Les Arrachés

Tanwen Atila, Tueuse de Fléaux [Concours FrFantasy]

Pour le concours L'Ordre des Étoiles de FantasyFrancophone.

À Avgard comme à Vicit, on raconte la légende des âmes guerrières qui se réincarnent dans le monde des étoiles. Car dans le désert, elle sont bien plus que de simples lueurs qui brillent lorsque tombe la nuit. Tanwen Atila, héritière du Trône d'Avgard va devoir lier son destin et celui de son peuple à ces âmes d'un autre monde si elle veux préserver l'équilibre avec le sien.

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Illidora, Désert de Chrysalé

Perchée au sommet des remparts d'Avgard, Tanwen Atila parcourait du regard l'étendue infinie du désert qui n'en finissait pas de dérouler ses dunes et ses crevasses d'ombres sous le plafond étoilé. La nuit s'était abattue sur elle sans l'ombre d'un crépuscule, comme il en allait dans les contrées au delà des Montagne Rouges, Avgard et Vicit.

Elle scruta l'horizon à la recherche de la moindre secousse qui pourrait trahir la présence du Lombric.

Le Lombric. Le Fléau du Désert. Un ver des sables titanesque qui avait fait des dunes de Chrysalé sa demeure et qui faisait de toute la région un territoire aussi dangereux qu'infranchissable. Le Lombric était une créature hypersensible au son. Au moindre son. Si bien qu'elle détectait même les pas les plus silencieux, les plus discrètes vibrations à la surface du désert. La vicieuse créature surgissait alors des torrents de sables qu'elle soulevaient, déployait sa gueule bardée de crocs plus longs et tranchants que des sabres et emportait ses malheureuses victimes dans des abîmes souterrains. Cette menace avait rendu la traversée du désert périlleuse depuis des siècles et rares étaient les voyageurs qui osaient s'y aventurer. Les deux cités limitaient les liaisons aériennes assurées par des griffons ou autres créatures ailées, si bien que l'une comme l'autre vivait quasiment en autarcie. Et cela durait depuis des siècles.

La jeune femme parcourut du regard les imposantes murailles qui ceignaient Avgard, sa cité bien-aimée. Hauts et rassurants. Jamais le ver des sables ne s'aventurait dans leurs alentours. Au zénith, la cité étincelait comme une perle de nacre dans sa gaine dorée et il n'y avait pas panorama plus spectaculaire que cette image vue du ciel, lorsqu'elle s'y promenait sur le dos de son griffon, Raïs.

Mais ils étaient aussi une prison. Une cage dorée de laquelle les habitants d'Avgard ne pouvaient qu'imaginer les merveilles dont recelaient le monde. Imaginer, Tawen n'avait fait que cela de sa vie et du haut de ses vingt quatre ans, elle se sentait enfin prête à jeter un œil au delà, bien au delà des limites imposées par son monarque de père.

Le Roi Malid allait vouloir la tuer pour cet affront, mais pour cela, il faudrait déjà qu'elle survive à cette mission d'exploration.

Tanwen secoua ses épaules pour se détendre, avala une grande goulée d'air et siffla. Elle se mit à courir vers les bords extérieurs des remparts lorsqu'un cri perçant lui répondit. Elle bascula dans le vide. Nouveaux cris, ceux des gardes de nuit cette fois-ci. Cela avait trop l'air d'un acte suicidaire pour qu'elle retienne le sourire qui la démangeait. Lorsque Raïs l'intercepta et que l'air déserta momentanément ses poumons, son sourire se fana quelque peu. Mais peu importait, car le griffon filait déjà vers l'est, vers le désert, emportant la princesses avgardienne et son rire démentiel.

Le vent hurlait dans ses tympans. La nuit noire était parée d'étoiles splendides qui semblaient redoubler de luminosité, toujours plus proches, toujours aussi lointaines. Tanwen savait bien qu'elles n'étaient pas de simples lueurs qui brillaient dans le ciel. Enfant, on lui avait raconté quantité de légendes et de contes sur les âmes légendaires qui veillaient sur leur monde depuis cet empyrée céleste. Ses nombreux précepteurs ne s'étaient pas bornés à lui enseignés les noms des multiples lunes de Magadān, ils lui avaient également appris les innombrables constellations qui paradaient au dessus des nuées.