Deux mois pour s'aimer

Chapitre 1 : Quelques flocons de neige ; Anaëlle

Je suis allongée sur mon lit depuis des heures. La phrase qu'a dit mon père à la fin du repas me tourne encore dans ma tête. Je me re figure le visage de ma mère s'éclairer de bonheur puis s'éteindre subitement, et ma sœur qui me regarde en sachant très bien la manière dont je vais réagir mais qui a quand même vérifier pour être sûr, car on sait jamais, ma réaction pourrait être divertissante.

Dans ma vie, j'ai souvent eu l'impression que des évènements passés étaient faux ou ne s'était pas exactement déroulés comme dans mes souvenirs alors que cette phrase, non. Je suis certaine de ce que j'ai entendu. Pas le moindre doute ni même un petit manque dans le souvenir. Je pourrais la redire mots pour mots dans une centaine d'années sans hésiter la moindre seconde.

Je m'en veux. Et si j'étais plus extraverti, mon père aurait sans doute attendu pour me marier non ? Et si n'était plus jolie, il ne m'aurait pas promise à lui ! Grand dieu, de tout les hommes en âge de se marier c'est à lui que je dois me marier.

Le si fameux "Lord Laos". Il a l'air si parfait. Un beau jeune homme cultivé, intelligent, athlétique et qui séduit toute la gent féminine la région. Qui ne voudrait pas se marier avec, voyons ? Il doit être le meilleur parti de tout le comté. C'est évident que sur le papier, ça vend du rêve, mais quand on le connaît un peu, la belle image s'efface. Aussi vite qu'une de mes peintures sous la pluie. Une métaphore qui lui parle et qui, j'en suis sûr, lui rappel de nombreux "bons" souvenirs.

Une employée de maison rentre dans ma chambre sans un bruit dépose une lettre sur le lit en s'éclipsant. Le personnel sait très bien que je ne m'énerve pas souvent mais que les rares fois où c'est le cas, il faut me laisser seule.

Je m'approche de la lettre. Je reconnais tout de suite l'écriture de mon père. J'ouvre la lettre à contre-cœur.

Anaëlle,

Ta réaction n'a rien du comportement que tu devrais avoir en tant qu'une personne d'un rang comme le nôtre.

Tu n'es plus une enfant et ma décision est prise.

Dans deux mois, jours pour jours, tu seras mariée à Laos des Plaines des Vents Froids dans sa citadelle de Drul'guennan.

Tu pars là-bas ce soir, dans deux heures et pour les deux prochains mois dans le but de respecter leurs coutumes. Il ne sera pas là, évidement, mais sa sœur sera présente pour t'accompagner jusqu'au cœur de son frère. Le peuple est très attaché à la symbolique, fait donc très attention à tes paroles!

Bien à toi.

Ton père

J'envoie la lettre à l'autre boue de mon lit.

Je dois partir. Loin. Seule. Juste pour épouser un gros c..., inspire, expire, juste pour épouser un charmant jeune homme qui a dû bien évoluer depuis ses quatorze ans. N'est-ce pas ? En tout cas, il y a intérêts.

Quant à passer les deux prochains mois avec sa sœur, ma future belle-sœur, ça ne me dérange pas tant que ça. Elle est si différente de lui. Je n'ai que très peu de souvenir avec elle, ne supportant pas les voyages elle ne pouvait donc pas nous rejoindre pendant les vacances que nos deux familles organisaient quand nous étions petits.

J'ai toujours trouvé que Laos et sa sœur, Alénia sa jumelle à quelques minutes près, étaient tel le jour et la nuit. Ils sont deux parfait opposés. Je n'ai jamais compris comment ils pouvaient faire pour si bien s'entendre malgré ça. Alors qu'avec ma petite sœur, Shélia, nous n'avons qu'un an d'écart et assez peu de sujet de conflit, pourtant nous ne sommes pas proches pour un sous.