~ Cuz I'm your home ~

Chapitre 40

Le regard absent, des gestes semblables à ceux d'un automate et un soupir de temps à autre qui libère toute ma peine et ma frustration. C'est dans cet état d'esprit que je me laisse transporter jusqu'à notre hôtel. L'événement auquel Jeonghan a été invité fut un réel succès pour lui, et le nombre de fans présents au rendez-vous était incroyable. Cependant, à cet instant, je ressens toute la pression et la fatigue de ces dernières heures retomber. Au niveau du bilan de la journée, je n'ai pas à me plaindre mais ce fut un vrai défi autant pour ma carrière que pour ma vie personnelle.

Le côté positif ? C'est que j'ai pu être aux côtés de Jeonghan une bonne partie de la journée. Le côté négatif ? C'est que j'ai pu être, aux côtés de Jeonghan pendant une bonne partie de la journée. Je n'aurais jamais imaginé qu'il soit si difficile de me tenir près de lui tout en feignant notre relation aux yeux du public.

- Nous sommes arrivés, mademoiselle ! M'informe le chauffeur.

Je le remercie et quitte la voiture, avec pour seule compagnie ma lassitude. Je jette un regard en arrière, dans la direction du véhicule qui nous suivait et bientôt, Jeonghan en sort à son tour. Je mise tout sur la sécurité et m'engouffre dans l'hôtel avec la même démarche plus ou moins naturelle que j'ai adopté tout le long de cette journée. Une fois que je suis certaine d'être à l'abri des regards, je ralentis et me retourne mais j'en ai à peine le temps que je sens des bras passer autour de mes épaules et un tendre baiser venir se déposer sur ma tempe.

- T'as été merveilleuse.

Je ne bouge pas, savourant enfin la possibilité d'être vraiment proche de lui. Je pose ma main sur son bras et en tournant légèrement la tête, je lui demande dans un souffle:

- C'est pas un peu risqué ce que t'es en train de faire ?

Je l'entends lâcher un petit rire avant de retirer lentement ses bras mais sa main vient rencontrer la mienne et me tire vers l'ascenseur. Je le regarde, dans sa tenue chic et élégante qui vaut plus que tous mes biens réunis. Mes yeux descendent jusqu'à nos doigts entrelacés créant un lien qui brise le mur que je dresse toujours entre nous avec mon complexe d'infériorité. Je suis si proche de lui, je suis dans son monde, une partie intégrante de sa vie. Et pourtant quand je pose à nouveau mon regard sur lui, en cet instant, il m'a l'air si loin. À cette pensée, je sers plus fort sa main.

Comme saisi d'un réflexe, il se tourne vers moi et son regard perplexe scanne les traits de mon visage.

- T'inquiètes, on ne risque rien ici.

- Je n'ai pas peur de ça. Enfin, un peu mais...

- On est à l'abri, je t'assure, j'ai fais en sorte que fans ou journalistes gardent leurs distance de l'hôtel. Personne viendra t'oppresser.

Il doit faire référence à l'accident qui s'est produit lors de la soirée précédant la sortie de leur album et mes crises d'angoisses répétées. C'est triste à dire mais je me suis habituée à cet handicap, je ne les compte plus. Cependant je suis touchée qu'il garde ça en mémoire.

Me sentant soudainement vulnérable, je lâche sa main et passe mes bras autour de lui en venant déposer ma tête sur son torse.

- Pourquoi la vie doit être si compliquée. Je veux juste t'aimer.

Je ne comprends pas pourquoi je suis soudainement aussi dramatique alors que je n'ai rien bu. En réalité, oui, je suis saoulée. Saoulée de tous les obstacles qui se sont mis sur le chemin de notre relation pour la faire échouer. Encore maintenant, il reste tellement de défis à surmonter et je suis découragée de ne pas en voir le bout.