Chapitre 2 - Départ

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Lorsque je me réveille et vais dans le salon, les souvenirs de la veille refont surface. Je sens mes yeux me piquer, et les frotte pour ne laisser aucune larme couler. Cela fait des années que je n'ai pas pleuré, et j'en garde le souvenir d'une sensation très désagréable. C'est alors qu'une douce odeur de pancake, mon petit déjeuner favori, vient me chatouiller les narines. Une petite lumière dans cette obscurité pesante.

- Ça sent bon par ici, je ne savais pas que tu aimais cuisiner Erica.

- Interdiction d'y toucher pour l'instant, fait-elle en me tapant sur la main que j'avais approchée du plat.

Lorsque je balaye du regard la pièce, je me rends compte que tout a été nettoyé, si bien qu'on dirait que rien ne s'est passé.

- Merci pour ce que vous avez fait. On aurait peut-être dû prendre des photos avant, pour les envoyer à la police, je fais.

C'est vraiment bizarre que nous n'ayons eu personne au bout de la ligne hier soir. Olivia m'a recommandé d'attendre ce matin et que ce devait être un problème de leur côté.

- D'ailleurs, je n'ai pas réussi à les joindre ce matin non plus, il faudra faire une déposition plus tard. Ça va être compliqué sans preuves... me répond-elle.

Probablement que ce sera plus facile sans la police dans mes pattes pour tuer ce P. B. Sans réponse de ma part, Erica m'interroge.

- Ça va ? Une personne normale serait en train de verser toutes les larmes de son corps.

- C'est vrai, mais je ne dois pas me laisser envahir par la tristesse, sinon je risque de ne pas tenir le coup. D'ailleurs, où avez-vous mis les corps ?

- Je les ai mis derrière la maison. Si les policiers ont besoin de voir les corps... Tu veux les voir ?

- Non, comme je te l'ai dit, je ne peux pas me laisser submerger par les émotions, je fais.

- Tu es vraiment spéciale, murmure-t-elle.

Je m'apprête à lui demander le sens de cette phrase, mais une autre voix m'en empêche.

- Ehhhhh ! Arrêtez de faire du bruit, il y en a qui essaient de profiter de leur matinée, s'exclame ma meilleure amie du canapé.

D'habitude, c'était mon père qui prononçait cette phrase... J'inspire un grand coup. Comment je vais me débrouiller maintenant qu'ils ne sont plus là ? Je n'étais clairement pas prête à ce qu'un évènement d'une si grande ampleur survienne. Et si... et si le poisson disait vrai ? Et si je n'étais pas folle ? Il faut que je vérifie en présence de témoins. Un détail retient alors mon attention. Il n'y aucun bruit dehors. D'habitude, on entend le chant des oiseaux, et là rien du tout. Étrange...

Je m'installe à table. Tout le repas se déroule en silence. J'ai l'impression que, malgré sa blague tout à l'heure, Olivia n'est toujours pas remise de son choc d'hier. En tout cas, elle fait son possible pour ne pas le laisser paraitre. Les pancakes leur ayant délié la langue, nous discutons tranquillement de la suite après le petit déjeuner. Les filles m'apprennent qu'elles ont prétexté une envie de me rendre une visite matinale pour justifier à leurs parents leur absence.

Elles ont également demandé à ceux-ci si je pouvais venir habiter avec eux quelques jours pour profiter de nos derniers jours ensemble. Le temps de préparer mes affaires, les filles rentrent chez elles, sur ordre de leurs parents. Elles reviendront me chercher plus tard. Après avoir rassemblé mes affaires dans le vestibule, je me rends dans la chambre de mes parents. Je n'y suis pas entrée une seule fois depuis hier, je n'en avais pas le courage. À présent, j'ai eu le temps de réfléchir à tout ce qui s'est passé et je sais ce qu'il me reste à faire. Je fixe le tapis mentionné dans la lettre pendant un temps.

Aqua - Surnaturels du coin Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant